Le bruissement des feuilles de Karen Viggers

Résumé de l’éditeur : Miki, dix-sept ans, vit coupée du monde depuis l’incendie qui a coûté la vie à ses parents. Sous le joug de son frère Kurt, un chrétien fondamentaliste, elle travaille comme serveuse dans leur restaurant et le soir, se rêve en héroïne de romans. Lors d’une escapade secrète en forêt, elle fait la rencontre de Leon, un garde forestier tout juste installé en Tasmanie. Les deux jeunes gens se donnent alors une mission extraordinaire : sauver les diables de Tasmanie de l’extinction. Au cœur de paysages somptueux, le combat inoubliable d’une jeune fille pour protéger la nature et se sauver elle-même.

Je garde un très bon souvenir de La maison des hautes falaises de Karen Viggers. Je suis donc ravie d’avoir découvert son tout nouveau titre. Cette fois, la romancière nous emmène en Tasmanie. Cette île et État d’Australie renferme des forêts majestueuses mais aussi une faune faite de diables de Tasmanie, d’opossums, de kangourous et de dasyures tachetés. La fibre écologiste de Karen Viggers vibre dans chaque page, tout comme son amour de la nature. Le lecteur apprend autant qu’il se sensibilise aux questions de déforestation, de l’utilisation raisonnée des ressources ou encore de cancer chez les diables de Tasmanie. Entre roman d’écologie et récit d’apprentissage, la romancière tisse un récit complexe sur des sujets sociétaux actuels.

Le bruissement des feuilles est un roman intergénérationnel. En effet, tous les âges sont représentés. Nous suivons principalement Max, Miki et Léon. Ils possèdent tous un bagage de vie difficile mais vont savoir faire de l’adversité et de leurs erreurs une force. La romancière a su trouver les mots pour m’émouvoir et me faire parcourir un bout de chemin en compagnie de ses personnages. Il s’agit aussi du portrait d’une petite ville où les habitants se battent pour conserver leur travail lié au bois et boucler les fins de mois. Le footy est la distraction principale de tous et rythme les weekends. La passivité de la population face aux femmes battues, aux enfants rackettés ou à l’écologie est malheureusement une réalité bien retranscrite.

Ce nouveau roman de la romancière australienne possède une sensibilité à fleur de peau qui a su me toucher et m’émouvoir. Les personnages principaux m’ont tout de suite été sympathiques. Karen Viggers est une femme d’engagement. L’écologie, si chère à son cœur, est toujours au centre de l’intrigue de ses romans. Le bruissement des feuilles ne fait pas exception. Les grands espaces de la Tasmanie, sa faune et sa flore sont un enchantement à découvrir.

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Les déracinés de Catherine Bardon

Résumé de l’éditeur : Vienne, 1932. Au milieu du joyeux tumulte des cafés, Wilhelm, journaliste, rencontre Almah, libre et radieuse. Mais la montée de l’antisémitisme vient assombrir leur idylle. Au bout de quelques années, ils n’auront plus le choix ; les voilà condamnés à l’exil. Commence alors une longue errance de pays en pays, d’illusions en désillusions. Jusqu’à ce qu’on leur fasse une proposition inattendue : fonder une colonie en République dominicaine. En effet, le dictateur local a offert cent mille visas à des Juifs venus du Reich. Là, au milieu de la jungle brûlante, tout est à construire : leur ville, leur vie. Fondée sur des faits réels, cette fresque au souffle admirable révèle un pan méconnu de notre histoire. Elle dépeint le sort des êtres pris dans les turbulences du temps, la perte des rêves de jeunesse, la douleur de l’exil et la quête des racines.

Ce roman s’ouvre en 1932 alors que Vienne est encore une capitale prospère et en pleine effervescence culturelle. Catherine Bardon décrit très bien le glissement qui s’ensuit vers le totalitarisme, l’antisémitisme et la terreur d’une partie de la population. Wilhelm et Alma doivent se résoudre à tout laisser derrière eux : leur famille, leur souvenir, leur vie et ce sans savoir ce qui les attend. Le sort va les conduire en République dominicaine, dictature acceptant l’arrivée de juifs en exil. Ce roman ajoute sa pierre à tous les récits sur la Seconde Guerre mondiale. En effet, je n’avais aucune idée du rôle de ce territoire des Caraïbes pendant cette période trouble de l’histoire contemporaine. Je ne vous en dis pas davantage mais sachez que c’est passionnant.

