La Passe-miroir, Tome 2 : Les disparus du Clairdelune de Christelle Dabos

Cette chronique n’est franchement pas facile à écrire. Bon je me lance! Sans être un coup de cœur ni réellement exceptionnel, le premier tome de cette saga si plébiscitée m’avait plutôt bien embarquée. Ce fut une toute autre histoire avec ce second opus dont je ressors bien mitigée. J’ai mis près de 200 pages a vraiment entrer dans le récit, avec l’impression de tourner en rond. Ensuite, les longueurs se sont enchainées malgré quelques rebondissements venant rehausser le rythme. L’ensemble m’a paru assez inégal et manquant de substance.

L’un des gros points forts de cette série de romans, et qui va faire que je vais peut-être laisser une chance au troisième opus, reste son univers unique et réussi. Le contexte social, politique et diplomatique est passionnant à découvrir. J’ai également particulièrement apprécié de parcourir la Citacielle et les Sables d’Opale, hauts lieux d’évolution des habitants du pôle. L’autre point fort de ce tome est sa chute. En effet, les dernières pages m’ont tout simplement captivée. La réflexion sur la religion et la tournure des évènements apportent une richesse à l’intrigue. Dommage qu’elles ne soient condensées qu’à la toute fin.

Vous l’aurez compris, ce fut une lecture bien difficile pour moi. Ce second tome m’a paru bien inégal et manquant de corps malgré une chute digne d’intérêt. L’univers créé par Christelle Dabos est pourtant riche et intéressant. A voir si je me sens suffisamment motivée pour lire la suite.

Fanny

L’amie prodigieuse, Tome 4 : L’enfant perdue d’Elena Ferrante


Comment dire au revoir à des personnages que vous avez suivi pendant tant d’heures ?

Comment laisser derrière soi un quartier qui vous a tant de fois étonné ?

Comment se séparer d’une écriture, d’un style qui vous ont rendue addicte pendant tant de chapitres ?

Retrouver Lenu et Lila est toujours un grand moment. Je me suis littéralement abîmée dans ce dernier tome afin de profiter une dernière fois de ce tourbillon napolitain. L’âge avançant pour nos personnages, l’introspection se fait plus profonde. Réflexions et observations font de ce roman le réceptacle parfaits des états d’âme de Lenu. Cette dernière dévient le témoin de la chute de son amie devenue l’ombre d’elle-même. Cet opus final recèle une profondeur psychologique très intéressante.

Une nouvelle fois, Elena Ferrante développe tout un pan social et sociologique. Lenu se débat avec ses enfants, un ex-mari, un amant pour le moins indolent et une carrière d’écrivaine. Lila, entrepreneuse acharnée, se noie dans des méandres psychiques. L’évolution du quartier au fil des décennies prend toute son ampleur ici. Certains protagonistes sont détestables, d’autres inspirent la pitié, d’autres encore vous surprennent agréablement. Même la vieillesse n’aura pas réussi à effacer les singularités de l’amitié entre Lenu et Lila.

Je laisse partir tout ce petit monde sans regret avec comme certitude de garder un souvenir impérissable de cette saga et de toute la palette de sensations et d’émotions que j’ai pu ressentir. Les quelques longueurs sont effacées par le ressenti général d’avoir lu de très grands romans. Merci Elena Ferrante, Lenu et Lila pour ces moments d’intense lecture.

Fanny

Mrs Hemingway de Naomi Wood

Résumé de l’éditeur : Ernest Hemingway était un homme à femmes. Mais il ne se contentait pas d’enchaîner les histoires. Ses maîtresses, il en a fait des Mrs Hemingway. Ainsi la généreuse Hadley Richardson a-t-elle été remplacée par la très mondaine Pauline Pfeiffer, et l’intrépide Martha Gellhorn par la dévouée Mary Welsh, au fil d’un scénario qui ne variait que de quelques lignes : la passion initiale, les fêtes, l’orgueil de hisser son couple sur le devant de la scène, puis les démons, les noires pensées dont chacune de ses femmes espérait le sauver. Naomi Wood se penche sur la figure d’un colosse aux pieds d’argile, et redonne la voix à celles qui ont sacrifié un peu d’elles-mêmes pour en ériger le mythe.

