Et c’est comme ça qu’on a décidé de tuer mon oncle de Rohan O’Grady

Résumé de l’éditeur : Barnaby Gaunt, orphelin turbulent et héritier d’une immense fortune, est envoyé pour les vacances d’été sur une île à la nature luxuriante et aux habitants vieillissants au large de la Colombie Britannique. Vitres cassées, animaux effrayés, très vite, il bouleverse la routine des insulaires, avant de découvrir la véritable raison de sa venue : son oncle diabolique veut l’assassiner. Décidé à ne pas se laisser faire, Barnaby, aidé de Christie, la seule petite fille de l’île, comprend qu’il n’y a qu’un moyen d’en réchapper, éliminer l’oncle en premier.

Et c’est comme ça qu’on a décidé de tuer mon oncle inaugure la nouvelle collection jeunesse, Monsieur Toussaint Laventure, des éditions Monsieur Toussaint Louverture. Pour une première, c’est une réussite! Rohan O’Grady est une romancière canadienne ayant publié ce roman dans les années 60. C’est seulement maintenant qu’il apparait sur les tables de nos librairies françaises. L’écrivaine développe un univers délicieusement désuet. Nos deux têtes blondes, Barnaby et Christie, viennent perturber la vie paisible des habitants d’une île morne et sauvage. C’est peu dire puisqu’ils s’entendent comme chien et chat et font les quatre cent coups ensemble.

Plus les pages défilent et plus l’atmosphère devient pesante et inquiétante. D’abord bon enfant, le roman se fait rapidement plus sombre. A plusieurs reprises, le lecteur ressent un malaise, comprenant sans vraiment le vouloir certains sous-entendus grâce à une double lecture. La mort est omniprésente et plane sur tout ce petit monde tout comme la guerre dont le souvenir semble impérissable. La sauvegarde des animaux est chère aux yeux de Rohan O’Grady. En effet, elle introduit un cougar malmené et chassé par l’homme du nom révélateur d’Une Oreille. Des personnages hauts en couleur, de l’humour noir et des rebondissements sont au rendez-vous pour cette aventure jeunesse hors du commun.

J’ai beaucoup aimé ce roman jeunesse qui plaira également aux adultes. Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont bien fait de proposer ce récit tellement méconnu aux lecteurs français. Je ne peux d’ailleurs que vous encourager à découvrir cette histoire sombre et lumineuse à la fois. Tout comme Watership Down parut chez le même éditeur, je ne suis pas prête d’oublier cette intrigue pour le moins étonnante et singulière.

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  • L’attrape-coeurs de J. D. Salinger
  • L’extraordinaire voyage de Sabrina de P. L. Travers
  • Watership Down de Richard Adams

Fanny

3 livres, 3 avis, 1 billet

Diaboliques de Cédric Meletta

La Seconde guerre mondiale est une période historique qui m’intéresse beaucoup. Je ne compte plus le nombre de documentaires, de séries ou de films que j’ai pu voir, ni le nombre de livres que j’ai pu parcourir sur le sujet. Ce dernier semble inépuisable et analysable sous de multiples aspects. Grâce à un travail de recherches poussé, Cédric Meletta nous dépeint sept portraits de femmes complétement oubliées ayant participé à des manœuvres aux conséquences plus ou moins graves entre petits arrangements, délations et collaborations actives. Malheureusement, ma lecture ne fut pas sans embuches. Trop de noms de personnes et trop de digressions m’ont empêchée de profiter pleinement de cet ouvrage. Je me suis souvent emmêlée les pinceaux et c’est bien dommage.

