Tag des 11 questions

C’est Bianca qui m’a donné envie de reprendre ce tag et de répondre aux multiples questions. Vous allez pouvoir en apprendre pas mal sur mon compte! Je vous laisse donc découvrir.

1. Ton roman préféré ? Le Château de Cassandra de Dodie Smith.

2. Le dernier roman que tu as lu et aimé ? Le Journal de Mr Darcy d’Amanda Grange qui a été une belle plongée dans les pensées de ce héros.

3. Le prochain livre que tu as envie de lire ? L’amour comme par hasard d’Eva Rice.

4. Ta ville préférée ?  Je n’ai pas vraiment de villes favorites. Je dirai les alentours de Quiberon, Locmariaquer, Belz dans le Morbihan (Bretagne).

5. Ton vêtement fétiche ?  Mon jean slim dans lequel je me sens à l’aise et bien dans mes baskets.

6. Ton animal totem, celui que tu préfères ou qui te symbolise ?  Le chat. Ils sont espiègles, joueurs, fières et câlins à la fois.

7. Mer ou montagne ? Mer sans hésiter. Je suis née en Basse-Normandie à quelques kilomètres de l’océan et vraiment c’est un élément dont j’ai besoin. J’aime me baigner mais aussi simplement me promener et admirer les paysages. Maintenant que je suis loin du littoral, chaque vacances se déroulent sur la côte.

8. Ville ou campagne ? Ville au quotidien et campagne pour les vacances.

9. Train, bateau ou avion ?  Bateau pour profiter pleinement de l’air marin.

10. Ton dessert favori ? Le tiramisu à la fraise maison! Miam!

11. Un musée ou un lieu culturel que tu aimes particulièrement ? Le magasin Chapitre de ma ville où j’aime repérer des bouquins.

Et maintenant place aux questions de Natiora :

1. Quel héros/héroïne de roman aurais-tu aimé être ? Hermione Granger (Harry Potter) pour vivre pleins d’aventures dans un univers magique. A 12 ans, j’aurais adoré prendre le Poudlard Express…

2. Résume-toi en un adjectif : Dynamique. Je suis quelqu’un qui a besoin de bouger tout le temps et qui rigole beaucoup. J’avoue ne pas être la dernière pour sortir des blagues!

3.  Si tu étais une chanson, tu serais… Nothing Else Matters de Metallica.

4. Tu ne sors jamais de chez toi sans… mon sac à main et mon smartphone.

5. Ton moment favori pour te plonger dans un roman ? Le matin en petit-déjeunant.

6. Sucré ou salé ? Sucré. J’aime tout ce qui est desserts, pâtisseries et bonbons. Quand je vais dans un restaurant, je regarde en premier la carte des desserts! Ahah!

7. As-tu un coup de gueule à faire passer ? S’il vous plait les maisons d’édition, serait-il possible de nous proposer des couvertures de livres un peu plus originales en faisant appel à des artistes dessinateurs ou graphistes plutôt que de piocher dans des banques de données d’images? Je sais l’habit ne fait pas le moine…

8. Et un coup de coeur ?  Mes nouvelles connaissances grâce à la blogosphère. Je leur dis merci et leur passe le bonjour! ^^

9. Ton souvenir d’enfance le plus marquant ? Je me revois souvent assise sur les genoux de mon oncle qui était paraplégique et de ce fait en fauteuil roulant. Il est décédé quand j’avais 10/11 ans mais je pense encore beaucoup à lui. (dur dur d’en parler… Je le fais parce que c’est vous hein!)

10. Une mauvaise manie dont tu n’arrives pas à te débarrasser ? Me ronger les ongles, signe extérieur de mon anxiété.

11. Ce qui te donne la pêche ? Entendre une musique, une chanson ou une mélodie que j’adore dès le matin.

Voilà. Qu’en pensez vous? Celles et ceux qui souhaitent reprendre ces questions n’hésitez pas! Je lirais avec plaisir vos réponses.

Fanny

La Fabrique de l’intime, mémoires et journaux de femmes du XVIIIe siècle de Catriona Seth

Voici un article à propos d’un livre qui, j’en suis certaine, intéressera pas mal de lecteurs et lectrices de ce blog. Je suis passionnée d’histoire et avoir l’opportunité de recevoir un livre tel que celui-ci est une aubaine. Merci aux éditions Robert Laffont. Il s’agit là d’un recueil de mémoires et de journaux de femmes ayant vécues entre le début du XVIIIe et le tout début du XIXe siècle.