Est-il encore utile de présenter Ernest Hemingway ? Cet auteur mythique est une figure incontournable lorsqu’on parle de littérature américaine, de journalisme et de reportage. Naomi Wood s’attache à dévoiler les portraits des quatre femmes liées à Ernest par le mariage. Grâce à des va et vient entre passé et présent, chacune se souvient de sa première rencontre avec Ernest, de sa relation fusionnelle et des premiers signes d’une défaillance affective. Hadley, Pauline, Martha et Mary sont donc bien les héroïnes de ce roman. Force de caractère, passion et indépendance les animent. Le portrait d’Ernest Hemingway finit par se dessiner en filigrane. Le lecteur découvre un homme rongé par des accès de dépression, par l’alcoolisme et par un traumatisme lié à son père.

Ernest Hemingway ne cesse de vouloir se marier avec chacune des femmes rencontrées pour finir par les abonner pour une autre. Ce fait est à l’image de l’ambiguïté et des failles psychologiques du personnage. Le roman se déroule entre l’Europe et les États Unis. Les événements qui secouent le vieux continent pendant la première moitié du XXe siècle sont d’ailleurs explicités. C’est également l’occasion de rencontrer des personnalités hautes en couleur faisant les choux gras des tabloïds à commencer par Zelda et Francis Scott Fitzgerald ou encore Sara et Gerald Murphy. Mrs Hemingway est un roman plutôt bien écrit et construit qu’on prend plaisir à parcourir. C’est autant l’histoire de toutes ces femmes, d’Ernest Hemingway que d’une époque bien particulière.

Mrs Hemingway est un roman intéressant et bien vu. En effet, la romancière réussit à faire apparaitre Ernest Hemingway à travers les témoignages des quatre épouses de l’écrivain. Entre l’Europe et les États-Unis, les états d’âme des personnages nous sont dévoilés tout comme tout un pan de l’histoire contemporaine. De plus, cet ouvrage a le mérité de m’avoir donné envie d’aller plus loin dans ma découverte de Hadley, Pauline, Martha et Mary avec notamment Madame Hemingway et La troisième Hemingway de Paula McLain.

11694975_1578774289054555_2528089989659185866_nVous aimerez aussi découvrir :

  • Paris est une fête d’Ernest Hemingway
  • Z, Le roman de Zelda de Thérèse Ann Fowler
  • Zelda de Jacques Tournier

Fanny

Notre-Dame de Paris de Victor Hugo

Résumé de l’éditeur : « Il était là, grave, immobile, absorbé dans un regard et dans une pensée. Tout Paris était sous ses pieds, avec les mille flèches de ses édifices et son circulaire horizon de molles collines, avec son fleuve qui serpente sous ses ponts et son peuple qui ondule dans ses rues, avec le nuage de ses fumées, avec la chaîne montueuse de ses toits qui presse Notre-Dame de ses mailles redoublées. Mais dans toute cette ville, l’archidiacre ne regardait qu’un point du pavé :la place du Parvis ; dans toute cette foule, qu’une figure : la bohémienne. Il eût été difficile de dire de quelle nature était ce regard, et d’où venait la flamme qui en jaillissait. C’était un regard fixe, et pourtant plein de trouble et de tumulte. Et à l’immobilité profonde de tout son corps, à peine agité par intervalles d’un frisson machinal, comme un arbre au vent, à la roideur de ses coudes plus marbre que la rampe où ils s’appuyaient, à voir le sourire pétrifié qui contractait son visage, on eût dit qu’il n’y avait plus dans Claude Frollo que les yeux du vivant. »