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Les détectives du Yorkshire, Tome 2 : Rendez-vous avec le mal de Julia Chapman

Quelle période idéale que le mois anglais pour se replonger avec délice dans des ouvrages so british. Chaque mois de juin de chaque année renouvelle ce plaisir. J’ai donc terminé tranquillement le second opus des Détectives du Yorkshire. Je l’avais commencé lors de sa sortie en 2018 sans jamais réussir à l’avancer et le finir. Le roman est assez lent à démarrer, ce qui a provoqué un petit blocage. Deux intrigues se croisent entre kidnapping d’un bélier et faits étranges dans la maison de retraite de Bruncliffe. L’atmosphère générale de cette petite ville d’Angleterre est agréable à retrouver surtout avec ce style très britannique et les touches d’humour. Pour ne rien gâcher, je ne peux que constater que je suis déjà très attachée aux personnages de cette saga. Je continuerais cette série de romans détente et j’espère que le passé entourant les deux héros va quelque peu se dévoiler.

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Sauveur & fils, Saison 2 de Marie-Aude Murail

La sortie poche de ce second opus a permis mes retrouvailles avec toute une bande de personnages très amicaux. Sauveur & fils est certes bourré d’humour, de bons mots, d’humanité et de compréhension mais c’est aussi la réalité de notre société qui nous est montrée. Les personnalités sont multiples tout comme les maux psychologiques. Le mal-être des petits mais aussi des grands est à la fois touchant et révoltant. La famille traditionnelle n’est plus le modèle unique, la question de la recomposition se pose inévitablement. Les dialogues sont à noter, on assiste régulièrement à de très beaux échanges où la parole finit par se libérer et devient salvatrice. Pas de coup de cœur mais ce roman reste une très bonne lecture. Je suis déjà impatiente de retrouver tout ce petit monde l’année prochaine lors de la sortie poche du troisième tome.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Les détectives du Yorkshire, Tome 1 : Rendez-vous avec le crime de Julia Chapman
  • Les jonquilles de Green Park de Jérôme Attal
  • Miss Charity de Marie-Aude Murail

Fanny

La guerre des mercredis de Gary D. Schmidt

Résumé de l’éditeur : S’il y a un élève du collège que Mme Baker, la prof d’anglais, ne peut pas voir en peinture, c’est bien lui, Holling Hoodhood. Chaque mercredi, alors que la moitié de la classe de cinquième est dispensée de cours pour se rendre à la synagogue, et que l’autre moitié va au cathéchisme à l’église de la paroisse, Holling Hoodhood, qui n’est ni juif ni catholique, est le seul et unique élève à rester en cours avec Mme Baker. Elle le lui fait payer. Cela fait plusieurs mercredis qu’il nettoie les tableaux, dépoussière les effaceurs, retire les toiles d’araignée, décrasse les fenêtres. Et voilà que Mme Baker s’est mis en tête de lui faire lire du Shakespeare ! Encore un stratagème pour le faire périr d’ennui.

En ce moment, je ressens comme une fringale de lecture jeunesse. J’ai besoin de retrouver des sensations d’enfance et des personnages aussi candides que clairvoyants. La guerre des mercredis est un roman américain publié pour la première fois en France en 2016. Nous rencontrons Holling, un jeune garçon énergique, réfléchi et observateur. Son année scolaire 1967-1968 se déroule sous nos yeux pendant un peu moins de 450 pages. Le récit est construit grâce à des rebondissements, des réflexions sur le monde qui entoure notre héros et un patronage éclatant en la personne de William Shakespeare (rien que ça!). L’humour n’est pas en reste et est très présent. Entre bons mots et situations cocasses, Gary D. Schmidt nous entraîne sans aucune difficulté avec lui.

A travers le regard de Holling se dévoile des thématiques pour le moins fortes et d’actualité. La différence, les variétés de confessions, le harcèlement scolaire sont autant de sujets abordés au cours du roman. C’est aussi un pan de l’histoire des États-Unis qui nous est donné à voir, celui de la guerre du Vietnam, du Flower Power ou encore de la candidature de Robert Kennedy à la présidence des États-Unis avant son assassinat. L’auteur démontre également le pouvoir de l’art, du théâtre et de la littérature comme méthode d’échappatoire et d’épanouissement malgré des préjugés tenaces. Notre jeune héros se forge une véritable famille au sein de son collège, ses parents étant pour le moins attentistes et obnubilés par leur carrière.