A propos de l’auteur

Catriona Seth est enseignant-chercheur spécialiste du siècle des Lumières à l’Université de Lorraine. Elle a notamment participé à l’édition de romans de cette période comme Les Liaisons dangereuses de Pierre-Ambroise Choderlos de Laclos chez Gallimard pour la Bibliothèque de la Pléiade. Avant d’obtenir son agrégation, elle a travaillé comme traductrice-interprète dans le privé.

La maison d’édition Robert Laffont m’a proposé de me mettre en contact avec l’auteure. Chose que j’ai tout de suite accepté. C’est ainsi que Catriona Seth a gentiment répondu à nos questions. Pour son interview qui complète cet article, c’est par ici : Interview de Catriona Seth, auteure de La fabrique de l’intime.

Le livre

Ce recueil réunit des écrits personnels de femmes qu’elles soient très connus, comme Germaine de Staël ou bien inconnu du grand public. Peu importe les classes sociales dont ces femmes sont issues ou leur rôle dans l’histoire , elles ont su faire parvenir jusqu’à nous leurs témoignages à propos de leur temps. Dans une première partie d’une cinquantaine de pages, Catriona Seth nous explique qui écrit, dans quel contexte et pourquoi.  Ces questions sont bien souvent liées à la condition sociale ou à la place de la femme dans la société. Qu’elles soient laïques ou religieuses, aristocratiques ou du peuple, elles nous donnent à voir leur époque.

« En grande partie, l’écriture au féminin est un phénomène parisien, aristocrate ou bourgeois. »

La seconde partie du livre est consacrée aux textes. Un par femme, ils sont plus ou moins longs. Chacun d’entre eux est introduit par l’auteure. Je n’ai pas lu ce livre de bout en bout. J’ai préféré faire une sélection de textes qui m’intéressaient et qui m’apporteraient différents point de vue sur l’époque. Je vais vous en présenter deux :

Victoire Monnard est une jeune fille, assez impertinente et effrontée, du peuple née dans une famille de fermier. A l’âge de six ans, elle est tout de même envoyé à l’école puis en pension. Elle nous expose la vie dure que mène ses parents, les nombreux accidents domestiques, la mortalité infantile très élevée, la religion, les travaux agricoles, les moments de loisirs (la fête du village avec notamment une loterie), la description très détaillée des us et coutumes de cette catégorie sociale, la révolution française. Elle couche également sur le papier ses sentiments et son souhait de partir pour la capitale où elle travaille et devient une femme très indépendante. Elle nous raconte son enfance, son établissement à Paris puis son mariage et la naissance des ses enfants. Elle aura vécu sous Louis XVI, la révolution française et Napoléon Ier.

Germaine de Staël fait parti de l’aristocratie. Elle est fille d’un banquier. En 1786, elle devient baronne de Staël en épousant un ambassadeur de Suède. Mais en parallèle de sa vie maritale, elle possède une vie sentimentale agitée. Elle se séparera de son époux en 1800. Favorable à la révolution française, elle doit régulièrement se réfugier chez son père en Suisse. Napoléon Ier va d’ailleurs l’interdire de séjour en France. Elle a énormément écrit au long de vie. Le texte sélectionné est rédigé en 1785. Nous sommes juste avant son mariage et son principal prétendant lui est présenté pour organiser un mariage arrangé. Elle le rencontre une première fois à Paris. Puis, c’est lui que se déplace pour passer du temps avec sa future belle-famille. L’écriture est recherchée. Nous avons clairement affaire à une femme de lettres. Les sentiments sont exposés avec beaucoup de pudeur.

Un livre très enrichissant et innovant. Ici la parole est donnée aux femmes avant tout. Celle qu’elles n’ont pas pu exprimer à leur époque.  Ce recueil est un trésor pour celles et ceux qui souhaite en apprendre sur le siècle des Lumières du point de vue des femmes de différentes catégories sociales. Quel regard portent-elles sur leur société? Quels sont leurs préoccupations?Mais attention il s’agit d’un pavé de plus de 1200 pages et d’une lecture exigeante. Les tournures de phrases sont bien différentes de ce que nous avons l’habitude de lire.

« Décidées à écrire sans se faire éditer, de nombreuses femmes ont concilié ambitions littéraires et respect des conventions sociales, une résolution de la tension entre les élans vers l’écriture et le refus de s’exhiber sur la scène littéraire. »

Quelques liens intéressants

Extrait du journal de Félicité de GenlisArticle dans le républicain lorrain – Article sur le site Fabula – Recherche en littérature – Page du livre sur le site de la collection Bouquins des éditions Robert Laffont

Quelques portraits de femmes citées dans La Fabrique de l’intime

     Madame Germaine de Staël (1766-1817) par François Gérard

Jeanne-Marie Roland de la Platière (1754-1793) par Adelaide Labille-Guiard Madame Germaine de Staël (1766-1817) par François Gérard

 

Suzanne Necker (1737-1794) par Jean-Sifred Duplessis

Encore merci aux éditions Robert Laffont pour cette très belle découverte!

