L’âge de l’innocence d’Edith Wharton

Résumé de l’éditeur : Au début des années 1870, au sein du petit univers élitiste et fermé de la bonne société new-yorkaise, Newland Archer s’apprête à épouser May Welland, incarnation « de tout ce à quoi il avait cru et qu’il avait révéré ». L’irruption de la cousine de sa future femme, la mystérieuse comtesse Olenska qui rentre inopinément d’Europe pour fuir un mariage malheureux, va donner une tournure inattendue à ses fiançailles. Alors que la comtesse fascine et scandalise tour à tour New York, Archer voit le mélange de sympathie et de perplexité que lui inspire Ellen Olenska se changer peu à peu en un sentiment plus troublant. Mais il prend également conscience de l’implacable étau dans lequel la société corsetée du « vieux New York » enferme les individus et du sort qu’elle réserve à ceux qui refusent de se conformer à ses règles.

Connu en France sous le titre Le temps de l’innocence, les éditions des Belles lettres ont souhaité rééditer ce roman dans une nouvelle traduction et un nouveau titre, L’âge de l’innocence. Après avoir lu Chez les heureux du monde et Les beaux mariages, c’est tout naturellement que j’ai voulu continuer ma découverte de l’univers d’Edith Wharton. Cette fois, la romancière remonte le temps jusqu’aux années 1870 où nous suivons un jeune homme de la bonne société new-yorkaise. Le faste et les faux-semblants cachent une bien triste réalité. En effet, Newland est ligoté par des carcans sociétaux et des codes pesants. Se mêlent dans son esprit la frustration, l’envie de liberté, d’indépendance et de changer sa vie.

Comme à son habitude, Edith Wharton nous offre un roman où les détails foisonnent et ont leur importance. Rien n’est anodin, et surtout pas lorsqu’il s’agit de décortiquer la haute-société new-yorkaise. Cette dernière est d’ailleurs souvent comparée au Vieux Continent vu comme tolérant voire carrément bohème. Le dernier chapitre est tout simplement magistral de mélancolie et de sens. Cette mise au point sur le passé apporte une chute douce-amère ainsi qu’un très beau point final à l’ensemble. J’avoue être restée sans voix face à une existence où les regrets ont tendance à prendre le dessus. Le seul bémol? Au début de ma lecture, je me suis quelque peu perdue dans les noms des personnages et les liens entretenus entre eux.

Paru en 1920, L’âge de l’innocence se démarque par bien des aspects des deux précédents titres que j’ai pu lire d’Edith Wharton. Les carcans de la société new-yorkaise frappe de plein fouet un jeune homme à la veille de son mariage dans les années 1870. La chute pleine de mélancolie et de prise de conscience m’a particulièrement plu. J’espère avoir l’occasion d’aller encore un peu plus loin dans l’œuvre de cette grande romancière américaine avec Été, Les Boucanières ou encore Ethan Frome.

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Fanny

Les beaux mariages d’Edith Wharton

Résumé de l’éditeur : Ondine Spragg s’ouvre les portes de l’aristocratie new-yorkaise grâce à son mariage avec Ralph Marvell. Son ambition l’amène à divorcer et à se lancer à la conquête des hommes susceptibles de lui apporter tout ce qu’elle désire, c’est-à-dire l’amusement mais aussi la respectabilité. Si elle échoue face au banquier Peter Van Degen, elle va trouver une nouvelle victime en la personne du Marquis de Chelles, grâce à qui elle va – espère-t-elle – trouver une place de choix dans le monde du Faubourg Saint-Germain. Mais c’est vers Elmer Moffatt, un ami d’enfance auquel elle avait été mariée secrètement, qu’elle finira par revenir et en compagnie duquel elle trouvera le bonheur.

Publié en 1913, Les beaux mariages est le sixième roman de la romancière américaine Edith Wharton. Je garde un très beau souvenir de son tout premier récit Chez les heureux du monde, roman lu il y a plusieurs années à la chute pour le moins tragique. Nous retrouvons ici la même plume fine et détaillée. Le ton est clairement ironique. Le lecteur rie jaune à tous ces faux-semblants, ces jeux de séduction et ces défilés de beaux partis dont l’intérêt se situe uniquement au niveau du porte-monnaie. Les tractations vont bon train tout comme les intrigues amoureuses. Les réputations se font et se défont en un rien de temps dans le New-York aristocratique du début du XXe siècle. La romancière pose ainsi un regard acéré sur ses contemporains et sur sa classe sociale.