La guerre des mercredis est un roman jeunesse assez méconnu et peu mis en avant. Il vaut pourtant son pesant d’or. En effet, il s’agit d’un récit rafraîchissant mais non dénué de sens et d’une certaine profondeur. Je n’en ai pas encore fini avec les romans pour la jeunesse puisque Tobie Lolness de Timothée de Fombelle et le premier opus de Lady Helen d’Alison Goodman vont bientôt passer entre mes mains.

  • Broadway Limited, Tome 1 : Un dîner avec Cary Grant de Malika Ferdjoukh
  • How to stop time de Matt Haig
  • Vango, Tome 1 : Entre ciel et terre de Timothée de Fombelle

Fanny

Alex, fils d’esclave de Christel Mouchard

Résumé de l’éditeur : Le jeune Alex a une vie trépidante. Ses exploits en escrime et ses succès à la cour font de lui un des nobles les plus admirés de Paris. Mais ses origines le rattrapent lorsqu’il retrouve sa sœur, esclave comme leur mère, qui s’apprête à rejoindre une révolte en Haïti. Alex décide de prendre lui aussi son destin en main, car partout se murmure un mot… Révolution!

Cette biographie romancée pour la jeunesse nous emmène sur les traces du père d’Alexandre Dumas. Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie est né à Saint-Domingue en 1762. Son destin hors du commun se déroule devant le lecteur depuis une colonie française jusqu’à Paris, d’une condition d’esclave jusqu’à l’affranchissement et une carrière militaire. Christel Mouchard développe un roman au rythme soutenu. Aucun temps mort n’est à souligner. Nous sommes les témoins d’une véritable aventure agréable à suivre dans plusieurs ambiances bien distinctes et aux rebondissements bien présents. L’ensemble est doublé d’une véritable portée pédagogique.

Une part d’identification est possible pour les plus jeunes grâce à la part de récit d’apprentissage de ce roman. Christel Mouchard démontre qu’il est toujours possible de sortir de sa condition pour évoluer. C’est aussi le récit d’une filiation pas toujours évidente à assumer et dont les rouages sont parfois flous. Je regrette simplement un manque de détails. C’est clairement mon coté amatrice de descriptions qui parle. Je suis donc bien consciente que cet ouvrage conviendra parfaitement à un public plus jeune. Une part de fantaisie est présente et permet de contrecarrer les  sujets difficiles abordés comme l’esclavage. Mention spéciale au perroquet vraiment cocasse.

Alex, fils d’esclave est une biographie romancée jeunesse plutôt réussie avec un véritable sens pédagogique. Je reste un peu sur ma faim concernant le manque de détails. Cependant, j’ai apprécié découvrir le destin hors du commun et méconnu de Thomas Alexandre Dumas. Le public jeunesse ciblé y trouvera de toute façon son compte. La très belle couverture de François Roca est à signaler.

logo-litVous aimerez aussi découvrir :

  • L’extraordinaire voyage de Sabrina de P. L. Travers
  • The making of Mollie d’Anna Carey
  • Un assassin de première classe de Robin Stevens

Fanny

How to stop time de Matt Haig

Résumé de l’éditeur : Tom Hazard vient de postuler pour devenir professeur d’histoire dans un collège londonien. Il se tient résolument à l’écart des autres. Car Tom a un secret. Il est atteint d’anagérie, une condition qui survient à la puberté et provoque un vieillissement extrêmement plus lent que la normale. Il doit donc tout taire pour ne pas éveiller les soupçons et risquer de devenir un objet d’étude scientifique ou, pire, d’être tué. Il renonce ainsi, chaque fois que le danger se précise, à la vie qu’il s’est construite, recommençant tout à zéro ailleurs. C’est ainsi qu’il a dû abandonner sa fille, atteinte du même mal que lui. Depuis lors, il n’a qu’une idée en tête : la retrouver, morte ou vivante. Mais voilà qu’il est en train de tomber amoureux de Camille, une simple mortelle – lui qui sait que l’envie de se rapprocher d’elle est la pire chose qui puisse lui arriver…

