The scent keeper d’Erica Bauermeister



Emmeline vit en complète autarcie en compagnie de son père sur une île battue par les vents. Le paternel recueille des odeurs grâce à une ingénieuse machine pour ensuite les mettre en bouteille et les conserver. Un vrai sacerdoce ! Isolée de tous et de tout, la petite Emmeline va découvrir que son père lui cache des choses, beaucoup de choses.


Chaque mois, le Reese’s book club (club de lecture initié par l’actrice Reese Whiterspoon) propose une lecture commune autour d’un ouvrage ayant les femmes comme point commun. Ce mois-ci, je n’ai pu résister à l’envie de participer tant le livre proposé me tentait. Et puisque je souhaite lire davantage en anglais, c’était l’occasion de faire d’une pierre deux coups.

Commençons par parler de l’atmosphère prenante et poétique du roman. J’ai adoré parcourir l’île de notre chère héroïne. Cette nature hostile et sauvage m’inspire beaucoup d’humilité. Malgré ses difficultés, la vie insulaire m’a toujours fascinée, sûrement un vieux rêve bien difficile à réaliser et donc refoulé. Les descriptions sont superbes et ne donnent qu’une envie : tout quitter pour prendre le large.

Comme le titre l’indique, les senteurs sont au cœur du roman. Erica Bauermeister fait l’éloge de l’odorat, ce sens capable de tant de prodiges. Qui n’a jamais vu des sensations s’accroître ou des souvenirs refaire surface grâce à une odeur bien particulière ? La romancière n’hésite pas à pointer du doigt les travers de qui détient le pouvoir de créer des fragrances dans un but de manipulation commerciale.

Emmeline est une héroïne en quête d’identité qui a tout à apprendre. Comme toute personne en court d’apprentissage, elle faut des erreurs qui vont finalement lui être bénéfique et lui montrer ce qu’est l’essentiel. Les personnages secondaires ne restent et sont plein de humanité. Je pense notamment à Colette, Henry ou encore Fisher.

Erica Bauermeister signe ici un roman authentique et d’une grande sensibilité. Elle y distille une philosophie de retour à la simplicité et à l’essentiel.

Fanny

La guerre des mercredis de Gary D. Schmidt

Résumé de l’éditeur : S’il y a un élève du collège que Mme Baker, la prof d’anglais, ne peut pas voir en peinture, c’est bien lui, Holling Hoodhood. Chaque mercredi, alors que la moitié de la classe de cinquième est dispensée de cours pour se rendre à la synagogue, et que l’autre moitié va au cathéchisme à l’église de la paroisse, Holling Hoodhood, qui n’est ni juif ni catholique, est le seul et unique élève à rester en cours avec Mme Baker. Elle le lui fait payer. Cela fait plusieurs mercredis qu’il nettoie les tableaux, dépoussière les effaceurs, retire les toiles d’araignée, décrasse les fenêtres. Et voilà que Mme Baker s’est mis en tête de lui faire lire du Shakespeare ! Encore un stratagème pour le faire périr d’ennui.

En ce moment, je ressens comme une fringale de lecture jeunesse. J’ai besoin de retrouver des sensations d’enfance et des personnages aussi candides que clairvoyants. La guerre des mercredis est un roman américain publié pour la première fois en France en 2016. Nous rencontrons Holling, un jeune garçon énergique, réfléchi et observateur. Son année scolaire 1967-1968 se déroule sous nos yeux pendant un peu moins de 450 pages. Le récit est construit grâce à des rebondissements, des réflexions sur le monde qui entoure notre héros et un patronage éclatant en la personne de William Shakespeare (rien que ça!). L’humour n’est pas en reste et est très présent. Entre bons mots et situations cocasses, Gary D. Schmidt nous entraîne sans aucune difficulté avec lui.

A travers le regard de Holling se dévoile des thématiques pour le moins fortes et d’actualité. La différence, les variétés de confessions, le harcèlement scolaire sont autant de sujets abordés au cours du roman. C’est aussi un pan de l’histoire des États-Unis qui nous est donné à voir, celui de la guerre du Vietnam, du Flower Power ou encore de la candidature de Robert Kennedy à la présidence des États-Unis avant son assassinat. L’auteur démontre également le pouvoir de l’art, du théâtre et de la littérature comme méthode d’échappatoire et d’épanouissement malgré des préjugés tenaces. Notre jeune héros se forge une véritable famille au sein de son collège, ses parents étant pour le moins attentistes et obnubilés par leur carrière.