Le terrible incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris m’a beaucoup remuée, autant par le fait lui-même que par la fracture qu’il a provoqué. J’ai souhaité proposer une lecture commune sur le forum Whoopsy Daisy, un hommage à l’échelle des amoureux de lecture et de littérature. Je n’avais jamais lu Victor Hugo avant d’ouvrir les pages de ce roman. Il s’agit donc d’une grande première. Malgré des débuts laborieux, je ressors finalement enthousiasmée de mes heures passées en compagnie de ce grand classique de la littérature française. L’auteur digresse énormément dans le premier tiers de son récit, une impression de longueur s’est imposée à moi. Ensuite, l’histoire se met parfaitement en place et ce ne fut que régal et plaisir.

Victor Hugo nous offre une vision du Moyen-Âge par un homme du début du XIXe. C’est assez fascinant mais aussi très intéressant à découvrir. Se déploie sous nos yeux un Paris à la fois violent, mystérieux, gothique et romantique. Une population hétéroclite grouille.  Le romancier dessine des personnages écorchés par la vie et aux sentiments contrariés de manière très expressive ainsi que détaillée. En effet, les portraits sont plus vrais que nature et pour le moins hors du commun. Sans surprise, l’écriture de Victor Hugo est exceptionnelle. J’aime particulièrement cette sensation de lire un roman qu’il serait impossible d’écrire aujourd’hui. La force des sentiments, de l’instinct, de l’humain, des lieux et des mots est très prégnante.

Je suis ravie d’avoir découvert ce roman malgré les circonstances. Petit à petit, je me suis passionnée pour l’histoire, les personnages et la plume impressionnante de Victor Hugo. Notre-Dame de Paris est un récit dense et sombre qu’il serait sûrement impossible d’écrire aujourd’hui. J’aimerai maintenant continuer mon incursion dans l’œuvre de Victor Hugo avec Les misérables ou encore L’homme qui rit

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Frenchman’s creek de Daphne du Maurier
  • La déchéance de Mrs Robinson de Kate Summerscale
  • La guerre et la paix de Léon Tolstoï

Fanny

L’amie prodigieuse, Tome 2 : Le nouveau nom d’Elena Ferrante

Résumé de l’éditeur : «Si rien ne pouvait nous sauver, ni l’argent, ni le corps d’un homme, ni même les études, autant tout détruire immédiatement.» Le soir de son mariage, Lila, seize ans, comprend que son mari Stefano l’a trahie en s’associant aux frères Solara, les camorristes qu’elle déteste. De son côté, Elena, la narratrice, poursuit ses études au lycée. Quand l’été arrive, les deux amies partent pour Ischia. L’air de la mer doit aider Lila à prendre des forces afin de donner un fils à Stefano.

Souvenez-vous, il y a peu je vous proposais mon avis concernant le premier tome de la saga de L’amie prodigieuse qu’il n’est plus utile de présenter. Je n’ai pas tardé à continuer l’aventure auprès de Lenu et Lila. Cette fois, nous suivons nos deux héroïnes à la fin de leur adolescence. Leurs chemins finissent pas se séparer malgré beaucoup de moments passés ensemble. Lila est fidèle à elle-même : sanguine et tenace. Lenu prend plus de temps pour s’affirmer et s’imposer. Ces différences de caractère construisent une amitié très particulière et fusionnelle faite d’admiration, de maladresse, de concurrence et de prise de bec. Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Ils sont tous aussi excessifs qu’attachants. On adore les aimer ou les détester.

La construction est assez déséquilibrée entre une première partie plutôt longue et une seconde pleine de rebondissements. L’écriture d’Elena Ferrante est toujours expressive, un régal à lire. Cette fois, la romancière nous emmène entre Naples, Ischia et Pise. Les scrupules à franchir la frontière du quartier sont loin. La place des femmes dans l’Italie machiste des années 60 est présente. Rien ne leur est épargné : les coups, les insultes, les soumissions et les manipulations. L’adolescence est également l’une des thématiques fortes. Nous assistons à tout un questionnement autour de l’avenir, du souhait de trouver sa place dans la société et de sa légitimité à s’extraire de sa condition sociale. Certains passages sont durs, d’autres sont au contraire auréolés d’une sorte de félicité.