Cela fait plusieurs mois que je ne vous ai pas parlé d’un roman jeunesse. Il s’agit pourtant d’un genre que j’affectionne mais que je le laisse souvent de coté par manque de temps. Hélium m’a permis de découvrir un livre de leur catalogue et j’en suis la première ravie. How to stop time de Matt Haig est un peu particulier car il mêle aventure, surnaturel, histoires d’amour (et d’amitié) et thématiques fortes. Ce joyeux mélange forme un roman complet et plutôt addictif. Sans être rédhibitoire, quelques longueurs viennent freiner le récit à certains moments pour mieux rebondir ensuite. Les nombreux flashbacks donnent la mesure de l’existence si particulière de Tom Hazard. Une vie longue, très longue.

Tout en nuance, Tom Hazard est un personnage complexe. En effet, il est à la fois un héros et un antihéros. Sa particularité exceptionnelle voire enviable de vieillir très lentement fait face à un mal-être, une solitude et une mélancolie à fleur de peau qui ne cessent de le poursuivre. Il semble ne jamais trouver sa place ni vivre pleinement. Matt Haig introduit donc des thématiques fortes, notamment pour un jeune public. Le passage du temps, le vieillissement et le sens de la vie sont également très présents dans le roman et m’ont particulièrement marquée. J’aime l’idée que le temps soit insaisissable, qu’il soit différent pour chacun, qu’il s’étire ou qu’au contraire il rétrécisse.

How to stop time n’est pas forcémment un roman très joyeux à l’heure où le bonheur est normé et devient une obligation sociale. C’est sûrement ce qui fait en partie son charme. Matt Haig a su me prendre par la main pour sauter dans le vide d’une existence sans fin, ou presque. La solitude, la mélancolie, le temps et le sens de la vie sont autant de thèmes qui ont suscité mon intérêt. Un bon moment de lecture!

Vous aimerez aussi découvrir :

  • La saga des marquises de Muriel Bloch et Marie-Pierre Farkas
  • Section 13, Livre 1 : Jack et le bureau secret de James R. Hannibal
  • The making of Mollie d’Anna Carey

Fanny

Broadway Limited, Tome 2 : Un shim sham avec Fred Astaire de Malika Ferdjoukh

Résumé de l’éditeur : Janvier 1949. Six. Elles sont six à souffler sur leurs doigts quand le brouillard s’attarde sur New York. Avant de se réchauffer dans la cuisine de l’honorable pension Giboulée, où elles partagent aussi leurs rêves fous, leurs escarpins trop pointus et quelques pancakes joufflus. Un jour, elles seront comédiennes ou danseuses, et Broadway sera à leurs pieds. En attendant, Hadley, Manhattan, Page, Chic, Etchika et Ursula courent les théâtres, les annonces, les auditions, les cachets – New York est une ville fabuleuse à condition d’avoir des sparadraps dans son sac. Elles ont 19 ans ou à peine plus, et elles donneraient tout pour réussir, elles qui n’ont rien, en dehors de leur talent. Cela peut-il suffire dans cette Amérique d’après-guerre qui ne fait pas de cadeau ? Pas sûr. Mais si elles n’y croient pas, si elles n’y croient pas scandaleusement, qui y croira ?

Trois années d’attente afin de pouvoir déguster la suite des aventures des habitants de la pension Giboulée. Le temps fut bien long mais quel bonheur d’avoir enfin retrouvé toute cette ribambelle de personnages, toute cette agitation et le New-York de la fin des années 40. Malika Ferdjoukh nous offre un roman au rythme endiablé. Pas de temps mort pour nos héros, l’avenir n’attend qu’eux. Grâce à la fantaisie naturelle de la romancière, c’est une nouvelle fois un régal de découvrir jeux de mots et répartie. Les protagonistes possèdent un charisme fou et provoquent une empathie immédiate. Je nourris un attachement tellement fort pour eux que je suis déjà impatiente de bientôt les retrouver.