Les descriptions de Vienne sont très belles, de quoi donner des envies de déambulation au cœur de la capitale autrichienne. L’écrivaine n’oublie pas d’évoquer tout ce que sous-entend un déracinement forcé et le parcours du combattant pour tenter de tout reconstruire sans aucun repère. Le physique et le mental ne sont pas épargnés, c’est le moins que l’on puisse dire. Quelles épreuves! Certains passages sont d’ailleurs poignants, déchirants et m’ont beaucoup émue. La chronologie est rapide, ce qui maintient le lecteur en haleine et attentif. Le récit s’essouffle à certains rares moments pour mieux se relancer par la suite. La plume de Catherine Bardon m’a paru soignée et fluide.

Ce premier roman est une très belle découverte. Je ressors de cette lecture avec cette impression que j’apprécie par dessus tout d’avoir appris quelque chose. Le contexte de Vienne puis de la République dominicaine dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale est très intéressant. Il en va de même avec toutes les autres thématiques abordées mais aussi avec la galerie de personnages que j’ai grandement apprécié suivre. Catherine Bardon est une écrivaine que je suivrais, c’est certain.

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Les jours de ton absence de Rosie Walsh

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Résumé de l’éditeur : Lorsque Sarah rencontre Eddie, son monde bascule. Ils sont faits l’un pour l’autre, elle en est certaine. Les jours qu’ils passent ensemble ressemblent à un rêve et Sarah a le sentiment que sa vie débute enfin. Quand Eddie, également fou amoureux, part à contrecœur pour un voyage prévu de longue date, tous deux se quittent en sachant qu’ils se reverront très vite. Pourtant, quelques jours plus tard, Eddie n’a toujours pas donné de signe de vie. Le portable de Sarah reste désespérément muet. Refusant d’écouter ses amis qui lui conseillent de passer à autre chose, Sarah met tout en œuvre pour comprendre la raison de ce silence. Elle ne sait pas encore que l’explication qui se dessine peu à peu la bouleversera au plus profond de son être. Une chose qu’elle ne peut maîtriser les sépare irrémédiablement, la seule qu’ils n’ont pas partagée : la vérité.

Je ne lis que très peu de roman anglais contemporain, Les jours de ton absence a donc fait exception. Les premières pages sont principalement basées sur une romance déjà avancée et somme toute bien classique :  un coup de foudre instantané et une semaine de rêve auprès de l’âme sœur. Cette première partie, entrecoupée de flashbacks, est assez maladroite à mon sens car pas très bien amenée. J’ai notamment mis beaucoup de temps à comprendre les liens qu’entretiennent les personnages entre-eux. L’intrigue se met doucement en place mais on distingue assez vite que le dénouement ne se fera pas sans peine.

Je me suis accrochée et j’ai bien fait. Effet, la suite du roman gagne en profondeur et en intérêt. Un certain suspens est présent et m’a fait tourner les pages à un rythme soutenu. Rebondissements, révélations, secrets de famille et drames sont au rendez-vous. Des thématiques difficiles sont également abordées. Eddie est le protagoniste auquel je me suis le plus attachée. Il a su piquer ma curiosité, j’ai également eu l’impression de le cerner et de le comprendre. Il est bien décrit et crédible. Les personnages secondaires ont une grande place dans le récit. Certains élèments sont assez prévisibles mais je suis heureuse de constater que j’ai fini pas ne pas boudé mon plaisir.

Malgré des premières pages un peu poussives, j’ai fini par apprécié ce roman. Une certaine tension et un suspens s’installent petit à petit. Certains élèments sont prévisibles mais j’avoue avoir pris plaisir à découvrir les histoires familiales qui gravitent autour de Sarah et d’Eddie. Ce dernier a particulièrement attirer mon attention, un personnage très intéressant.