Je suis ravie d’avoir sauté sur ce second tome. L’intrigue avance petite à petit. Nous retrouvons ici des thématiques fortes avec la condition des femmes et le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Je suis curieuse de lire la suite et surtout de retrouver la plume si expressive d’Elena Ferrante, les personnages et l’ambiance si propre à cette saga littéraire.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • L’amie prodigieuse, Tome 1 d’Elena Ferrante
  • L’étoile d’argent de Jeannette Walls
  • La vie quand elle était à nous de Marian Izaguirre

Fanny

Les Brontë de Jean-Pierre Ohl

Résumé de l’éditeur : Les sœurs Brontë… Ce pluriel, depuis un siècle et demi, fascine. Quand Emily écrit Les Hauts de Hurlevent, Anne publie La Recluse de Wildfell Hall, et Charlotte Jane Eyre. La première meurt à trente ans, en 1848 ; la deuxième à vingt-neuf, un an plus tard ; la troisième à trente-neuf, en 1855. Sans oublier Branwell, le frère écrivain maudit, qui disparaît lui aussi prématurément, miné par l’alcool et la tuberculose. Tous quatre étaient orphelins de mère. Quelle probabilité y avait-il pour que tous ces talents si originaux poussent ainsi à l’ombre du presbytère de Haworth? Faute de pouvoir éclaircir totalement ce mystère, Jean-Pierre Ohl tente d’en dessiner les contours, et de comprendre ce qui, aujourd’hui encore, rend si proches de nous les enfants du pasteur Patrick Brontë.

On ne présente plus les trois sœurs Brontë. Chacune d’entre elles a donné vie à un chef d’œuvre : Jane Eyre pour Charlotte, Les Hauts de Hurlevent pour Emily et La recluse de Wildfell Hall pour Anne. Après Charles Dickens, Jean-Pierre Ohl s’attaque donc à un nouveau mastodonte de la littérature britannique. Ce livre regroupe en réalité plusieurs biographies. En effet, chaque membre de la famille Brontë est décrit. L’existence des contemporains de cette époque est également dépeinte. L’auteur explique régulièrement le contexte historique et notamment les différents soulèvements sociaux qui viennent troubler la paix du presbytère de Haworth dans le Yorkshire.

Le biographe apporte un nouvel éclairage au sujet. Le travail s’avère délicat car l’étude des Brontë repose principalement sur la correspondance familiale, et notamment celle très suivie de Charlotte, et sur des témoignages. Jean-Pierre Ohl n’hésite pas à réécrire la légende construite au fil des ans en nous proposant des analyses plausibles appuyées d’arguments pertinents. Il remet également en question la vision partiale d’Elizabeth Gaskell, amie et première biographe de Charlotte Brontë. Malgré l’exercice clairement exigeant, l’ensemble est clair et facile à lire. Pour ne rien gâcher, un cahier central nous présente une sympathique sélection d’illustrations.

Je ne suis pas une experte en biographie mais je dois dire que le travail de Jean-Pierre Ohl m’a plutôt conquise. J’ai pris plaisir à lire ce livre et à redécouvrir la vie si dramatique et si littéraire des Brontë. N’hésitez donc pas à vous lancer, je suis certaine que certains d’entre vous trouverons leur bonheur dans cet ouvrage. De quoi donner envie de parcourir la précédente biographie de l’auteur à propos de Charles Dickens.