La guerre des mercredis est un roman jeunesse assez méconnu et peu mis en avant. Il vaut pourtant son pesant d’or. En effet, il s’agit d’un récit rafraîchissant mais non dénué de sens et d’une certaine profondeur. Je n’en ai pas encore fini avec les romans pour la jeunesse puisque Tobie Lolness de Timothée de Fombelle et le premier opus de Lady Helen d’Alison Goodman vont bientôt passer entre mes mains.

  • Broadway Limited, Tome 1 : Un dîner avec Cary Grant de Malika Ferdjoukh
  • How to stop time de Matt Haig
  • Vango, Tome 1 : Entre ciel et terre de Timothée de Fombelle

Fanny

L’âge de l’innocence d’Edith Wharton

Résumé de l’éditeur : Au début des années 1870, au sein du petit univers élitiste et fermé de la bonne société new-yorkaise, Newland Archer s’apprête à épouser May Welland, incarnation « de tout ce à quoi il avait cru et qu’il avait révéré ». L’irruption de la cousine de sa future femme, la mystérieuse comtesse Olenska qui rentre inopinément d’Europe pour fuir un mariage malheureux, va donner une tournure inattendue à ses fiançailles. Alors que la comtesse fascine et scandalise tour à tour New York, Archer voit le mélange de sympathie et de perplexité que lui inspire Ellen Olenska se changer peu à peu en un sentiment plus troublant. Mais il prend également conscience de l’implacable étau dans lequel la société corsetée du « vieux New York » enferme les individus et du sort qu’elle réserve à ceux qui refusent de se conformer à ses règles.

Connu en France sous le titre Le temps de l’innocence, les éditions des Belles lettres ont souhaité rééditer ce roman dans une nouvelle traduction et un nouveau titre, L’âge de l’innocence. Après avoir lu Chez les heureux du monde et Les beaux mariages, c’est tout naturellement que j’ai voulu continuer ma découverte de l’univers d’Edith Wharton. Cette fois, la romancière remonte le temps jusqu’aux années 1870 où nous suivons un jeune homme de la bonne société new-yorkaise. Le faste et les faux-semblants cachent une bien triste réalité. En effet, Newland est ligoté par des carcans sociétaux et des codes pesants. Se mêlent dans son esprit la frustration, l’envie de liberté, d’indépendance et de changer sa vie.

Comme à son habitude, Edith Wharton nous offre un roman où les détails foisonnent et ont leur importance. Rien n’est anodin, et surtout pas lorsqu’il s’agit de décortiquer la haute-société new-yorkaise. Cette dernière est d’ailleurs souvent comparée au Vieux Continent vu comme tolérant voire carrément bohème. Le dernier chapitre est tout simplement magistral de mélancolie et de sens. Cette mise au point sur le passé apporte une chute douce-amère ainsi qu’un très beau point final à l’ensemble. J’avoue être restée sans voix face à une existence où les regrets ont tendance à prendre le dessus. Le seul bémol? Au début de ma lecture, je me suis quelque peu perdue dans les noms des personnages et les liens entretenus entre eux.

Paru en 1920, L’âge de l’innocence se démarque par bien des aspects des deux précédents titres que j’ai pu lire d’Edith Wharton. Les carcans de la société new-yorkaise frappe de plein fouet un jeune homme à la veille de son mariage dans les années 1870. La chute pleine de mélancolie et de prise de conscience m’a particulièrement plu. J’espère avoir l’occasion d’aller encore un peu plus loin dans l’œuvre de cette grande romancière américaine avec Été, Les Boucanières ou encore Ethan Frome.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Croquis d’une vie de bohème de Lesley Blanch
  • Deux remords de Claude Monet de Michel Bernard
  • Persuasion de Jane Austen