    

Fanny

Interview de Catriona Seth, auteure de La fabrique de l’intime

Catriona Seth, écrivain de La Fabrique de l’intime, mémoires et journaux de femmes du XVIIIe siècle est très active sur la toile. C’est tout naturellement qu’elle a répondu  à ces quelques questions avec beaucoup de précisions.

Laissons lui la parole. Je tiens à préciser qu’aucune modification n’a été apportée. Il s’agit de ses réponses telles qu’elle me les a transmise.

Photo de profil du twitter de Catriona Seth

1) Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de ce blog : votre parcours, vos thèmes de recherche, ce qui vous passionne dans l’Histoire.

En tant qu’individu, je me sens profondément européenne. J’ai été élevée entre deux langues – l’anglais et le français. J’ai été à l’école au Royaume-Uni, en Suisse, au Venezuela, en Belgique, et à l’université à Oxford et à la Sorbonne.

Je suis spécialiste du XVIIIe siècle, actuellement professeur à l’université de Lorraine, après avoir occupé plusieurs postes dans le secteur privé, puis soutenu une thèse et passé l’agrégation.

Il me semble que l’histoire est une matière vivante. J’aime à découvrir dans mes domaines d’étude des questionnements analogues aux nôtres, tout en mesurant les différences qui nous séparent des hommes et des femmes d’autrefois. Quand j’ai travaillé sur l’inoculation (l’ancêtre de la vaccination[1]), j’ai retrouvé des interrogations semblables à celles que suscitent certaines pratiques médicales actuelles. Lorsque j’ai rassemblé des textes sur Marie-Antoinette[2] je me suis demandé pourquoi elle polarisait encore les passions entre admirateurs et détracteurs, plus de deux siècles après sa mort. En éditant récemment Les Liaisons dangereuses[3], j’ai eu l’occasion de réfléchir sur la réception du livre à l’époque de sa publication – les contemporains de Laclos y lisaient-ils les mêmes choses que nous ? – mais aussi sur les raisons de son succès considérable de nos jours.

Tout cela pour vous dire que l’histoire m’intéresse dans la mesure où elle nous parle de ceux qui nous ont précédés, mais qu’elle nous apprend des choses sur nous-mêmes et sur le monde contemporain.

2) Comment vous est venu l’idée d’écrire cette anthologie ?

La réponse immédiate est qu’un livre peut en cacher en autre. En effet, j’avais préparé, à la suggestion de Stéphane Barsacq et de Daniel Rondeau, un volume sur Marie-Antoinette pour la collection Bouquins. Ils en avaient été contents et m’avaient demandé ce que je voulais faire d’autre pour eux. J’ai réfléchi à la fois à la collection, qui occupe un créneau à part dans le paysage éditorial français – un millier de pages, c’est un formidable espace de liberté –, et à mes propres centres d’intérêt. J’ai proposé une anthologie de textes autobiographiques de femmes du XVIIIe siècle parce qu’il n’existait rien de ce genre et parce qu’il me semblait qu’un tel recueil avait du sens : il permet de montrer que les femmes de l’époque, souvent confinées, pour leurs activités, à la sphère privée, trouvent dans l’écriture un espace de liberté et nous offrent ainsi en quelque sorte l’envers de l’histoire : ce que nous n’avons pas vu ou entendu justement parce que leurs textes sont de l’ordre de l’intime. On peut donc y trouver ce qui ne se dit pas forcément publiquement mais qui n’en reste pas moins bouleversant pour l’individu comme pour la société.

3) Ce livre a sans aucun doute nécessité un long travail de recherche. Pouvez-vous nous préciser les lieux où vous vous êtes rendue afin de réunir ces témoignages du XVIIIe siècle?

L’un des grands plaisirs, pour le chercheur, est de se rendre dans des bibliothèques diverses. J’aime beaucoup celles de Rouen, de Versailles ou de Nancy, qui ont toutes à leur manière des fonds exceptionnels. Je me rends aussi bien entendu la Bibliothèque Nationale, mais aussi à l’Arsenal – à laquelle je suis particulièrement attachée car c’est la première des grandes bibliothèques parisiennes que j’ai fréquentée – ou à la Mazarine entre autres. Je me plongée dans des fonds conservés à l’étranger. Je connais bien certaines bibliothèques anglaises : la British Library à Londres, la Bodleian et la Taylorian à Oxford, qui me rappellent mes années d’étudiante. J’ai aussi eu l’occasion de consulter les papiers d’une archiduchesse d’Autriche dans les archives impériales à Vienne ou encore, pour l’un des textes inédits que je reproduis, d’aller chez les descendants de la diariste, dans un charmant petit château suisse.