Lu grâce à la masse critique Babelio et les éditions Folio.

babelio

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Le monde infernal de Branwell Brontë de Branwell Brontë
  • Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë
  • Lettres choisies de la famille Brontë (1821-1855) par Constance Lacroix

Fanny

L’amie prodigieuse, Tome 1 d’Elena Ferrante

Résumé de l’éditeur : Elena et Lila vivent dans un quartier pauvre de Naples à la fin des années cinquante. Bien qu’elles soient douées pour les études, ce n’est pas la voie qui leur est promise. Lila abandonne l’école pour travailler dans l’échoppe de cordonnier de son père. Elena, soutenue par son institutrice, ira au collège puis au lycée. Les chemins des deux amies se croisent et s’éloignent, avec pour toile de fond une Naples sombre, en ébullition.

Cette saga de quatre romans n’avait pas particulièrement retenu mon attention jusqu’à ce que je découvre les très belles premières images promotionnelles de la série. Je me suis vite rendue chez mon libraire afin de dénicher ce premier tome. Quelle belle surprise! Les premières pages m’ont complétement prise au dépourvu. Je ne m’attendais pas du tout à cette violence ainsi qu’à ce ton si franc. Le roman est finalement composé de peu de dialogues. Au sein de chapitres courts, les paragraphes sont touffus et descriptifs. L’ensemble est très bien écrit. En effet, la plume d’Elena Ferrante est à la fois sensible, percutante et travaillée. Ce fut un vrai plaisir de voir défiler les pages et les évènements sous mes yeux.

La romancière nous plonge dans un quartier pauvre de la banlieue napolitaine des années 50 et 60. Les familles vivent au sein d’immeubles et de cours bétonnés que quelques commerces viennent approvisionner et égayer. L’amitié liant Lila et Lenù est très particulière, faite de fascination, de compétition, de solidarité mais aussi d’une certaine confiance tacite. Avec beaucoup de d’habileté et de finesse, Elena Ferrante distille des thèmes comme les différences de classe, l’adolescence ou encore la condition des femmes. La vie n’est facile pour personne à Naples mais les plus pauvres et les femmes semblent en payer le prix fort. La violence est  d’ailleurs souvent la réponse aux provocations ou aux frustrations.

J’ai adoré ce premier tome de bout en bout. Une addiction s’est peu à peu installée. L’écriture, la construction, le propos m’ont tout de suite happée. Elena Ferrante a su attirer mon attention et provoquer chez moi de l’intérêt pour ses héroïnes mais aussi pour les autres protagonistes. Je suis impatiente de retrouver tout ce petit monde dans le second tome qui attend déjà dans ma pile à lire. Quelque chose me dit que les coups d’éclat de Lila ne sont pas près de s’arrêter…

Vous aimerez aussi découvrir :

  • L’étoile d’argent de Jeannette Walls
  • La vallée des poupées de Jacqueline Susann
  • Une bonne école de Richard Yates

Fanny

3 livres, 3 avis, 1 billet

Trois nouvelles chroniques groupées pour trois livres dont j’ai très envie de vous parler malgré le manque de temps pour rédiger des articles individuels. N’hésitez pas à commenter, je suis curieuse de connaitre vos avis à propos de ces trois ouvrages tous très différents les uns des autres.

Les chroniques de St Mary, Tome 1 : Un monde après l’autre de Jodi Taylor

A force de voir passer ce premier tome un peu partout depuis sa sortie et de lire des avis plutôt positifs, j’ai eu envie de découvrir cette saga tout droit venu du Royaume-Uni. Jodi Taylor nous embarque pour des aventures assez incroyables auprès d’historiens qui remontent le temps. Cet opus nous propulse en plein Crétacé ou sur un champs de bataille de la Première Guerre mondiale pour ne citer que ces exemples. Le manque de détails techniques et scientifiques est sûrement ce qui m’a le plus gênée. La romancière aurait donné encore plus de relief et de crédibilité à son roman en allant un peu plus loin. Cependant, je n’ai pas boudé mon plaisir grâce à un rythme effréné, de multiples rebondissements, une bonne dose d’humour et des personnages hauts en couleur.  Ce roman m’a procuré une belle pause au milieu de mes lectures pour le Grand prix des lectrices Elle.