Malika Ferdjoukh nous fait passer par toute une palette de sentiments : joie, nostalgie, déception, émotion. Certaines scènes m’ont brisé le cœur. D’autres m’ont au contraire gonflée d’espoir. La romancière distille finement des élèments historiques comme la chasse aux communistes ou encore la ségrégation raciale. Ce roman est aussi l’occasion de croiser de nombreuses célébrités de cette époque. Je retiendrais l’apparition tonitruante de Billie Holiday et l’arrivée du fabuleux Fred Astaire. Avec magie, elle fait revivre toutes ces grandes figures de la scène artistique américaine des années 40 et 50. Les nombreuses références au cinéma et à la musique ne sont pas en reste.

Cela fait plusieurs années que j’admire Malika Ferdkoukh, son talent de conteuse et son sens de la répartie. Chaque lecture ne fait que confirmer ce sentiment. Un shim sham avec Fred Astaire apporte à son lecteur ce qu’il faut de magie, de rêve mais aussi d’un certain réalisme. Je ne peux qu’être reconnaissante envers cette écrivaine d’apporter autant de fantaisie dans nos vies d’adulte.

D’autres romans de Malika Ferdjoukh à découvrir :

  • Broadway Limited, Tome 1 : Un dîner avec Cary Grant 
  • Chaque soir à 11 heures
  • Fais-moi peur
  • Quatre sœurs
  • Taille 42

Fanny

Miss Charity de Marie-Aude Murail

Résumé de l’éditeur : Charity est une fille. Une petite fille. Elle est comme tous les enfants : débordante de curiosité, assoiffée de contacts humains, de paroles et d’échanges, impatiente de créer et de participer à la vie du monde. Mais voilà, une petite fille de la bonne société anglaise des années 1880, ça doit se taire et ne pas trop se montrer, sauf à l’église, à la rigueur. Les adultes qui l’entourent ne font pas attention à elle, ses petites soeurs sont mortes. Alors Charity se réfugie au troisième étage de sa maison en compagnie de Tabitha, sa bonne. Pour ne pas devenir folle d’ennui, ou folle tout court, elle élève des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope, apprend Shakespeare par coeur et dessine inlassablement des corbeaux par temps de neige, avec l’espoir qu’un jour quelque chose va lui arriver…

Il était grand temps que je découvre Marie-Aude Murail, devenue classique dans le paysage de la littérature jeunesse française. Inspiré de la vie de l’écrivaine pour la jeunesse Beatrix Potter, ce roman fut une bulle de plaisir au milieu de mes lectures habituelles. Charity grandit durant l’ère victorienne faite de carcans  et de convenances étouffantes, et d’autant plus lorsqu’on est une femme. Cependant, notre héroïne est une enfant singulière et différente, c’est en cela qu’il est difficile de la contenir pour la conformer à un modèle de jeune fille accomplie. L’existence de Charity n’est donc pas toute rose, loin de là, mais Marie-Aude Murail possède un don pour faire de l’adversité une force.

J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre Charity et à la voir grandir puisque nous partageons son existence sur une période assez longue. Sa passion pour le dessin, les champignons et les animaux est d’une fraicheur épatante. La place de la femme est clairement au cœur du récit. Toute jeune fille est conditionnée pour un rôle prédéfini. Marie-Aude Murail signe donc un roman presque engagé. Le glissement du destin de notre jeune héroïne vers l’écriture et la publication est passionnant et plein de rebondissement. Les dernières pages laissent une Miss Charity épanouie, indépendante et ayant trouvée sa voix au grand dam de certains de ces contemporains.

Miss Charity m’a souvent été conseillé et je comprends maintenant pourquoi. Une héroïne attachante, une thématique forte encore d’actualité aujourd’hui, un contexte bien rendu et une fantaisie aussi drôle que poignante font de ce roman une perle parmi la littérature jeunesse. Mention spéciale aux illustrations de Philippe Dumas qui réhaussent encore un peu plus l’ensemble. Je suis en train de découvrir un autre ouvrage de Marie-Aude Murail : le premier tome de Sauveur & fils, un régal!