4) Sur quel(s) critère(s) avez-vous sélectionné les différents textes qui apparaissent dans votre livre ?

Dès que j’ai eu l’idée du projet, je savais que j’inclurais certains textes : ceux de Marie-Jeanne de Staal-Delaunay, qui a un rôle d’inauguratrice, infléchissant profondément le genre des mémoires, de Charlotte-Nicole Coquebert de Montbret, dont les papiers de famille sont conservés à Rouen, de Marie-Aimée Steck-Guichelin, une de ses amies, dont les écrits sont très émouvants… J’ai aussi cherché une certaine représentativité. Comme j’essaie de l’expliquer dans l’introduction, il est impossible d’entendre la voix des analphabètes, sauf de manière indirecte (s’ils font l’objet d’un interrogatoire de police, par exemple). J’ai essayé de mettre en évidence, malgré cela, car j’étais limitée aux écrits, une grande variété de parcours, d’horizons, de niveaux d’éducation, de milieux sociaux. Je suis allée à la chasse d’une autobiographie spirituelle et j’ai lu différentes choses avant de tomber sur le récit remarquable de Françoise-Radegonde Le Noir. Je me suis mise en quête de propos tracés par des femmes du peuple. Victoire Monnard, la plus jeune des treize femmes incluses dans le volume, est presque illettrée au moment où elle vit en direct les événements révolutionnaires : elle est alors apprentie lingère à Paris. Elle apprendra vraiment à lire et à écrire plus tard comme elle l’explique dans ses souvenirs.

Je n’ai pas voulu introduire d’échelle des valeurs entre les femmes qui travaillent et de grandes dames comme Isabelle de Bourbon-Parme. J’ai souhaité mettre en évidence la diversité de leurs écrits et la liberté qu’elles pouvaient avoir grâce à eux : ces différentes femmes ont en commun des interrogations sur elles-mêmes et sur les autres ; leurs écrits deviennent à l’occasion, selon la belle formule de Suzanne Necker, un « spectateur intérieur ».

Il me semble aussi que tous les textes recueillis témoignent d’une aisance d’écriture, d’une ouverture au monde, d’une sensibilité qui les rend encore passionnants pour nous. Avec eux, nous avons l’impression de découvrir des individus sans intermédiaire, de les entendre « en direct » en quelque sorte. C’est un privilège extraordinaire que d’avoir accès ainsi sans écran aux propos de ces femmes.

5) Est-ce, pour vous, une preuve de modernité voire un début d’émancipation dans le fait qu’une femme de cette époque prenne l’initiative d’écrire ? Vous évoquez également son entrée en politique.

Il me semble qu’écrire son journal intime est implicitement une revendication : celle d’avoir un espace à soi où s’exprimer comme on le souhaite. En plus, les textes du for intérieur ressortissent à un genre sans règles véritables donc dans lequel on fixe soi-même les limites du contenu, le niveau de langue et ainsi de suite. Beaucoup de femmes utilisent le journal pour se mettre à l’épreuve, se questionner sur leurs propres pratiques et sentiments. J’ai souhaité recueillir ces textes intimes, bien moins connus que les écrits politiques des dernières années du XVIIIe siècle.

L’entrée en politique de la femme est bref et sanglant, au moment de la Révolution. On songe au cas d’Olympe de Gouges bien entendu. La Révolution entraîne le triomphe d’une société virile qui réduit la femme au rôle de mère des enfants de la république et de compagne des héros. Le code civil entérine l’inégalité entre les sexes. On ne peut pas dire, malgré des réformes sur le plan légal, que cet héritage ait disparu complètement. Je n’ai pas cherché cet aspect-là des choses, même si plusieurs des femmes dont je reprends les textes ont joué des rôles directs ou indirects dans une France bouleversée – je pense à Manon Roland, à Félicité de Genlis ou à Germaine de Staël. Le cas de Mme Roland est particulièrement clair : j’ai reproduit ses Mémoires particuliers, pas ses textes proprement politiques. L’enjeu, dans les écrits intimes, est autre, plus durable et, à sa manière plus profond.

6) Germaine de Staël et Suzanne Necker, que vous citez, furent toutes les deux de célèbres salonnières. Pouvez-vous nous en apprendre plus sur ces réunions culturelles mais aussi politiques ? Avaient-elles une véritable influence ?