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Le goût sucré des souvenirs de Beate Teresa Hanika

Résumé de l’éditeur : Elisabetta Shapiro, 80 ans, vit seule dans sa maison familiale au cœur de Vienne. De son enfance, elle a conservé des dizaines de pots de confiture d’abricot. Tous sont soigneusement étiquetés et indiquent l’année de leur fabrication. Véritable madeleine de Proust, la confiture fait immanquablement jaillir les souvenirs : les jours tranquilles rythmés par les chants de sa mère, Franz, le voisin dont elle était follement amoureuse, ses grandes sœurs qu’elle jalousait secrètement. Et puis la montée du nazisme dans les années 1930, l’arrestation de toute sa famille par les SS, la solitude et la perte des repères. Quand Pola, une jeune danseuse, emménage chez la vieille dame, ses habitudes sont chamboulées. D’autant plus que Pola lutte elle aussi contre ses propres démons. Malgré leurs différences, les deux femmes vont peu à peu se rapprocher et nouer des liens plus forts qu’elles ne l’auraient imaginé. 

Je suis toujours ravie de découvrir une nouvelle publication des éditions Les Escales. Malheureusement, ma lecture n’a pas été de tout repos cette fois-ci. J’ai beaucoup aimé les premières pages assez saisissantes où l’on fait la connaissance d’Elisabetta. On comprend très vite que cette viennoise âgée a été malmenée par le cours de l’Histoire. Cependant, ma lecture s’est assez rapidement gâtée lorsque l’auteur commence à changer de point de vue. J’ai vraiment eu du mal à savoir qui était qui et à quelle époque. Durant toute ma lecture, cet élément m’a rendue mal à l’aise. A force de vouloir suggérer sans cesse, l’effet désiré se perd ainsi que le lecteur au passage.

J’ai aimé Elisabetta et tout ce qu’elle porte en elle. La question se pose de comment vivre et survivre lorsque toute sa famille a été décimée. On comprend assez rapidement sa très grande solitude. En effet, les souvenirs et les fantômes de ses proches sont ses seuls compagnons de vie jusqu’à l’arrivée de la jeune Pola. La maison familiale, les confitures d’abricot et certaines sensations la ramènent sans cesse vers le passé. Elle m’a beaucoup touchée et intéressée. Deux Vienne nous sont données à voir : d’abord celle de la première moitié du XXe siècle où l’insouciance de l’enfance laisse place à l’horreur de l’extermination des juifs par le régime nazi, puis la ville du XXIe siècle.

Je ressors donc plutôt déçue de cette lecture qui promettait pourtant beaucoup. J’ai eu beaucoup de mal à suivre les changements de point de vue et d’époque. Je me suis sentie déroutée à plusieurs reprise. Par contre, je retiendrais le très beau personnage d’Elisabetta et son histoire familiale si forte et marquante.

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Par-delà les glaces de Gunilla Linn Persson

Résumé de l’éditeur : Hiver, 1914. À l’extrémité de l’archipel de Stockholm, après le bal annuel, sept amis s’apprêtent à rentrer chez eux. C’est alors qu’une tempête sans précédent se lève. Un à un, les jeunes gens sont happés par les glaces. Une tragédie qui continue de hanter les habitants de l’île d’Hustrun un siècle plus tard. En 2013, la solitaire Ellinor a repris les rênes de l’entreprise de bateaux-taxis de son père. Ses journées sont rythmées par les tâches quotidiennes et les bruissements de la nature. Un beau jour, son père lui demande d’aller chercher un certain M. Man. Même si elle ne l’a plus vu depuis des années, elle reconnaît aussitôt Herman Engström, son amour d’enfance. Petit à petit, les sentiments profondément enfouis ressurgissent. Mais Ellinor peut-elle accorder sa confiance à un homme dont la famille cristallise la haine des habitants depuis la funeste tempête ? Comme cette île hors du monde qui revient à la vie après un long hiver, l’amour d’Ellinor et d’Herman pourra-t-il à nouveau éclore ?