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  • Broadway Limited, Tome 1 : Un dîner avec Cary Grant 
  • Je suis un dragon de Martin Page
  • L’extraordinaire voyage de Sabrina de P. L. Travers 

Fanny

La saga des marquises de Marie-Pierre Farkas et Muriel Bloch

Résumé de l’éditeur : 1862. La jeune Éléonore a une oreille exceptionnelle. Son père devient fou de rage lorsqu’il découvre qu’elle joue de la musique en cachette. Pour lui faire passer l’envie de devenir musicienne, il l’envoie à Paris chez son oncle et sa tante, qui tiennent une blanchisserie. Mais l’adolescente trouve le moyen de se faire embaucher dans l’atelier de fabrication d’instruments du génial Adolphe Sax. La destinée hors du commun d’une famille de musiciennes aux temps de la Commune et des premières Expositions universelles! Au travers d’une saga historique aux personnages féminins inoubliables et au rythme frénétique, voici l’histoire des premiers cuivres et des débuts du jazz qui se déploie sur deux continents.

Ce titre jeunesse d’abord publié en deux tomes m’était totalement inconnu avant de le découvrir sur le forum Whoopsy Daisy. Marie-Pierre Farkas et Muriel Bloch nous entraine dans un tourbillon et une fresque historique aux côtés de plusieurs générations d’une même famille. Le récit débute au milieu du XIXe siècle pour se terminer dans les premières années du XXe siècle entre la France et les États-Unis. La musique et son évolution sont clairement le fil rouge de ce roman. C’est d’ailleurs l’occasion de croiser Adolphe Sax, George Gershwin, Charles Conn, Louis Armstrong, Joséphine Baker et j’en passe. En un peu moins de 300 pages, il est impossible de détailler chaque rencontre ou chaque fait historique mais pour un jeune lectorat, ce livre apporte une bonne vue d’ensemble.

Nous suivons principalement une toute jeune mère, Éléonore, accompagnée de sa fille, Carmel. Ce sont des personnages entiers et clairvoyants. Leur liberté est sans concession et va outre les convenances de l’époque. Marie-Pierre Farkas et Muriel Bloch ont réussi à retranscrire les atmosphères, sans éviter les difficultés, bien différentes de chaque ville traversée par nos deux héroïnes : Paris, la Nouvelle-Orléans, Chicago ou encore New-York. Elles font la connaissance de personnages déterminants et hauts en couleur. La place de la femme dans la société, le racisme et la ségrégation sont quelques-unes des thématiques abordées. Ces dernières sont servies par une plume imagée et expressive très agréable à parcourir.

Ce récit vif au rythme soutenu m’a beaucoup plu. Il y a peut-être un peu trop de rencontres de personnages historiques ou en tout cas célèbres pour faire de cet ouvrage un roman totalement crédible. J’avoue lui pardonner cette maladresse car elle permet d’apprendre plein d’éléments.

Lu grâce à la masse critique Babelio et aux éditions Hélium.

babelio

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  • Vango, Tome 1 : Entre ciel et terre de Timothée de Fombelle

Fanny

Un assassin de première classe de Robin Stevens

Résumé de l’éditeur : Hazel et Daisy partent en vacances à bord de l’Orient-Express avec M. Wong. Une seule interdiction : jouer les détectives. Alors qu’un espion se cache dans le train, une riche héritière est assassinée dans une cabine verrouillée de l’intérieur. Le club de détectives est obligé de reprendre du service ! Attention, elles ne sont pas les seules sur l’affaire…

J’aime beaucoup lire un roman jeunesse une fois de temps en temps. Ce type de littérature regorge de petite pépite qu’il est très agréable à parcourir. Un assassin de première classe fait partie d’une série (il s’agit du troisième tome) mais peut très bien se lire indépendamment, c’est d’ailleurs ce que j’ai fait. J’ai fait la connaissance de deux jeunes filles de 14 ans complétement inconscientes mais tellement courageuses et perspicaces. Elles se sont découvertes des talents de fin limier et ont donc créé le club de détectives Wells & Wong. Entre moments de tension, d’émotion mais aussi d’humour, je les ai suivies avec beaucoup d’intérêt.