Suzanne Necker a utilisé son salon pour promouvoir la carrière de son mari. Elle a réussi admirablement. Germaine de Staël a tenu un salon à Paris et, plus important encore, en exil, au début du XIXe siècle, elle réunit autour d’elle les têtes pensantes de l’Europe entière en Suisse dans son château de Coppet. La mère et la fille avaient la chance de disposer de carnets d’adresses fournis et de moyens considérables. Elles pouvaient ainsi recevoir à la fois des écrivains et artistes – c’est chez Mme Necker qu’on décide de commander à Pigalle la célèbre statue de Voltaire nu ou encore que Bernardin de Saint-Pierre lit en avant-première Paul et Virginie – et des hommes politiques, des diplomates ou des militaires. Je pense que ces réunions privées avaient une véritable influence à la fois dans le domaine de la diffusion des idées ou des modes, dans la mise sur pied de groupes de pression – des lobbies avant l’heure – et dans la formation d’une élite intellectuelle et politique susceptible d’influencer l’opinion. Grâce aux salons, les femmes ont sans aucun doute joué un rôle, mais un rôle discret souvent, restant dans l’ombre de figures publiques essentiellement masculines, influençant les élections académiques ou les nominations à des postes, mais sans prendre la parole ouvertement sur la scène publique. Suzanne Necker, qui ne publiait pas ses textes, et Germaine de Staël, auteur célèbre de grands romans et essais, sont toutes deux des écrivains de premier rang et qui cherchaient, chacune à sa façon, des modes d’expression dans un univers égalitaire.

Madame Germaine de Staël (1766-1817) par François Gérard   

Madame Germaine de Staël (1766-1817) par François Gérard et Suzanne Necker (1737-1794) par Jean-Sifred Duplessis

Merci encore à Catriona Seth pour sa gentillesse et pour avoir donné un peu de son temps afin de nous concocter ces réponses. J’éspère que vous en aurez appris autant que moi sur le siècle des Lumières du point de vue des femmes.

Fanny


[1] Pour Les rois aussi en mouraient. Les Lumières en lutte contre la petite vérole (Desjonquères, 2008).

[2] Marie-Antoinette. Anthologie et dictionnaire (Laffont, Bouquins, 2006).

[3] Pour les éditions Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade, 2011).

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New Victoria, Tome 1 de Lia Habel

Résumé de l’éditeur

Bienvenue à New Victoria.
La guerre a anéanti les États-Unis. Sur les décombres, une nouvelle civilisation a éclos : le dernier refuge de la morale d’un temps révolu. Car l’avenir est terrifiant. Aux frontières du pays, des combats armés font rage, opposant le régime politique en place à des rebelles sanguinaires qui semblent résister à tout, même à la mort.
Nora a un destin tout tracé : épouser un membre de la haute société et collectionner les robes de bal. Faire honneur à la mémoire de son père, l’éminent docteur Dearly. Rien, dans sa délicate éducation victorienne, ne l’a préparée à un violent kidnapping, ni à survivre dans le camp d’une faction rebelle.
Et pourtant elle devra surmonter ses craintes et ses préjugés pour comprendre la nature du véritable danger qui menace les vivants… comme les morts !

Chronique

Ce roman est un mélange de plusieurs genres : dystopie, steampunk, science-fiction et romance. Pour une seconde approche de ce type de lecture, ce livre a satisfait mes attentes. Il s’agit d’un tome de mise en place. L’action est assez lente. Il ne se passe pas forcément grand chose au niveau de l’intrigue sauf à la fin où l’action se précipite un peu. Mais ceci permet beaucoup de détails que ce soit à propos des personnages ou de l’univers qu’a créé l’auteure. J’ai été transportée dans un autre monde. J’ai suivi avec passion les aventures des personnages. J’apprécie vraiment ces histoires de chaos où les protagonistes n’ont pas d’autre choix que de tenter de se raccrocher à l’essentiel c’est à dire l’amour, l’amitié, la solidarité et ce qui vaut la peine d’être vécu. Une belle leçon est donnée puisque la différence et la diversité sont enrichissantes et nous rendent plus fort.

Par contre, j’ai trouvé la fin un peu rapide voir facile. On soupçonne ce qu’il va se passer dans le tome suivant. D’ailleurs j’ai un peu peur d’une certaine redondance. J’éspère que l’auteur saura nous surprendre et nous apporter un récit un peu plus dynamique. Pour ce qui est de la forme, chaque chapitre correspond à un point de vue différent répartis entre cinq personnages. Le style d’écriture est très agréable et fluide. Les pages se tournent sans problème et pourtant il s’agit d’un beau pavé!