My purple scented novel (Mon roman pourpre aux pages parfumées) de Ian McEwan

Cette nouvelle inédite est parue à l’occasion du 70e anniversaire de Ian McEwan. Il s’agit d’un souvenir de mon séjour à Jersey. J’avoue être amatrice de nouvelles, et surtout admirative du talent de certains auteurs dans cet exercice parfois périlleux. Les chutes pleines de sens ou tranchantes me réjouissent particulièrement. Le moins que l’on puisse dire est que ça ne rate pas avec My Purple Scented Novel. L’histoire commence gentiment avec une amitié d’enfance entre deux écrivains. Progressivement, les choses se gâtent. C’est gentiment cruel et carrément culotté. La chute est excellente, elle montre les méfaits que peuvent amener la création, la frustration et la jalousie. Ian McEwan décrit ainsi la perversité d’un homme tout à fait ordinaire. En très peu de pages, l’écrivain arrive à construire des personnages rapidement saisissables. Du même auteur, il me reste The Children Act et Opération Sweet Tooth dans ma pile à lire.

Berezina de Sylvain Tesson

Ce livre dormait dans ma pile à lire depuis un an et demi. J’ai réussi à l’en sortir grâce à un challenge du forum Whoopsy Daisy. Sylvain Tesson et quelques amis décident de relier Moscou à Paris sur les traces de la retraire de Napoléon suite à l’échec de la campagne de Russie. Agrippé à son Oural (side-car russe), l’aventurier nous raconte son périple entre froid paralysant, dangerosité de certaines routes et pauses bien méritées mais surtout bien arrosées de vodka. L’écrivain nous donne un véritable cours magistral d’Histoire à chaque endroit clé du parcours. Pour mon plus grand bonheur, il cite souvent Tolstoï qui a écrit sur la campagne de Russie dans Guerre et paix. Il en profite pour balayer les préjugés que nous nourrissons à propos des slaves et pour philosopher sur le voyage. Seul bémol : ce livre est trop court. Je serais bien restée auprès de Sylvain Tesson et de ses acolytes encore quelques dizaines de pages.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Watership Down de Richard Adams
  • On Chesil Beach de Ian McEwan
  • Soudain, seuls d’Isabelle Autissier

Fanny

Miniaturiste de Jessie Burton

Résumé de l’éditeur : Nella Oortman n’a que dix-huit ans ce jour d’automne 1686 où elle quitte son village pour rejoindre à Amsterdam son mari, Johannes Brandt. Homme d’âge mûr, riche marchand, il vit dans une opulente demeure entouré de ses serviteurs et de sa sœur, Marin, une femme restée célibataire qui accueille Nella avec une extrême froideur. Johannes offre à son épouse une maison de poupée représentant leur propre intérieur, que la jeune fille entreprend d’animer grâce aux talents d’un miniaturiste. Les fascinantes créations de l’artisan permettent à Nella de mettre peu à peu au jour de dangereux secrets… 

Je vous retrouve aujourd’hui pour écrire à propos d’un roman faisant beaucoup parler de lui en ce moment. Me concernant, il s’agit d’une déception. Les premières pages m’ont beaucoup plu et notamment le prologue. Il met d’emblée dans l’ambiance : un premier mystère et un premier élément à découvrir. L’atmosphère générale assez pesante et énigmatique m’a enthousiasmée tout comme le contexte spatio-temporel de l’Amsterdam du XVIIe siècle. Le style de Jessie Burton est agréable à lire. Les diverses descriptions sont réussies. Certains personnages m’ont convaincue comme Marin ou encore la domestique, Cornella.