Un auteur inconnu, une promesse de voyage et des destins entre deux périodes dans un archipel de Suède ne pouvaient que me faire aller vers ce roman. Gunilla Linn Persson nous décrit la vie insulaire et tout ce qu’elle implique de difficultés avec beaucoup de réalisme et de détails. La solitude devient une amie toujours chevillée au corps. Le système D et la débrouille permettent de tenir bon. Ce mode de vie semble presque impossible à quitter tout en vous raccrochant à l’essentiel. C’est donc une vie dure et âpre que mène Ellinor, notre héroïne. C’est aussi une vie faite de petits bonheurs quotidiens et d’observation de la nature.

Le roman se construit grâce à une alternance de sauts dans le temps entre 1914 et plus majoritairement 2013 où Ellinor Ingman retrouve une vieille connaissance, Herman Engström. La rivalité entre les Ingman et les Engström s’est construite suite à un dramatique évènement survenu en 1914. Elle est tenace et s’est transmise de génération en génération. Ellinor est une femme renfermée sur elle-même. Elle nourrit également des regrets et des déceptions. Gunilla Linn Persson nous introduit auprès d’Ellinor de manière pudique et sensible. J’ai beaucoup aimé découvrir ce personnage et son attachement si fort à sa terre natale.

J’ai passé un joli moment hors du temps sur un archipel à la météorologie franchement capricieuse mais plein de charme. Les personnages ont su me toucher et leur histoire personnelle m’intéresser. Par contre, j’aurais adoré que la partie se déroulant en 1914 soit un peu plus développée. Une belle lecture tout de même!

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3 romans, 3 avis, 1 billet / Rentrée littéraire 2017

Je manque cruellement de temps pour tout chroniquer individuellement mais je souhaitais tout de même vous parler de ces trois découvertes littéraires réalisées il y a quelques semaines. Je vous laisse découvrir tout ça!

Une apparition de Sophie Fontanel

Et si arrêter la teinture et laisser pousser ses cheveux gris et blancs apportaient un vrai renouveau? C’est l’idée folle qu’a poursuivi Sophie Fontanelle. Pendant plusieurs mois, elle voit les cheveux blancs prendre le dessus sur sa teinture qu’elle entretenait obsessionnellement jusque là. Elle nous partage ses pensées lors de ce parcours, le regard d’autrui mais aussi l’envie qu’elle suscite chez d’autres femmes. Tout ceci sans pour autant porter de jugement mais plutôt comme un modèle à suivre pour se libérer d’un certain carcan. Le côté mondain (on croise Inès de la Fressange ou encore Arielle Dombasle) est surement ce qui m’a le moins plu. Ceci n’apporte rien à la réflexion intéressante et dans l’air du temps que Sophie Fontanelle développe dans son livre.

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Les maison des Turner d’Angela Flournoy

J’étais plutôt enthousiaste lorsque j’ai commencé ce livre. Dans son premier roman, Angela Flournoy nous plonge dans la vie d’une famille nombreuse afro-américaine. Le contexte me plaisait et le fait de faire intervenir le plus âgé et la plus jeune de la fratrie (qui compte treize frères et sœurs) m’a paru intéressant. J’avoue avoir assez vite décrochée avec  l’impression d’avoir survolée les 200 premières pages. L’ensemble m’a assez vite paru assez long et manquer d’un but. Depuis mon déménagement il y a un peu plus d’un mois, impossible de le reprendre. Le manque de temps et d’enthousiasme m’a clairement fait passer à autre chose. Je n’aime pas ce sentiment d’inachevé mais parfois il est impossible de passer au delà de ce blocage.

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Neverland de Timothée de Fombelle

Avec ce livre biographique pour adulte, Timothée de Fombelle s’essaie à un nouvel exercice. En un peu plus d’une centaine de pages, il part à la recherche de son enfance. Il nous partage ses souvenirs, ses sensations mais aussi ses sentiments. C’est l’occasion de faire remonter les nôtres souvent bien enfouis mais qui ne demandent qu’à refaire surface. Il nous présente l’enfance comme une bouée à laquelle se raccrocher dans nos vies d’adulte. Je dois dire que cette idée est assez réconfortante. Mon seul regret est qu’il s’agit d’un récit tellement intime que cela nous empêche parfois de totalement saisir son contenu. En effet, Timothée de Fombelle se livre complétement grâce à cette poésie qui lui est propre.

