The Paradise (Saison 1, BBC, 2012)

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Je finis tout juste le visionnage de la première saison de cette série anglaise. Il s’agit d’une libre adaptation du roman de Emile Zola : Au Bonheur des Dames publié en 1883. Octave Mouret est ici remplacé par John Moray (joué par Emun Elliott) et Denise Baudu par Denise Lovett (jouée par Joanna Vanderham). L’action se déroule dans l’Angleterre des années 1870.

Denise est une jeune provinciale (pour ne pas dire une fille de la campagne) qui arrive dans une grand ville afin de travailler dans la petite boutique artisanale de son oncle. Seulement, arrivée sur place, ce dernier lui explique qu’il n’a pas de quoi faire travailler deux personnes. Elle se retrouve donc contrainte d’aller travailler dans le grand magasin qui est en face. On suit ses débuts difficiles sous les ordres de Miss Audrey. Elle doit s’adapter à de nouvelles personnes, un nouveau métier et des clientes de haut rang. Mais Denise a de nombreuses ressources et notamment un esprit d’entreprise grâce auquel elle sera vite remarquée et appréciée du directeur du Paradise. Mais c’est sans compté sur la jalousie d’une autre vendeuse et les querelles entre boutiquier dans le quartier. Quant à Moray, il est veuf depuis trois ans et semble vouloir se remarier avec Miss Katherine Glendenning. Mais le souvenir de sa femme est toujours présent et son travaille de directeur du Paradise le monopolise. La rencontre entre Denise et Moray sera une révélation aussi bien d’un point de vue professionnel que personnel. Je ne vous en dis pas plus.

Le contexte principal est le grand magasin qui apparait au XIXe siècle dans les boulevards des grandes villes. Il s’agit d’une véritable révolution dans le domaine du commerce car c’est la première fois qu’autant d’objets ou de vêtements à acheter sont réunis en un même endroit. Ceci est favorisé par l’industrialisation et la mécanisation qui permettent de produire vite et en série. En France, ces grands magasins sont plus connus sous les noms de Printemps (1865), de Bon Marché (Aristide Boucicaut, 1852) ou encore des Galeries Lafayette (1896). Cependant, ces grands complexes font de l’ombre aux petites boutiques des ruelles qui connaissent à cette époque une grave crise. Prenons l’exemple de l’oncle de Denise qui n’arrive pas à obtenir de commande et vit très simplement.

Les décors, les tissus, les costumes sont époustouflants. On aimerait nous aussi flâner dans ce genre de magasin. Les personnages sont attachants et ont chacun leur caractère et leurs ambitions.

Une série qui me plait beaucoup mais qui manque peut-être d’un peu de rythme dans l’enchainement des évènements. Je serais tout de même ravie de retrouver Denise et Moray dans une seconde saison prévue pour 2013.

Fanny

L’enfant du Titanic de Leah Fleming

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Lors de cette nuit tragique du naufrage du Titanic en 1912 May perd de vue sa fille et son mari pris dans les flots glaciales. Soudain, un homme (elle pense qu’il s’agit du capitaine Smith) lui tend un nourrisson. Pensant qu’il s’agit de sa fille, elle l’accueille dans ses bras. Ce qu’elle ne sait pas encore c’est qu’elle devra porter un lourd secret tout le reste de sa vie. C’est à bord de ce canot de secours qu’elle rencontre Céleste, une jeune mère de famille malheureuse qui vit aux États-Unis. S’en suit une magnifique histoire d’amitié entre ces deux personnes.  L’histoire débute ainsi pour se finir à New-York trois générations plus tard en  1959. Je ne vous en dis pas plus car cela risquerait de trahir votre lecture!

Ce livre a été le coup de cœur de cet été. Une intrigue bien ficelée, des personnages attachants et souvent malmenés par la vie. J’ai souvent été émue, déboussolée puis heureuse de leur sort. Il s’agit d’un livre au final assez profond où on suit les pérégrinations des personnages ainsi que leur évolution. Ils sont constamment à la recherche de leur racine, de leur identité et de leur parenté. On traverse le temps comme sur un fleuve pas si tranquille que ça. On entre dans la première guerre mondiale puis dans la seconde. On observe les changements dans la société qu’elle soit anglaise ou américaine.

Il m’a été, à plusieurs reprises, très difficile de lâcher ce livre tant je voulais connaître la suite et retrouver les personnages. L’écriture fluide est un atout à noter. Une fois le livre terminé, les personnages vous manque. C’est le plus beau compliment qu’on puisse faire à un auteur à mon avis. Un bon moment de lecture donc.

Fanny

North & South (BBC, 2004)

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Aujourd’hui, je vais vous parler d’un period drama en quatre épisodes que j’aime beaucoup. Comme vous l’aurez compris, il s’agit de Nord et Sud adapté du roman de Elizabeth Gaskell (1810-1865). Richard Armitage et Daniela Denby-Ashe joue respectivement John Thornton et Margaret Hale.

Dans le premier épisode, Margaret est une jeune fille qui vit avec ses parents dans le Hampshire à Helstone. Cependant, son père, qui est pasteur dans le village, se voit contraint de quitter sa fonction pour cause de conscience. Il décide d’emmener sa fille et sa femme dans une ville industrielle, Milton, pour démarrer une nouvelle vie. C’est là que Margaret va faire la rencontre du mystérieux Mr Thornton, patron d’une usine de coton. Elle va soutenir la cause des ouvriers quitte à déranger ce gentleman.

