Je vous retrouve aujourd’hui avec une biographie romancée qui se place directement en deuxième position dans l’ordre de préférence des romans de la rentrée littéraire que j’ai pu découvrir. Un livre excellent, passionnant, bien écrit, enrichissant et bien mené.
Alexis Salatko est habitué à cette exercice puisqu’il a déjà écrit plusieurs biographies romancées de personnalités comme Louis-Ferdinand Céline (Céline’s Band), Flannery O’Connor (Milledgeville, sanctuaire des oiseaux et des fous) ou encore Vladimir Horowitz (Horowitz et mon père). Ici l’auteur se penche sur le fondateur et la grande figure du jazz manouche : Django Reinhardt. Je connais déjà bien quelques-uns de ses morceaux. C’est une musique que j’apprécie et que je ne rechigne pas à écouter. J’ai donc été ravie de cette lecture qui m’a permis de comprendre les fondements de ce genre ainsi que la vie de son créateur et de son entourage. Avec ce roman, Alexis Salatko nous offre une plongée dans le milieu musical et plus particulièrement du jazz des années 1930 aux années 1950. Nous croisons le chemin entre autres de Jean Cocteau, Duke Ellington ou encore Louis Armstrong.
A travers le regard de trois générations de femmes, nous découvrons un homme qui aurait pu être également un véritable personnage de roman. Nous avons donc Maggie puis sa fille Jenny et enfin sa petite fille Dinah qui prennent chacune le relais et une place importante auprès de Django. Pour les deux premières ce sont même des relations plutôt ambiguës. Elles l’ont toutes soutenue à leur manière dans les moments de galère comme dans les moments de gloire. Maggie meurt en véritable héroïne durant la seconde guerre mondiale. Ce personnage m’a d’ailleurs beaucoup touché.
Django est un personnage plein de paradoxe : attachée à sa culture manouche tout en flambant grâce à des voitures américaines ou des vêtements pour le moins inattendus (chaussures avec un costume blanc ou encore foulard en soie). Nous découvrons aussi un caractère et une vision de la vie particulière. Même si parfois il a un culot pas croyable on finit par le pardonner car il a souvent grand cœur. Il s’agit d’un personnage vraiment sympathique vu de l’extérieur. Je dis ceci car à mon avis (et celui de l’auteur) travailler avec une personne comme lui devait demander beaucoup de patiente et de tolérance !
Alexis Salatko apporte un ton et une écriture particulière grâce à l’utilisation de mots gitans, à un ton léger mais aussi très familier. Ceci nous rend ce grand personnage très proche de nous. L’auteur nous apporte également une analyse de la musique de Django : ses inspirations, son combat pour rejouer après la perte de ses doigts mais aussi ses doutes. Par contre, j’aurais bien aimé qu’à la fin l’auteur nous explique son travail de recherche, ses sources ainsi que la part de fiction de son roman.
Pour terminer, il s’agit réellement d’un bon livre pour en apprendre beaucoup sur Django Reinhardt en peu de pages et facilement. Son histoire résonne encore en nous après la lecture. Me voilà qui réécoute Minor Swing, Georgia on my mind ou encore son interprétation du 1er mouvement du concerto en ré mineur de Jean-Sébastien Bach : des mélodies devenues mythiques. En fait nous avons les avantages d’une biographie sans en avoir les inconvénients c’est-à-dire l’exigence et la grande attention que demande souvent leur lecture.
Merci aux éditions Robert Laffont, à Christelle ainsi qu’à Cécile pour l’envoi de ce roman.
Réécouter l’émission Le grand bain de France Inter : Alexis Salatko raconte Django ◙
Fanny