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Cartes postales de Grèce de Victoria Hislop

Résumé de l’éditeur : Dans sa boîte aux lettres, Ellie trouve, semaine après semaine, des cartes postales signées d’une simple initiale : A. Ces cartes ne lui sont pourtant pas destinées. Pourquoi lui parviennent-elles ? Qui est l’expéditeur ? Mystère. Portant l’éclat du ciel grec et l’eau cristalline de la mer, ces missives sortent la jeune femme de sa morosité quotidienne. Un jour, elles cessent cependant d’arriver. Ellie se sent délaissée, privée de cette bouffée d’oxygène qui la faisait rêver et voyager. Elle prend alors une décision : découvrir ce pays par elle-même. Le matin de son départ, Ellie reçoit un carnet par la poste. L’odyssée d’un homme, le fameux A, y est racontée. Celui-ci observe avec tendresse et générosité les Grecs, leurs coutumes, et ce qui fait le sel de leur quotidien. Derrière ses observations et ses savoureuses anecdotes se dessine le portrait d’un homme blessé. Pourrait-il encore croire en l’amour ?

J’ai souvent entendu parler des romans de Victoria Hislop sans avoir l’occasion de tester. Voilà qui est chose faite avec son nouveau-né paru en mai. Commençons par parler de l’objet-livre. Il est superbe et d’autant plus que je ne m’y attendais pas. L’ouvrage est agrémenté de cartes postales en couleur toutes plus représentatives de la Grèce les unes que les autres. En comparaison, il est facile de se rendre compte que les descriptions de l’autrice sont précises et proches de la réalité. C’est un régal pour les yeux mais aussi pour l’imagination. J’ai plusieurs fois eu l’impression d’être directement téléportée en Grèce alors que je ne connais que très peu ce pays. Ce genre de romans vous donne clairement des envies de voyage!

Nous suivons le destin de deux personnages en quête d’un changement suite à diverses déceptions. L’histoire d’Ellie prend peu de place au sein du récit. Je n’ai d’ailleurs pas forcémment eu le temps de m’attacher à elle. A contrario, l’aventure d’Anthony occupe la majorité de l’espace. Nous lisons en réalité son carnet envoyé à l’adresse d’Ellie. J’ai suivi cet homme les yeux fermés dans son périple à travers la Grèce. Ses descriptions et les anecdotes qu’ils content sous forme de nouvelles nous plongent complétement dans l’atmosphère hellénique. Nous découvrons une nation entre tradition et modernité, entre crise économique et richesse culturelle, entre repli sur soi (dans certaine région) et ouverture sur le monde. C’est donc un pays tout en contraste qui nous est donné à voir.

Ce roman a beaucoup de charme, c’est certain. Les descriptions sont bien écrites et font voyager le lecteur à travers la Grèce. L’autrice nous donne à voir un pays tout en contraste parfois éloigné de l’image que l’on s’en fait. J’ai beaucoup appris à propos des coutumes, de la société et de la culture grecques.

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La porte du ciel de Dominique Fortier

9782365692915Résumé de l’éditeur : Au coeur de la Louisiane et de ses plantations de coton, deux fillettes grandissent ensemble. Tout les oppose. Eleanor est blanche, fille de médecin ; Eve est mulâtre, fille d’esclave. Elles sont l’ombre l’une de l’autre, soumises à un destin qu’aucune des deux n’a choisi. Dans leur vie, il y aura des murmures, des désirs interdits, des chemins de traverse. Tout près, surtout, il y aura la clameur d’une guerre où des hommes affrontent leurs frères sous deux bannières étoilées. Plus loin, dans l’Alabama, des femmes passent leur vie à coudre. Elles assemblent des bouts de tissu, Pénélopes modernes qui attendent le retour des maris, des pères, des fils partis combattre. Leurs courtepointes sont à l’image des États-Unis : un ensemble de morceaux tenus par un fil – celui de la couture, celui de l’écriture. Entre rêve et histoire, Dominique Fortier dépeint une Amérique de légende qui se déchire pour mieux s’inventer et pose avec force la question de la liberté.