Comme le titre et l’enquête le laissent deviner, il s’agit d’un hommage à Agatha Christie et à son célèbre roman Le meurtre de l’Orient-Express. A l’image de ce dernier, ce train mythique est ici plus vraie que nature. Il y a également quelques références à Sherlock Holmes d’Arthur Conan Doyle. Je ne me suis jamais ennuyée. Sous la plume d’Hazel, nous sommes entrainés au cœur d’une double enquête dont le dénouement est pour le moins incertain. J’ai beaucoup aimé les descriptions des différents protagonistes et notamment des suspects. Ces derniers ont tous une caractéristique ou un signe distinctif particuliers qui brouillent les pistes.

Un assassin de première classe est un bon petit roman jeunesse mais aussi policier. Je me suis beaucoup amusée à suivre Hazel et Daisy. Les autres personnages ne sont pas en reste et sont très bien croqués. Et puis, il faut le dire, le cadre de l’Orient-Express provoque un certain émerveillement. J’espère avoir l’occasion de lire une autre enquête du club de détectives Wells & Wong.

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  • The making of Mollie d’Anna Carey

Fanny

The making of Mollie de Anna Carey

Résumé de l’éditeur : Mollie Carberry’s life seems pretty dull until she discovers her older sister Phyllis is a suffragette! When she and her friend Nora get involved they must face the question of how far a girl should go for her beliefs. / La vie de Mollie Carberry semble assez ennuyeuse jusqu’à ce qu’elle découvre que sa grand sœur Phyllis est une suffragette!  Lorsque Mollie et son amie Nora s’implique, elles doivent faire face à la question de jusqu’où une fille devrait aller pour ses convictions.

L’Irlande est un pays qui m’intéresse beaucoup de par sa culture, son histoire houleuse et ses croyances. C’est pourtant le premier roman irlandais que je chronique sur le blog et j’en suis la première surprise. Cet ouvrage jeunesse m’a été conseillé sur le forum Whoopsy Daisy (encore et toujours ce lieu de tentations!). Anna Carey nous fait découvrir dans son roman épistolaire le Dublin du tout début du XXe siècle. Nous nous promenons dans les rues de cette ville avec beaucoup d’intérêt. Très vite, on se rend compte que les inégalités sociales mais aussi entre les deux sexes sont la norme. La société irlandaise ne semble pas prête à bouger de ses lignes. Cependant, le mouvement des suffragettes enfle de plus en plus.

Nous faisons la connaissance de Mollie, 14 ans, toute jeune dublinoise vivant dans une famille aisée. Mollie cherche d’abord un amusement et à casser la monotonie de son quotidien assez rigide. Cependant et au fil de ce roman d’apprentissage, elle va se découvrir une conscience politique. Elle ne comprend pas pourquoi son frère semble pouvoir faire ce que bon lui semble sans carcan. Son âme de féministe va ainsi se former. Suivant le modèle de sa sœur, elle va se découvrir une passion pour la lutte pour le droit de vote des femmes. Elle va s’engager auprès des suffragettes de Dublin sans s’imaginer les folles aventures qui l’attendent. Avec humour et clarté, Anna Carey passe un message fort aux plus jeunes mais aussi aux plus grands.

Ce roman est très utile pour ne pas oublier les engagements mais aussi les sacrifices de certaines femmes (mais aussi certains hommes) afin que tous acquièrent les mêmes droits civiques. Même si Mollie se laisse parfois emporter par son enthousiasme (très contagieux!), elle reste une jeune fille vive, ouverte et drôle. A lire! Le tome 2 est prévue pour le début du mois de mars sous le titre Mollie on the march.

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    Fanny