Je ne connais pas encore bien ce genre littéraire. Le premier livre de ce style que j’ai lu est le tome 1 d’Insaisissable de Tahereh Mafi (que j’ai adoré) donc je ne pense pas être en mesure de bien appréhender toutes les subtilités et pouvoir critiquer la crédibilité de ce roman. Mais je pense qu’il peut s’agir d’un bon livre pour débuter une immersion dans ce monde.

A souligner qu’il s’agit du premier livre écrit par l’auteure donc « chapeau »! Je lirais le second tome sans aucun doute. Il sortira aux éditions Castlemore le 12 avril 2013.

Fanny

Les hommes sont des cons de Chaval

Reçu grâce à l’événement Masse Critique organisé par le site Babelio, j’avais au départ tenté ma chance pour plusieurs livres. J’ai été sélectionné pour celui-ci et j’en suis ravie puisque je ne connaissais pas du tout ni l’auteur ni ces dessins. Je suis toujours partante pour de belles et nouvelles découvertes.

Résumé de l’éditeur

Pour tous les amateurs de dessin d’humour, Chaval est considéré comme le dessinateur. Il fut une sorte de météorite, un homme ambigu et lucide pour qui, plus que quiconque, l’humour est la politesse du désespoir. « Si mes dessins sont meilleurs que les autres, c’est qu’ils vont jusqu’au bout : ils détruisent tout. Mais ils vont jusqu’au bout parce que j’y vais moi-même, et que je me détruis aussi », avait-il déclaré. Quarante-quatre ans après son suicide, Chaval est encore et toujours notre contemporain, pour le meilleur et, bien sûr, pour le pire.

Chronique

Il s’agit d’un recueil de dessins de l’illustrateur Chaval. Ce dernier est né en 1915 et se donne la mort en 1968. Durant la seconde guerre mondiale, il semble avoir collaboré d’une certaine façon non pas en adoptant l’idéologie de l’Allemagne nazie mais par ses dessins antisémites que le journal pro-nazi Le Progrès a publié. Mais des années plus tard, il s’en est repenti disant que les esquisses de cette époque là était les plus mauvaises de sa vie. C’est dans les années 50 qu’il devient vraiment connu. Homme aux multiples talents (dont il ne semble pas être conscient), il est cinéaste, dessinateur, écrivain et graveur. Impulsif et ayant des idées très arrêté sur la société, il fait preuve d’une clairvoyance incroyable sur le monde qui l’entoure que ce soit sur la vie politique, l’individualisme croissant ou encore la bêtise humaine. Mais, il a une vie privée tourmentée qui va le mener au suicide.

Le commencement de la sagesse

Dans ce livre, les illustrations sont regroupées par grands thèmes : hommes, culture, politique, amour, bêtes, etc… Le style est épuré que ce soit dans l’environnement où évolue les personnages que dans le trait lui même. N’apparait que le strict nécessaire à la compréhension du dessin. Il lui suffit souvent d’ajouter un petit détail ou un trait afin d’apporter toute la force à son œuvre. Et oui une image se lit, chaque élément compte. Plusieurs types d’humour sont réunis : satire politique, absurde, dérision, humour noir. Certains dessins n’ont pas pris une ride et sont malheureusement toujours d’actualité.

Par contre, je pense être passée totalement à coté de certaines illustrations. Ceci est notamment du au fait qu’elles ont été réalisées à une autre époque bien différente de la nôtre. D’autres ont été ébauché sans forcément chercher à faire sourire le lecteur.

Je remercie vraiment la maison d’édition Les Cahiers dessinés ainsi que Babelio pour cette belle découverte.

Chaval, Tous les hommes sont des cons, éd. Les cahiers dessinés, 208 p., 19€

Fanny

Le Journal de Mr Darcy d’Amanda Grange

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Qui n’a jamais eu envie de connaitre les pensées de Mr Darcy? Ou de savoir comment son amour pour cette chère Lizzy s’est développé? Amanda Grange a réalisé ce rêve en rédigeant Le Journal de Mr Darcy. Il s’agit là d’une réécriture d’Orgueil et Préjugés de Jane Austen mais du point de vue du héros masculin Fitzwilliam Darcy. Ce roman se présente sous la forme d’un journal intime. Jour après jour, nous suivons ses joies, ses choix (pas toujours judicieux) mais aussi ses déconvenues. Et oui, tout n’est pas rose dans la vie de Darcy… loin de là!