Fanny

L’Empreinte d’Alexandria Marzano-Lesnevich

Résumé de l’éditeur : Étudiante en droit à Harvard, Alexandria Marzano-Lesnevich est une farouche opposante à la peine de mort. Jusqu’au jour où son chemin croise celui d’un tueur emprisonné en Louisiane, Rick Langley, dont la confession l’épouvante et ébranle toutes ses convictions. Pour elle, cela ne fait aucun doute : cet homme doit être exécuté. Bouleversée par cette réaction viscérale, Alexandria ne va pas tarder à prendre conscience de son origine en découvrant un lien entre son passé, un secret de famille et cette terrible affaire qui réveille en elle des sentiments enfouis. Elle n’aura alors cesse d’enquêter inlassablement sur les raisons profondes qui ont conduit Langley à commettre ce crime épouvantable.

Le Grand prix des lectrices Elle 2019 nous propose décidément une belle sélection de témoignages et de policiers. L’Empreinte ne déroge pas à la règle et est en réalité un mélange des deux genres. Ce livre m’a happée dès les premières pages grâce à une écriture fine et brillante. L’écrivaine alterne le récit de son parcours personnel si dur et celui de Ricky Langley, pédophile et assassin. Le parallèle entre les deux nous apparait petit à petit et finit par faire sens. Certains passages sont ardus mais finalement nécessaires aux lecteurs mais aussi à l’écrivaine elle-même. Les dernières pages m’ont laissée sur ma faim même si je comprends le sens de ce choix.

Victime de viol par un membre de sa famille, Alexandria Marzano-Lesnevich est impressionnante de recul, de clairvoyance mais aussi de sensibilité car sous son fort caractère se cache une faille d’une profondeur sans nom. Ce livre est clairement le réceptacle d’une recherche d’explication. Pourquoi les pédophiles sont ce qu’ils sont? Comment surmonter le traumatisme? La justice américaine, la psychologie et le terrain sociologique de Ricky Langley sont également décryptés pour nous. Ce sont aussi les dysfonctionnements réels d’un société et d’individus qui nous sont montrés. Le travail de recherche et d’analyse d’Alexandria Marzano-Lesnevich est assez colossale

Ce livre m’a subjuguée de bout en bout. Alexandria Marzano-Lesnevich fait preuve de talent aussi bien dans son écriture que dans son travail de recherche et sa capacité de recul. Rien n’est tout blanc ni tout noir, la complexité des personnalités présentes dans ce livre est flagrante. Ici pas de pathos mais une vraie réflexion et une quête d’explication. Ce récit est dur parfois. Il est aussi sensible que terrible.

Lu dans le cadre du Grand prix des lectrices Elle 2019.

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  • Avec toutes mes sympathies d’Olivia de Lamberterie
  • Dura lex de Bruce DeSilva
  • La petite femelle de Philippe Jaenada

Fanny

Le chant des revenants de Jesmyn Ward

Résumé de l’éditeur : Jojo n’a que treize ans mais c’est déjà l’homme de la maison. Son grand-père lui a tout appris : nourrir les animaux de la ferme, s’occuper de sa grand-mère malade, écouter les histoires, veiller sur sa petite sœur Kayla. De son autre famille, Jojo ne sait pas grand-chose. Ces blancs n’ont jamais accepté que leur fils fasse des enfants à une noire. Quant à son père, Michael, Jojo le connaît peu, d’autant qu’il purge une peine au pénitencier d’État. Et puis il y a Leonie, sa mère. Qui n’avait que dix-sept ans quand elle est tombée enceinte de lui. Qui aimerait être une meilleure mère mais qui cherche l’apaisement dans le crack, peut-être pour retrouver son frère, tué alors qu’il n’était qu’adolescent. Leonie qui vient d’apprendre que Michael va sortir de prison et qui décide d’embarquer les enfants en voiture pour un voyage plein de dangers, de fantômes mais aussi de promesses… 

Férue de littérature américaine, ce roman me faisait de l’œil depuis sa sortie. Je suis donc ravie de l’avoir retrouvé dans la sélection du Grand prix des lectrices Elle 2019. Jesmyn Ward nous propose un roman fort et poignant grâce à une très belle écriture fine, claire et poétique. Le récit prend forme à trois voix : celle de Jojo, de Léonie (sa mère) et de Richie tout droit venue du passé. Dans la veine des grands romans américains, la romancière nous emporte dans un road trip à travers une partie des États-Unis. De plus, une touche fantasmagorique et surnaturelle vient rehausser l’ensemble et apporte une profondeur un peu plus sombre au récit.

