Résumé de l’éditeur : À 18 ans, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Judith Earle, une jeune fille de bonne famille du sud de l’Angleterre, regagne la grande maison familiale au bord de l’eau. Elle vient de terminer ses études à Cambridge. Elle assiste au retour de ses voisins, les cousins Fyfe, qu’elle a idolâtrés tout au long de son enfance solitaire. Dans une mosaïque faisant alterner passé et présent, Judith se souvient de leurs jeux, et des fantasmes induits par ces jeunes garçons qui revêtaient pour elle un caractère quasi mythique tant ils étaient beaux, socialement doués, à l’aise en toutes circonstances… Tous ont grandi, et elle revoit chacun identique et différent de l’enfant qu’il fut. Mais la magie de l’enfance n’est-elle pas déjà devenue poussière ?
Conseillé par Jean-Noël Liaut, l’auteur de l’excellente biographie Nancy Mitford, la dame de la rue Monsieur, je n’ai pas attendu longtemps avant de me procurer ce roman assez peu connu en France. Poussière possède un charme particulier et suranné. D’une écriture fine et ciselée, Rosamond Lehmann décrit chaque personnage, chaque mouvement, chaque objet et chaque situation avec beaucoup de détails, de subtilité et de pertinence. Le rythme est lui aussi assez singulier. Les chapitres sont plus ou moins courts. Le temps s’étend avec indolence mais aussi une certaine intransigeance. Le tout est réussi et m’a procuré de belles heures de lecture.
Rosamond Lehmann nous dépeint l’enfance et l’adolescence de Judith. Le lecteur suit une héroïne solitaire et observatrice à travers les saisons et les années. Nous assistons à l’éveil de ses sens et du sentiment amoureux avec tâtonnement, maladresse et parfois une pointe de naïveté. Les relations entre les différents protagonistes sont complexes et parfois ambiguës. Les personnages portent d’ailleurs en eux une part de mystère et d’ombre. C’est aussi une jeunesse pleine de doute, de déception et de mélancolie dus notamment à la Première Guerre mondiale qui nous est donnée à voir. Les femmes sont au premier plan, la difficulté d’être indépendante malgré des études poussées.
Revenir à un classique de la littérature britannique m’a fait un bien fou. Il y a encore quelques semaines, Poussière m’était totalement inconnu tout comme Rosamond Lehmann. La surprise fut donc d’autant plus belle. Paru pour la première fois en 1927, ce roman est beaucoup trop méconnu. Il est sensible et plus complexe qu’il n’y parait.
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Fanny