Cette série est basée sur plusieurs formes de dualité. Il y a d’abord l’opposition entre le Nord et le Sud. Le nord est représenté par John Thornton ainsi que par Milton qui est une cité industrialisée où la misère et la fumée des usines est le décor. Le sud est représenté par Margaret Hale et par Helstone, petite bourgade verdoyante et calme. Ensuite, nous avons le face à face entre les patrons des usines et leurs ouvriers. Ces derniers sont en pleine revendication de leurs droits : augmentation de salaire et meilleure condition de travail. Les patrons vivent aisément et dirigent les villes. Les ouvriers, quant à eux, sont les laissé pour compte et vivent dans la misère.

J’aime beaucoup cette série pour son côté historique. L’Angleterre est une des premières nation à avoir été industrialisée et à avoir le train durant la première moitié du XIXe siècle. Les enfants comme les parents travaillent dans les usines afin de gagner à peine de quoi se nourrir et se loger. On ne connait pas encore les limites d’heure de travail ni même les maladies qui y sont liées et encore moins les normes de sécurité. On peut le voir dans les différents épisodes, la santé des ouvriers n’est pas prises en compte à part Mr Thornton qui a fait installer des ventilations dans son usine. Des poussières de coton volent dans les locaux et s’infiltrent dans les poumons de tous. A cette époque beaucoup de maladie se propagent et notamment les maladies respiratoires. De plus, une discipline de fer est imposée aux ouvriers. On nous donne également à voir les intérieurs des habitations des ouvriers. Il s’agit souvent d’une ou deux pièces pour toute une famille. Il n’y a généralement qu’une unique fenêtre mais l’air des villes industrielles est souvent vicié.

Cependant, Nord et Sud ce n’est pas seulement l’industrie c’est aussi une magnifique histoire d’amour comme on les aime. Une romance à la Orgueil et Préjugés. John et Margaret ont tous les deux un caractère bien affirmé. Mais au fil des jours, ils se laissent aller à leurs sentiments malgré une retenue dans les deux premiers épisodes. Il est à noter que Richard Armitage est réellement impressionnant! Comment résister?

Un véritable coup de cœur que je prend plaisir à re-visionner dès que l’envie se fait ressentir! :)

Fanny

La dame du Manoir de Wildfell Hall de Anne Brontë (1820-1849)

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Second roman de la cadette des soeurs Brontë, The Tenant of Wildfell Hall a été publié pour la première fois en 1848. Il raconte l’histoire d’une rencontre entre Mrs Graham et Mr Markham. Lui est est cultivateur. Elle vient d’arriver dans le voisinage et habite un manoir. S’en suit l’histoire d’un amour impossible à cause du passé d’Helen Graham.

Le roman se compose de deux récits. Nous avons donc l’histoire principale : celle de la romance entre Mrs Graham et Gilbert Markham que ce dernier raconte sous forme de lettre à son ami Halford. Celle-ci est scindée en deux parties par une seconde histoire : celle du passé d’Helen Graham à la façon d’un journal intime où elle épanche ses douleurs, ses sentiments heureux ou malheureux. Ceci lui permet d’exprimer par l’écriture ce qu’elle pense réellement. Il s’agit d’une sorte d’exutoire. Il faut se remettre dans le contexte historique. Nous sommes au milieu du XIXe siècle, dans la classe aristocratique (dont fait parti Helen Graham), les jeunes filles sont éduqués mais de manière très codée. Elles apprennent les travaux de couture, le piano, les langues étrangères et le dessin. Pourtant, les femmes n’ont que très rarement la possibilité ou l’autorisation de dire ce qu’elles ressentent. D’ailleurs, dans ce roman Anne Brontë fait preuve d’une grande clairvoyance à propos de la place des femmes dans la société, dans le couple et dans le foyer. Une citation me semble pertinente pour illustrer ces propos : « Pour lui, la femme doit aimer son mari et rester au foyer, elle doit le servir , l’amuser, le réconforter de toutes manières imaginables s’il lui plait de rester au logis; lorsqu’il est absent, elle doit veiller à ses intérêts domestiques et autres, et attendre patiemment son retour, sans se soucier de savoir ce qu’il fait entre-temps.« 

« A côté de la compagnie de mon enfant, j’avais celle de la fidèle Rachel, qui devinait sans doute ma tristesse et la partageait, mais était trop discrète pour en parler; j’avais aussi mes livres et mon crayon, mes obligations domestiques, le bien-être et le confort  des fermiers pauvres d’Arthur à assurer. » Cette citation nous montre bien les occupations d’une épouse à cette époque. Elle représente en quelque sorte sa journée type.

De plus, sont présentes les différences entre la vie londonienne assez mondaine et la vie à la campagne plus calme avec des préoccupations plus terre à terre.

Une lecture sur fond d’histoire d’amour, de déceptions amoureuses, de déconvenues que j’ai vraiment apprécié. La littérature anglaise du XIXe siècle est décidément une valeur sure pour moi. Il ne me reste plus qu’à visionner l’adaptation BBC de 1996 avec Toby Stephens, Tara Fitzgerald et Rupert Grave!

Fanny