La lecture de ce roman m’enthousiasmait sincèrement. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. J’avoue avoir eu du mal à aller au bout des 250 pages. La thématique de base est pourtant passionnante. En effet, l’auteur nous introduit en Louisiane à l’époque où le fossé entre blancs libres et noirs esclaves semblent impossible à combler. C’est principalement la construction de ce roman qui m’a désarçonnée. Dominique Fortier fait le choix de passer du coq à l’âne régulièrement. Ceci m’a pas mal perturbée et m’a donné une impression de brouillon. Il y a également beaucoup de longueurs. A mon sens, elle détaille à outrance certaines idées qui s’assimilent rapidement mais aussi certaines scènes qui m’ont paru sans intérêt comme un combat de coq interminable par exemple.

Bien sûr, tout n’est pas mauvais dans ce roman. L’histoire d’Eleanor et d’Eve que l’ont suit par intermittence m’a plu. Elles s’interrogent beaucoup sur leur condition respective. Leur destin est assez intéressant à suivre. Par contre, il m’a été difficile de m’attacher à elles car il y a comme une barrière qui nous empêche de nous rapprocher. Ensuite, j’ai beaucoup aimé les chapitres purement historiques. Ils mettent le lecteur dans le contexte et son évolution. L’auteur fait souvent des sauts dans le temps. Ces passages permettent donc de bien se repérer dans la chronologie. Dominique Fortier livre ici un roman qu’on sent engagé. La liberté, l’égalité, le libre-arbitre, la condition des femmes sont autant d’éléments qui lui tiennent à cœur et qu’elle souhaite transmettre.

Malheureusement, ce ne fut pas une lecture totalement heureuse me concernant. C’est assez rare avec les éditions des Escales. Le style de l’auteur n’a pas réussi à me convaincre à cause d’un surplus de longueurs et de passages sans intérêt. Cependant, les chapitres concernant Eleanor et Eve ainsi que les passages purement historiques m’ont plu mais n’ont pas suffit à m’embarquer totalement.

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La voix des vagues de Jackie Copleton

9782365691659Résumé de l’éditeur : Lorsqu’un homme horriblement défiguré frappe à la porte d’Amaterasu Takahashi et qu’il prétend être son petit-fils disparu depuis des années, Amaterasu est bouleversée. Elle aimerait tellement le croire, mais comment savoir s’il dit la vérité ? Ce qu’elle sait c’est que sa fille et son petit-fils sont forcément morts le 9 août 1945, le jour où les Américains ont bombardé Nagasaki ; elle sait aussi qu’elle a fouillé sa ville en ruine à la recherche des siens pendant des semaines. Avec l’arrivée de cet homme, Amaterasu doit se replonger dans un passé douloureux dominé par le chagrin, la perte et le remord. Elle qui a quitté son pays natal, le Japon, pour les États-Unis se remémore ce qu’elle a voulu oublier : son pays, sa jeunesse et sa relation compliquée avec sa fille. L’apparition de l’étranger sort Amaterasu de sa mélancolie et ouvre une boîte de Pandore d’où s’échappent les souvenirs qu’elle a laissé derrière elle …

Un roman qui se déroule en partie pendant la Seconde Guerre mondiale? Il est surement fait pour moi. Je ne me suis pas trompée puisque j’ai, dans l’ensemble, beaucoup aimé ma lecture. Ce qui est d’ailleurs souvent le cas avec les éditions des Escales. Ce livre-ci est un peu différent de ce que j’ai pu lire jusque maintenant sur cette période troublée puisqu’il prend sa source lors du bombardement nucléaire de Nagasaki au Japon le 9 août 1945. Cet évènement est assez peu présent dans la littérature que je parcours. J’ai donc appris pas mal d’éléments que ce soit sur la tragédie en elle-même ou sur la société japonaise en général. De plus, en tête de chapitre l’auteure nous initie à des notions reliées à des coutumes ou des philosophies japonaises.