Très vite, le lecteur comprend toute l’étendue du mal-être des différents personnages. Le poids du passé les écrase et les empêche d’avancer. Ils portent ainsi le lourd héritage de l’esclavagisme, de la ségrégation et du racisme. Les fantômes ne sont jamais loin et hantent chacun d’entre eux. Finalement, en peu de pages et avec une émouvante subtilité, Jesmyn Ward parvient à construire un roman aussi ancré dans l’Histoire des États-Unis que terriblement d’actualité. Nous sommes également face à un récit sociale et réaliste. La drogue, l’emprisonnement, les soucis financiers, les lacunes affectives, les mauvais traitements et le métissage minent toute une fragile génération.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce roman. Jesmyn Ward puise dans les heures les plus sombres des États-Unis pour nous proposer un récit fort et hors du commun. La plume de la romancière, le destin des personnages qu’elle a créé et la construction de l’intrigue ont su me transporter. Un roman nécessaire, c’est certain.

Lu dans le cadre du Grand prix des lectrices Elle 2019.

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  • 4 3 2 1 de Paul Auster
  • A l’orée du verger de Tracy Chevalier
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Fanny

Les beaux mariages d’Edith Wharton

Résumé de l’éditeur : Ondine Spragg s’ouvre les portes de l’aristocratie new-yorkaise grâce à son mariage avec Ralph Marvell. Son ambition l’amène à divorcer et à se lancer à la conquête des hommes susceptibles de lui apporter tout ce qu’elle désire, c’est-à-dire l’amusement mais aussi la respectabilité. Si elle échoue face au banquier Peter Van Degen, elle va trouver une nouvelle victime en la personne du Marquis de Chelles, grâce à qui elle va – espère-t-elle – trouver une place de choix dans le monde du Faubourg Saint-Germain. Mais c’est vers Elmer Moffatt, un ami d’enfance auquel elle avait été mariée secrètement, qu’elle finira par revenir et en compagnie duquel elle trouvera le bonheur.

Publié en 1913, Les beaux mariages est le sixième roman de la romancière américaine Edith Wharton. Je garde un très beau souvenir de son tout premier récit Chez les heureux du monde, roman lu il y a plusieurs années à la chute pour le moins tragique. Nous retrouvons ici la même plume fine et détaillée. Le ton est clairement ironique. Le lecteur rie jaune à tous ces faux-semblants, ces jeux de séduction et ces défilés de beaux partis dont l’intérêt se situe uniquement au niveau du porte-monnaie. Les tractations vont bon train tout comme les intrigues amoureuses. Les réputations se font et se défont en un rien de temps dans le New-York aristocratique du début du XXe siècle. La romancière pose ainsi un regard acéré sur ses contemporains et sur sa classe sociale.

La publication de ce roman intervient l’année du divorce d’Edith Wharton, ce qui n’est surement pas anodin. En effet, le sujet et ses conséquences sont développés tout au long du récit. Les mariages et les divorces sont utilisés pour arriver à ses fins et grimper dans l’échelle sociale. La condition des femmes de cette époque est également prégnante et plus particulièrement l’intransigeance des convenances envers le « sexe faible ». L’héroïne, Ondine, et son destin ne sont d’ailleurs pas sans rappeler La foire aux vanités de William Makepeace Thackeray. Edith Wharton déroule une comédie de mœurs entre New-York, la France et l’Italie. J’attendais particulièrement l’écrivaine sur la chute de son roman. Force est de constater qu’elle est assez plate car trop sage à mon goût.

Je me suis plongée avec délice entre les pages des Beaux mariages. La plume d’Edith Wharton et son ton mordant sont toujours aussi impressionnants et agréables à redécouvrir. La romancière n’hésite pas à écorcher l’aristocratie américaine, milieu dont elle est issue. Je regrette simplement la chute qui m’a paru quelque peu légère.