Malheureusement, les points positifs évoqués ci-dessus n’ont pas suffi à faire pencher la balance en faveur de cette lecture. L’autrice tire son intrigue en longueur pour, au final, la sous-exploiter. Le dénouement en devient franchement décevant. De plus, Jessie Burton ne mène pas son récit de façon très subtile. En effet, les rebondissements sont amorcés de façon trop visible. Parlons maintenant de l’héroïne, Nella, censée être une toute jeune fille du XVIIe siècle. Elle n’agit pas du tout comme tel et manque cruellement de crédibilité. Certains passages la concernant (ils sont rares heureusement) sont franchement ratés.

Ce roman me laisse une sensation étrange. Il y a du très bon (le cadre spatio-temporel, certains personnages, l’idée d’une intrigue autour d’un miniaturiste) et du beaucoup moins bon (l’héroïne, le dénouement, le manque de subtilité dans la construction du récit). Malgré tout, on sent chez Jessie Burton un vrai potentiel. A mon avis, il s’agit d’une autrice à suivre. J’essaierais de lire son dernier roman, Les filles au lion, afin de me faire une idée plus précise.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • La cuisinière Mary Beth Keane
  • Les mots entre mes mains de Guinevere Glasfurd
  • Nora Webster de Colm Tóibín

Fanny

Les Hauts de Hurlevent de Emily Brontë

Résumé de l’éditeur : Écrit sous un pseudonyme masculin, paru en 1847, Hurlevent est le premier et le seul roman d’Emily Brontë, qui mourra un an plus tard. Ce livre aux péripéties violentes, qui fit scandale et fascina des générations d’écrivains – de Virginia Woolf à Patti Smith, en passant par Georges Bataille –, raconte l’histoire d’un amour maudit, dont l’échec pèse sur toute une famille et sur deux générations, jusqu’à l’apaisement final.

Ma culture des classiques anglais du XIXe siècle conservait une lacune que j’ai enfin pu combler. Les Hauts de Hurlevent est le seul et unique roman d’Emily Brontë. Cette caractéristique, le contexte dans lequel il a été écrit mais aussi le récit en lui-même en font un roman majeur. Je connaissais déjà l’histoire dans les grandes lignes grâce à la lecture d’une adaptation en bande dessinée signée Yann et Edith. L’histoire est racontée en grande majorité par une narratrice en la personne d’une domestique. Ce schéma est très agréable et permet d’avoir une vision extérieure tout en conservant la nature profonde de tout ce qui se déroule. Ce sont plusieurs générations que nous suivons avec des situations qui semblent se répéter. La plume mature d’Emily est également à noter et apporte une force supplémentaire à l’ensemble.

J’ai assisté à un véritable tourbillon de sentiments qu’ils soient haineux ou au contraire bienveillants. C’est parfois violent mais les personnages sont toujours attirants. Ces derniers sont d’ailleurs assez ambigus tantôt sympathiques et tantôt insupportables. Ils nourrissent de la haine, du ressentiment mais aussi de l’amour sans réussir à les canaliser. L’ambiance très sombre rehaussée par les descriptions de paysages balayés par les vents est très réussie. La psychologie des personnages est à l’image de la lande désolée malmenée par une météo capricieuse. J’ai souvent ressenti l’impression d’assister à la chute de tous les protagonistes sans pouvoir les sortir de leur condition. Tous ces éléments font de ce roman une réussite. Le lecteur n’a de cesse d’avoir envie de savoir ce qui se cache derrière toutes ces ténèbres.

Il s’agit d’un livre très impressionnant sachant qu’il a été écrit par une jeune fille de l’époque victorienne. J’ai adoré les dernières pages qui élèvent Catherine et Heathcliff en véritable légende qui se transmet dans cette région d’Angleterre. Mon avis est quelque peu dithyrambique mais comme faire autrement lorsque vous êtes transportés par une telle histoire?!

Participation au challenge A year in England de Titine.

11800031_10207543959508138_8537340896721806582_nVous aimerez aussi découvrir :

  • La dame du manoir de Wildfell Hall de Anne Brontë
  • Les Hauts de Hurlevent de Yann et Edith (bande dessinée)
  • Persuasion de Jane Austen

Fanny