La publication de ce roman intervient l’année du divorce d’Edith Wharton, ce qui n’est surement pas anodin. En effet, le sujet et ses conséquences sont développés tout au long du récit. Les mariages et les divorces sont utilisés pour arriver à ses fins et grimper dans l’échelle sociale. La condition des femmes de cette époque est également prégnante et plus particulièrement l’intransigeance des convenances envers le « sexe faible ». L’héroïne, Ondine, et son destin ne sont d’ailleurs pas sans rappeler La foire aux vanités de William Makepeace Thackeray. Edith Wharton déroule une comédie de mœurs entre New-York, la France et l’Italie. J’attendais particulièrement l’écrivaine sur la chute de son roman. Force est de constater qu’elle est assez plate car trop sage à mon goût.

Je me suis plongée avec délice entre les pages des Beaux mariages. La plume d’Edith Wharton et son ton mordant sont toujours aussi impressionnants et agréables à redécouvrir. La romancière n’hésite pas à écorcher l’aristocratie américaine, milieu dont elle est issue. Je regrette simplement la chute qui m’a paru quelque peu légère.

Lu grâce à la masse critique Babelio et les éditions Les belles lettres.

babelio

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Fanny

Rebelles honorables de Jessica Mitford

Résumé de l’éditeur : Jessica Mitford a décidé de l’écriture de ce livre à son retour dans la maison de sa mère en 1955, après vingt ans d’absence. « Sur les vitres des fenêtres, on pouvait voir encore les svastikas gravés dans le verre avec une bague en diamant, et pour chaque svastika, une faucille et un marteau soigneusement dessinés. Ma soeur Unity et moi les avions gravés quand nous étions enfants. » Cet étrange vestige de l’enfance donne accès à une réflexion sur les ravages concomitants produits par les familles, sur le mélange de rébellion et de sens de l’honneur qui a permis à Jessica Mitford de faire résonner dans le titre héréditaire d’honorable les tourments et les bonheurs de sa vocation d’écrivain. Émouvant et attachant, ce livre offre une réflexion ironique sur la passion « totalitaire » d’une famille aristocratique anglaise. Ce récit autobiographique de la plus rebelle d’entre les soeurs Mitford révèle une période cruciale du XXe siècle à travers leurs destins contrastés.

A force de vous partager mes lectures autour de la famille Mitford, j’espère ne pas vous agacer mais plutôt attiser votre curiosité. C’est pourquoi je vous présente aujourd’hui la passionnante autobiographie de Jessica Mitford. Cette dernière est la cinquième des six sœurs Mitford. Dotée d’un caractère bien trempé, d’une conscience politique qu’elle développe assez tôt et d’une grande humanité, Jessica va s’affranchir de son extraction sociale et ne pas hésiter à franchir les frontières afin de s’engager pour de grandes causes. Elle nous raconte son parcours avec humour, honnêteté, recul mais aussi une certaine pudeur. J’ai tout simplement adoré découvrir ce destin hors norme.

Jessica Mitford évoque son enfance cloitrée et son éducation aristocratique dans les diverses demeures occupées par ses parents. Vient ensuite le moment d’une émancipation assez brutale puisqu’elle va fuguer pour prendre part à la guerre d’Espagne en compagnie d’Esmond Romilly qu’elle va épouser ensuite. Le récit s’arrête à la mort de ce dernier au début de la Seconde Guerre mondiale. Jessica suggère beaucoup dans les dernières pages, ce qui les rendent d’autant plus déchirantes. J’aurais beaucoup aimé continuer le voyage en sa compagnie car je sais que sa vie ensuite fut foisonnante et pleine de combats aussi bien politiques que familiaux.

Jessica Mitford est une femme hautement inspirante, presque un modèle à suivre. Elle a fait preuve d’une véritable modernité en choisissant sa voie et en s’émancipant de sa famille. Son talent pour l’écriture permet une lecture passionnante, instructive et édifiante sur bien des points.

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    Fanny