Il n’y a pas de surprise à propos de ce roman puisque l’auteur reprend l’action d’Orgueil et Préjugés. Mais l’écriture est fluide et le style est très facile à lire. On découvre un Darcy sensible qui se cache la plupart du temps derrière une carapace du à une certaine froideur mais aussi au respect des convenances nombreuses à cette époque. J’avoue qu’il m’a beaucoup attendri. Il est tel que je me l’imaginais lorsque j’ai lu l’œuvre de Jane Austen. Lydia et Wickham sont toujours aussi insupportables. Ne parlons pas de Mrs Bennet qui m’a paru plus antipathique que dans le roman original…

Pour ce qui est de le forme, la couverture est juste très belle. Bravo aux éditions Milady et à l’illustratrice Anne-Claire Payet! Sinon, j’ai beaucoup aimé la mise en page du journal avec des dates précises qui nous permettent de bien suivre l’histoire dans le temps. L’univers de Jane Austen est respecté malgré un écriture un peu contemporaine à mon goût. Pour résumé, il s’agit d’un bon roman à lire sans prise de tête pour se plonger dans l’esprit de Mr Darcy et en savoir plus sur ce personnage pleins de mystères.

Fanny

Orgueil et Préjugés de Jane Austen

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Roman paru en 1813, Orgueil et Préjugés est connu pour être un classique de la littérature anglaise du XIXe siècle mais aussi pour être l’œuvre phare de Jane Austen.

Avec ce livre, j’ai fait les choses à l’envers. J’ai commencé par visionner maintes fois les adaptations (1995 et 2005) pour finir par le lire. Voilà qui est chose faite. Mais quelle erreur d’avoir attendu si longtemps! Je ne pense pas m’appesantir sur cette article puisque ce roman a été chroniqué et re-chroniqué. Il n’y aura donc pas de résumé mais seulement mes impressions.

Tout d’abord, je pense que le fait d’avoir, dans un premier temps, vu les adaptations a diminué le plaisir que j’aurais pu prendre. Je connaissais déjà toutes les actions alors forcément aucune surprise. Mais je suis vraiment ravie d’avoir découvert ce livre d’une fraicheur et d’une ironie incroyable sur l’époque. La plume de Jane Austen est toujours aussi excellente et acérée. Certains personnages sont de véritables stéréotypes ou caricatures comme Lydia, Mme Bennet ou encore Mr Collins. D’ailleurs ce dernier a vraiment des réflexions mal venues… C’est impensable!!!! Autant Mme Bennet m’a beaucoup faire rire que Lydia pas du tout. Je l’ai trouvé manipulatrice et opportuniste au possible. J’ai adoré la fin, Darcy et Lizzy son vraiment attachants. J’éspère avoir bientôt l’occasion de continuer ma découverte des œuvres de Jane Austen en particuliers avec Northanger Abbey qui m’attire beaucoup. Comme vous avez pu le lire, j’ai beaucoup de mal à exprimer ce que j’ai ressenti à la lecture de ce roman. D’ailleurs j’en suis désolée. Mais j’ai adoré ça c’est sur.

Durant les deux semaines passées, je me suis fait un véritable marathon Orgueil et Préjugés puisque j’ai déjà dévoré Coup de foudre à Austenland de Shannon Hale (sortie le 3 mai 2013 aux éditions Charleston) ainsi que Le journal de Mr Darcy d’Amanda Grange (chronique à venir). Que du plaisir!

Fanny

Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor

Ce court roman (à peine 80 pages) a été pour la première fois publié dans sa version intégrale dans un magazine américain en 1938. L’auteure, Kathrine Kressmann Taylor (1903-1996), a un parcours plutôt atypique. Il s’agit d’une femme au foyer qui, en 1947, deviendra la première femme titulaire d’un poste d’enseignant au collège de Gettysburg en Pennsylvanie. C’est son mari et son éditeur qui lui conseillent d’utiliser un pseudonyme masculin afin de ne subir aucunes représailles. Ce livre est seulement réédité à la fin des années 1990 dans 20 langues pour atteindre l’Allemagne en 2001 et la Grande-Bretagne en 2002.

On suit les échanges de lettres entre deux protagonistes entre 1932 et 1934. Martin et Max, deux allemands d’origine, sont les propriétaires d’une galerie d’art à San Francisco. Martin décide de repartir en Allemagne avec sa famille afin de retrouver son pays natale. Max, de religion juive, reste aux États-Unis et continu de s’occuper de leur affaire.

Il existe, pour moi, un vrai bémol. On découvre d’une lettre à une autre le changement idéologique de Martin. J’ai trouvé ça assez brutal. J’aurai vraiment préféré découvrir le glissement progressif qui s’opérait. En effet, Martin adhère totalement aux propos d’Hitler, le tout nouveau chancelier allemand vu comme un sauveur face à la crise qui embourbe le pays. Il a également sa carte du parti national-socialiste des travailleurs allemands ou parti nazi. Au fil des lettres les liens se dénouent jusqu’à un point de non retour.

