La Fabrique de l’intime, mémoires et journaux de femmes du XVIIIe siècle de Catriona Seth

Voici un article à propos d’un livre qui, j’en suis certaine, intéressera pas mal de lecteurs et lectrices de ce blog. Je suis passionnée d’histoire et avoir l’opportunité de recevoir un livre tel que celui-ci est une aubaine. Merci aux éditions Robert Laffont. Il s’agit là d’un recueil de mémoires et de journaux de femmes ayant vécues entre le début du XVIIIe et le tout début du XIXe siècle.

A propos de l’auteur

Catriona Seth est enseignant-chercheur spécialiste du siècle des Lumières à l’Université de Lorraine. Elle a notamment participé à l’édition de romans de cette période comme Les Liaisons dangereuses de Pierre-Ambroise Choderlos de Laclos chez Gallimard pour la Bibliothèque de la Pléiade. Avant d’obtenir son agrégation, elle a travaillé comme traductrice-interprète dans le privé.

La maison d’édition Robert Laffont m’a proposé de me mettre en contact avec l’auteure. Chose que j’ai tout de suite accepté. C’est ainsi que Catriona Seth a gentiment répondu à nos questions. Pour son interview qui complète cet article, c’est par ici : Interview de Catriona Seth, auteure de La fabrique de l’intime.

Le livre

Ce recueil réunit des écrits personnels de femmes qu’elles soient très connus, comme Germaine de Staël ou bien inconnu du grand public. Peu importe les classes sociales dont ces femmes sont issues ou leur rôle dans l’histoire , elles ont su faire parvenir jusqu’à nous leurs témoignages à propos de leur temps. Dans une première partie d’une cinquantaine de pages, Catriona Seth nous explique qui écrit, dans quel contexte et pourquoi.  Ces questions sont bien souvent liées à la condition sociale ou à la place de la femme dans la société. Qu’elles soient laïques ou religieuses, aristocratiques ou du peuple, elles nous donnent à voir leur époque.

« En grande partie, l’écriture au féminin est un phénomène parisien, aristocrate ou bourgeois. »

La seconde partie du livre est consacrée aux textes. Un par femme, ils sont plus ou moins longs. Chacun d’entre eux est introduit par l’auteure. Je n’ai pas lu ce livre de bout en bout. J’ai préféré faire une sélection de textes qui m’intéressaient et qui m’apporteraient différents point de vue sur l’époque. Je vais vous en présenter deux :

Victoire Monnard est une jeune fille, assez impertinente et effrontée, du peuple née dans une famille de fermier. A l’âge de six ans, elle est tout de même envoyé à l’école puis en pension. Elle nous expose la vie dure que mène ses parents, les nombreux accidents domestiques, la mortalité infantile très élevée, la religion, les travaux agricoles, les moments de loisirs (la fête du village avec notamment une loterie), la description très détaillée des us et coutumes de cette catégorie sociale, la révolution française. Elle couche également sur le papier ses sentiments et son souhait de partir pour la capitale où elle travaille et devient une femme très indépendante. Elle nous raconte son enfance, son établissement à Paris puis son mariage et la naissance des ses enfants. Elle aura vécu sous Louis XVI, la révolution française et Napoléon Ier.

Germaine de Staël fait parti de l’aristocratie. Elle est fille d’un banquier. En 1786, elle devient baronne de Staël en épousant un ambassadeur de Suède. Mais en parallèle de sa vie maritale, elle possède une vie sentimentale agitée. Elle se séparera de son époux en 1800. Favorable à la révolution française, elle doit régulièrement se réfugier chez son père en Suisse. Napoléon Ier va d’ailleurs l’interdire de séjour en France. Elle a énormément écrit au long de vie. Le texte sélectionné est rédigé en 1785. Nous sommes juste avant son mariage et son principal prétendant lui est présenté pour organiser un mariage arrangé. Elle le rencontre une première fois à Paris. Puis, c’est lui que se déplace pour passer du temps avec sa future belle-famille. L’écriture est recherchée. Nous avons clairement affaire à une femme de lettres. Les sentiments sont exposés avec beaucoup de pudeur.

Un livre très enrichissant et innovant. Ici la parole est donnée aux femmes avant tout. Celle qu’elles n’ont pas pu exprimer à leur époque.  Ce recueil est un trésor pour celles et ceux qui souhaite en apprendre sur le siècle des Lumières du point de vue des femmes de différentes catégories sociales. Quel regard portent-elles sur leur société? Quels sont leurs préoccupations?Mais attention il s’agit d’un pavé de plus de 1200 pages et d’une lecture exigeante. Les tournures de phrases sont bien différentes de ce que nous avons l’habitude de lire.

« Décidées à écrire sans se faire éditer, de nombreuses femmes ont concilié ambitions littéraires et respect des conventions sociales, une résolution de la tension entre les élans vers l’écriture et le refus de s’exhiber sur la scène littéraire. »

Quelques liens intéressants

Extrait du journal de Félicité de GenlisArticle dans le républicain lorrain – Article sur le site Fabula – Recherche en littérature – Page du livre sur le site de la collection Bouquins des éditions Robert Laffont

Quelques portraits de femmes citées dans La Fabrique de l’intime

     Madame Germaine de Staël (1766-1817) par François Gérard

Jeanne-Marie Roland de la Platière (1754-1793) par Adelaide Labille-Guiard Madame Germaine de Staël (1766-1817) par François Gérard

 

Suzanne Necker (1737-1794) par Jean-Sifred Duplessis

Encore merci aux éditions Robert Laffont pour cette très belle découverte!

    

Fanny

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.