Lu grâce à la masse critique Babelio et les éditions Les belles lettres.

babelio

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Chez les heureux du monde d’Edith Wharton
  • L’Été du cyclone de Beatriz Williams
  • Régiment de femmes de Clemence Dane

Fanny

Rituels d’Ellison Cooper

Résumé de l’éditeur : Spécialiste des neurosciences, Sayer Altair étudie pour le FBI les profils psychologiques de tueurs en série. Déroutée par une scène de crime très particulière, sa hiérarchie fait appel à elle. On vient de trouver, dans une maison abandonnée de Washington, le corps d’une jeune fille à qui l’on a injecté une drogue hallucinogène utilisée par les shamans d’Amazonie durant les cérémonies rituelles. Lorsque l’on découvre d’étranges symboles mayas sur les lieux, l’enquête se dirige vers un tueur aussi passionnant qu’insaisissable.

Je me régale en découvrant un peu plus de thriller grâce au Grand prix des lectrices Elle 2019. Je dois dire que l’équipe nous a concocté une jolie sélection avec des romans très réussis. Rituels d’Ellison Cooper ne déroge pas à la règle et a su me tenir en haleine jusqu’au point final. En effet, il s’agit d’un véritable page-turner. J’avoue avoir eu bien du mal à lâcher ce livre avant de connaitre enfin le fin mot de l’histoire. A la manière de grands films comme Seven de David Fincher, Le silence des agneaux de Jonathan Demme ou de séries bien connues, la romancière mélange sciences, profilage et croyances tout en maintenant une bonne dose de réalisme.

Ellison Cooper nous propose un découpage simple mais efficace : un lieu, un chapitre. Ces derniers sont courts et maintiennent un rythme soutenu. L’héroïne m’a beaucoup plu, elle est aussi déterminée dans sa traque du tueur en série qu’humaine. Ses failles et ses réactions sont intéressantes à observer. Les personnages secondaires ne sont pas en reste et bénéficient de belles descriptions. Il est vrai que l’ensemble reste très américain et très ancré dans la tradition du thriller où le FBI porte l’enquête, mais j’avoue n’avoir pas boudé mon plaisir et m’être laissé embarquer dans la poursuite pleine de rebondissements d’un véritable psychopathe.

J’ai beaucoup aimé ce premier tome des enquêtes de Sayer Altair. Nous faisons la rencontre d’une héroïne que la ténacité et les failles rendent humaine, attachante et intéressante. L’enquête n’est pas en reste, aussi flippante que fascinante. J’espère aller plus loin et découvrir une nouvelle intrigue avec le tome 2, Sacrifices, qui devrait sortir en France en 2019.

Lu dans le cadre du Grand prix des lectrices Elle 2019.

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  • Dura lex de Bruce DeSilva 
  • Présumée disparue de Susie Steiner
  • Rivière tremblante d’Andrée A. Michaud

Fanny

Dura Lex de Bruce DeSilva

Résumé de l’éditeur : À la fin des années 1980, Kwame Diggs, le plus jeune tueur en série de l’histoire, a sauvagement assassiné deux femmes et trois petites filles avec des couteaux de cuisine avant même d’être en âge de conduire. Lors de son arres­tation, il y a dix-huit ans, le Code pénal de Rhode Island prévoyait que tout délinquant juvénile, quel que soit son crime, soit libéré à vingt et un ans. Il devrait donc être sorti de prison depuis des années mais il est toujours derrière les barreaux, à cause de condamnations supplémentaires pour possession de drogue et agression de deux gardiens. Le fait que ces accusations soient montées de toutes pièces est un secret de Polichinelle, mais ça ne gêne personne, et surtout pas Mulligan, qui avait enquêté pour le Dispatch à l’époque des faits et qui redoute d’autres meurtres si le tueur est re­mis en liberté. La direction du journal, en revanche, n’est pas du même avis : si l’administration n’est pas inquiétée pour ce coup monté contre un tueur, elle pourra se per­mettre le même type d’agissements avec n’importe qui. Peut-on prendre des libertés avec la loi au nom de la sé­curité ? C’est autour de ce dilemme éthique que le journal, et l’opinion, se déchirent. Mulligan, de son côté, reprend ses investigations et se lance dans une course contre la montre pour maintenir le criminel en détention. Parce que si le meurtrier est relâché, partisans du droit et défenseurs de l’éthique risquent de se retrouver dans le même camp : celui des proies.