J’ai beaucoup aimé la fin même si elle est assez violente je l’admets. La mise en page m’a plu. Par contre, je ne sais pas si les autres éditions sont identiques? Il s’agit d’un classique qu’il faut avoir lu au moins une fois pour la mémoire de ces années sombres qui font parties de l’histoire.

Fanny

Tag des titres

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Felicity Jones dans Cheerful weather for the wedding (2012)

Merci beaucoup à Céline et Bianca de m’avoir taguer. C’est avec plaisir que je reprends ces questions. J’apprécie particulièrement ce tag car il permet de se faire connaitre à ses lecteurs. Je pense que les réponses en disent assez long sur qui je suis. Je vous laisse donc découvrir!

Décris toi : Complétement cramé! (Gilles Legardinier)

Comment te sens-tu ? Seul dans le noir (Paul Auster)

Décris où tu vis actuellement : Le château de Cassandra (Dodie Smith)

Si tu pouvais aller n’importe où, où irais-tu ? Austenland (Shannon Hale)

Ton moyen de transport préféré : Océans (Jacques Perrin) [Pas trouvé mieux… Mais on se comprend!]

Toi et tes amis vous êtes ? Le club des incorrigibles optimistes (Jean-Michel Guenassia)

Comment est le temps ? Un papillon sous la neige (Daphne Kalotay)

Ton moment préféré de la journée ? Rien ne s’oppose à la nuit (Delphine de Vigan)

Qu’est la vie pour toi ? Le livre des illusions (Paul Auster)

Quel est le meilleur conseil que tu as à donner ? Comment arrêter de se prendre la tête et profiter enfin de la vie (Giulio Cesare Giacobbe)

Ta peur ? Des bleus à l’âme (Françoise Sagan)

Ta pensée du jour ? La vie devant soi (Romain Gary)

Comment aimerais-tu mourir ? La princesse effacée (Alexandra de Broca)

La condition actuelle de ton âme : Un sentiment plus fort que la peur (Marc Levy)

Voilà! Franchement, il ne s’agit pas d’une mince affaire. Choisir des titres pour les questions « Décris toi » et « Ton moyen de transport préféré » a été difficile. Mais je pense avoir réussi à retranscrire avec sincérité qui je suis aujourd’hui. Alors qu’en dites vous?

Je tague deux blogueuses puisque déjà pas mal de personnes se sont déjà prêtées au jeu et il s’agit de Anna’s bookshelf et Nausicaaaa.

Fanny

Tous les rêves du monde de Theresa Revay

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Après avoir lu Dernier été à Mayfair qui a été un de mes coups de cœur de l’année 2012, je continue ma découverte de l’œuvre de Theresa Revay avec ce roman publié en 2009.

Xénia Ossoline est une femme à la vie marquée par l’Histoire. Elle a connu l’exil de sa Russie natale vers Paris en 1917. Elle traverse la seconde guerre mondiale non sans mal. C’est en 1944 qu’on la retrouve. Après la mort de son mari, elle décide de partir pour Berlin afin de savoir si son amant qu’elle a toujours aimé est vivant. Mais ce qu’elle ne sait pas encore c’est qu’elle va retrouver un homme rescapé d’un camp de concentration qui n’est plus que l’ombre de lui même. Le sort semble s’acharner puisque Xénia porte de lourds secrets qu’elle devra un jour ou l’autre confesser. Ceci est l’histoire principale. Mais ce roman recèle de nombreuses autres histoires parallèles. Les liens entre les personnages se nouent et se dénouent comme soumis à une certaine fatalité. Les personnages sont très attachants car malmenés par l’Histoire. Leurs sentiments sont décris avec une justesse impressionnante. Les mots sont toujours justes et choisis avec finesse.

J’ai aimé ce roman. Theresa Revay nous entraine dans les méandres de cette époque sombre et trouble d’épuration et de reconstruction difficile entre Paris, Berlin et New York. Ce roman historique est aussi instructif que divertissant.  L’auteure a réalisé un travail de recherche  très précis. Les événements historiques sont détaillés. J’ai vraiment adoré ça.

La fin m’a donné du baume au cœur. Une conclusion douce-amère. Je me suis surprise à frissonner lors du dernier chapitre. J’ai reconnu tout le talent de cette écrivain. Merci donc pour ce beau moment de lecture.

Je vous mets le billet de Céline qui m’a donné envie de lire ce roman : Tous les rêves du monde – Les livres de Céline.

Fanny