Par le biais d’Amaterasu, Jackie Copleton déroule son récit petit à petit. Elle ne nous donne pas tous les détails d’un coup mais préfère les distiller au fur et à mesure. Nous n’avons qu’un seul point de vue. Ceci enlève un peu de cohérence et d’exactitude à l’ensemble. Au final, on ne sait qui détient la vérité car il y a beaucoup d’interprétation. Le lecteur voyage entre présent et flashbacks. Ce schéma apporte du rythme et permet une lecture pleine de surprises et de rebondissements. Jackie Copleton possède une belle plume : fluide, précise et imagée. Les descriptions de la ville avant, pendant et après la catastrophe sont très bien écrites. On se promène dans ces ruelles pleines de vie puis jonchées de morts. Le contraste est saisissant et fait froid dans le dos.

C’est un roman fort de par l’histoire de la ville de Nagasaki mais aussi de par celle toute personnelle des personnages. La belle écriture de l’auteure est une vraie valeur ajoutée. Cependant, je dois bien avouer que j’ai été un peu frustrée de n’avoir qu’un seul point de vue.

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Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés de Jami Attenberg / Rentrée littéraire 2016

9782365691451Résumé de l’éditeur : Personnage haut en couleur, Mazie Phillips tient la billetterie du Venice, cinéma new-yorkais du Bowery, quartier populaire du sud de Manhattan où l’on croise diseuse de bonne aventure, mafieux, ouvriers, etc. Le jazz vit son âge d’or, les idylles et la consommation d’alcool – malgré la Prohibition – vont bon train. Mazie aime la vie, et ne se fait jamais prier pour quitter sa « cage » et faire la fête, notamment avec son amant « le capitaine ». Avec l’arrivée de la Grande Dépression, les sans-abri affluent dans le quartier et la vie de Mazie bascule. Elle aide sans relâche les plus démunis et décide d’ouvrir les portes du Venice à ceux qui ont tout perdu. Surnommée « la reine du Bowery », elle devient alors une personnalité incontournable de New York.

Avec son nouveau roman, Jami Attenberg nous propose de voyager dans le New-York des années 20 et 30. L’auteur tisse son roman à partir d’une personne ayant réellement existé mais dont il ne reste que très peu de trace. En réalité, la seule et unique source réside en un article de Joseph Mitchell dans le magazine The New Yorker. Cette inspiration a permis à l’auteur de croquer une héroïne bien particulière. Elle nous décrit aussi très bien l’atmosphère trouble qui règne à New-York lors de la Grande dépression et de la prohibition. C’est donc une Amérique désenchantée qui nous est présentée ainsi que le récit des laissés pour compte et des plus démunis. Ce roman est construit grâce à une succession de différents styles : le témoignage, l’autobiographie et le journal intime. C’est un schéma dynamique et vraiment judicieux.

Le moins que l’on puisse dire est que l’héroïne est hors du commun. En effet, elle est largement en avance sur son temps de par son indépendance ainsi que ses aventures et relations de passage. Derrière la vitre de la caisse de cinéma dans lequel elle travaille, Mazie voit défiler toute la faune de New-York. C’est aussi et surtout le reflet de l’évolution brutale de la société qui se présente à elle et par extension à nous. Derrière sa brusquerie de façade, Mazie a le cœur sur la main. Elle connait son quartier et toute les personnes qui le font vivre sur le bout des doigts. C’est donc tout naturellement qu’elle va mettre ce qu’elle possède au service d’autrui. Ce livre porte de multiples messages de tolérance, de bienveillance et d’abstraction de soi sans forcément de jugement. Tout à fait dans l’air du temps et en adéquation avec l’actualité.

Ce roman m’a beaucoup plu. On y découvre un personnage haut en couleur aux convictions bien marquées. A sa manière, c’est une super-héroïne de son quartier de New-York alors que la Grande Dépression et la prohibition font des ravages et laissent sur leur passage des personnes démunies. Jami Attenberg nous offre un très beau travail en rendant hommage à Mazie, femme d’abord ordinaire mais que ses actions rendent extraordinaire.big-logoVous aimerez aussi découvrir :

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