Je suis certaine que je serais complétement passée à côte de ce thriller américain sans le Grand prix des lectrices Elle 2019. Quelle erreur cela aurait été car j’ai adoré cette lecture de bout en bout. Dura Lex, « La loi est dure », porte bien son nom. En effet, l’intrigue se noue autour d’une loi stipulant que tout mineur condamné à une peine d’emprisonnement doit être remis en liberté à ses 21 ans. Ce roman se divisent en deux parties. La première concerne deux assassinats perpétrés par un adolescent. Attention aux âmes sensibles car les descriptions des faits et des scènes de crime sont très explicites et réalistes. S’opère ensuite un saut dans le temps qui amène la seconde partie où se joue une lutte entre deux camps : le premier pour et le deuxième  contre une sortie de l’univers carcéral de l’individu en question.

Bruce DeSilva s’est inspiré de faits réels pour imaginer son roman. Ce dernier pose principalement des questions éthiques. Elles le rendent d’ailleurs passionnant. Ainsi, le lecteur s’interroge sur le rôle du journalisme dans une enquête policière et sur l’affrontement entre la réalité d’un serial-killer en liberté et les textes de loi implacables. Le racisme est également présent. Les condamnés sont-ils tous traités de la même manière? Quel sont les rouages qui régissent ce genre d’affaire? Le romancier nous propose finalement une vraie course contre la montre, haletante et prenante. L’ensemble est servi par un style très franc et réaliste. Les personnages sont charismatiques. Bruce DeSilva nous apporte petit-à-petit des informations à leur propos.

J’ai adoré de bout en bout ce roman. Il m’a tenue en haleine tout en me faisant réfléchir. En effet, les questions posées par Bruce DeSilva sont pertinentes et intéressantes. La tension, les personnages charismatiques et le style du romancier ne sont pas en reste.  Je n’ai qu’une envie : lire les deux précédents romans de l’auteur, Pyromanie et Jusqu’à l’os.

Lu dans le cadre du Grand prix des lectrices Elle 2019.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • 4 3 2 1 de Paul Auster
  • Une assemblée de chacals de S. Craig Zahler
  • Yaak Valley, Montana de Smith Henderson

Fanny

Un gentleman à Moscou d’Amor Towles / Rentrée littéraire 2018

Résumé de l’éditeur : Au début des années 1920, le comte Alexandre Illitch Rostov, aristocrate impénitent, est condamné par un tribunal bolchévique à vivre en résidence surveillée dans le luxueux hôtel Metropol de Moscou, où le comte a ses habitudes, à quelques encablures du Kremlin. Acceptant joyeusement son sort, le comte Rostov hante les couloirs, salons feutrés, restaurants et salles de réception de l’hôtel, et noue des liens avec le personnel de sa prison dorée – officiant bientôt comme serveur au prestigieux restaurant Boyarski –, des diplomates étrangers de passage – dont le comte sait obtenir les confidences à force de charme, d’esprit, et de vodka –, une belle actrice inaccessible – ou presque ­–, et côtoie les nouveaux maîtres de la Russie. Mais, plus que toute autre, c’est sa rencontre avec Nina, une fillette de neuf ans, qui bouleverse le cours de sa vie bien réglée au Metropol. Trois décennies durant, le comte vit nombre d’aventures retranché derrière les grandes baies vitrées du Metropol, microcosme où se rejouent les bouleversements la Russie soviétique.

Un gentleman à Moscou est un roman étonnant. Ici, pas de rythme haletant, pas de révélation inattendue ni de tension insoutenable. Amor Towles nous propose de suivre pendant trente deux ans un aristocrate russe assigné à résidence au Metropol, hôtel en plein cœur de Moscou. Après cette condamnation par le tout nouveau régime bolchévique, notre gentleman fait contre mauvaise fortune bon cœur. Ce roman est donc avant tout un personnage. Alexandre Rostov possède des manières impeccables et l’allure d’un dandy. Les informations le concernant nous sont apportées au compte goutte. La plume d’Amor Towles m’a beaucoup plu. Elle est descriptive et empreinte d’un humour pince-sans-rire délicieux.

Le romancier nous entraîne dans une lente déambulation au sein du Metropol que nous finissons par connaitre comme notre poche. Entre suites luxueuses, restaurants huppés et sous-sols contenant les coulisses de cette grosse machine, c’est une micro-société qui nous est donnée à voir. Les personnages secondaires sont hauts en couleur et attachants. Ce roman dégage un charme suranné dans une époque où les codes de l’aristocratie sont proscrits et semblent obsolètes. Le contexte historique est présent par petites touches, de la révolution d’Octobre à Nikita Khrouchtchev. Toutes les références à la littérature et à la poésie russes sont un régal. Elles donnent envie de découvrir et redécouvrir Tolstoï, Dostoïevski ou encore Tourgueniev.

Ce roman est loin de faire l’unanimité, je lui ai pourtant trouvé un certain charme. J’ai appris à connaitre Alexandre Rostov et ce fut bien difficile de le quitter. Son caractère, son charisme, son intelligence m’ont marquée. Les personnages secondaires sont tout aussi présents et attachants : Nina, Sofia, Andreï, Marina et les autres. Les références littéraires et historiques sont également très intéressantes et donnent envie d’aller plus loin. Une très bonne lecture.

Lu dans le cadre du Grand prix des lectrices Elle 2019.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Croquis d’une vie de bohème de Lesley Blanch
  • Scoop d’Evelyn Waugh
  • La guerre et la paix de Léon Tolstoï

Fanny

La vallée des poupées de Jacqueline Susann

Résumé de l’éditeur : 1945. Anne Welles quitte sa famille et son fiancé de Nouvelle-Angleterre pour débarquer à New York, la tête pleine de rêves et de gloire. Elle y devient secrétaire d’un avocat spécialisé dans le théâtre et fait la connaissance de deux autres jeunes femmes qui prévoient de faire carrière dans le monde du spectacle: l’ambitieuse et prometteuse Neelly O’Hara et la très belle mais peu talentueuse Jennifer North. Des bureaux d’agents d’artistes aux coulisses de Broadway, des plateaux d’Hollywood aux premières émissions TV, le roman suit leur ascension (et chute) respective, au rythme de leurs rencontres plus ou moins heureuses, carrière, amitié, amours bien sûr et autres trahisons et désillusions…

Que peut bien cacher l’industrie du divertissement? C’est ce que Jacqueline Susann nous propose de découvrir avec ce roman paru en 1966. Nous suivons trois jeunes filles sur plusieurs années dans leur quête de succès et de carrière. Anne, Neelly et Jennifer se retrouvent bien vite entraînées dans le tourbillon et le rouleau compresseur du show-biz des années d’après guerre aux États-Unis. Le roman court ensuite jusqu’au début des années 60. Le système est extrêmement cruel envers elles. En effet, le passage du temps ne semble pas avoir de prise sur les hommes mais concernant les femmes c’est une toute autre histoire… La plume de Jacqueline Susann est explicite et parfois crue.

Je ne suis pas une spécialiste, mais j’ai l’impression que Jacqueline Susann traite son sujet avec réalisme : compétition féroce, chirurgie esthétique, cure de sommeil, et médicaments (les fameuses poupées), rien n’est à négliger pour tenir le rythme. Elle n’épargne pas ces héroïnes très diminuées et anesthésiées par la prise de ces substances de différentes couleurs. Le roman commence gentiment pour finir par mettre à mal l’American Dream qui vire vite au vinaigre et au drame. Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Ils sont très présents et nous font ressentir différents sentiments. Nous suivons tout ce petit monde avec plaisir mais aussi une certaine fébrilité.

J’ai beaucoup aimé ce roman. Réaliste et explicite, il nous entraine dans les coulisses bien sombres et extrêmes du show-biz des année 40, 50 et 60. Les trois héroïnes sont attachantes malgré leurs choix parfois peu judicieux et dangereux.  C’est aussi le témoignage de l’image de la femme-objet qui doit sans cesse se plier aux diktats esthétiques imposés par l’industrie du divertissement.

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    Fanny