Les Vermeilles de Camille Jourdy

Camille Jourdy m’avait précédemment agréablement surprise avec Rosalie Blum, œuvre aussi sensible que drôle et décalée. Ce nouveau roman graphique nous propose de passer de l’autre coté du miroir et de nous perdre en forêt où un monde étonnant et détonnant au goût d’enfance se cache du commun des mortels. Les couleurs et les dessins d’une douceur caractéristique m’ont offert une parenthèse aussi enchantée qu’épique. Des lutins, de petits personnages farceurs, un renard peu bavard et une harde de vermeilles forment une compagnie hétéroclite, colorée et attachante.

Cette bande dessinée décrit le parcours initiatique de la petite Jo. Elle va devoir avancer dans un monde inconnu tout en relevant de nombreux défis et en s’affirmant. Elle va devoir apprendre à se faire entendre, pas si facile pour une petite fille. Sa voix va finir par compter, et pas qu’un peu. C’est aussi le récit d’une évasion du quotidien et de la famille. L’imagination a ce pouvoir extraordinaire d’échappatoire. La nature est partout présente. Camille Jourdy la représente luxuriante et le plus souvent bienveillante, un véritable refuge. Les planches sont un plaisir à contempler, tout comme ces être extraordinaires que sont les vermeilles.

Alors n’hésitez plus, partez vous aussi à la recherche des vermeilles et suivez les pour retrouver votre âme d’enfant et vivre une aventure que seule l’imagination peut créer.

La Passe-miroir, Tome 2 : Les disparus du Clairdelune de Christelle Dabos

Cette chronique n’est franchement pas facile à écrire. Bon je me lance! Sans être un coup de cœur ni réellement exceptionnel, le premier tome de cette saga si plébiscitée m’avait plutôt bien embarquée. Ce fut une toute autre histoire avec ce second opus dont je ressors bien mitigée. J’ai mis près de 200 pages a vraiment entrer dans le récit, avec l’impression de tourner en rond. Ensuite, les longueurs se sont enchainées malgré quelques rebondissements venant rehausser le rythme. L’ensemble m’a paru assez inégal et manquant de substance.

L’un des gros points forts de cette série de romans, et qui va faire que je vais peut-être laisser une chance au troisième opus, reste son univers unique et réussi. Le contexte social, politique et diplomatique est passionnant à découvrir. J’ai également particulièrement apprécié de parcourir la Citacielle et les Sables d’Opale, hauts lieux d’évolution des habitants du pôle. L’autre point fort de ce tome est sa chute. En effet, les dernières pages m’ont tout simplement captivée. La réflexion sur la religion et la tournure des évènements apportent une richesse à l’intrigue. Dommage qu’elles ne soient condensées qu’à la toute fin.

Vous l’aurez compris, ce fut une lecture bien difficile pour moi. Ce second tome m’a paru bien inégal et manquant de corps malgré une chute digne d’intérêt. L’univers créé par Christelle Dabos est pourtant riche et intéressant. A voir si je me sens suffisamment motivée pour lire la suite.

Fanny

L’amie prodigieuse, Tome 4 : L’enfant perdue d’Elena Ferrante


Comment dire au revoir à des personnages que vous avez suivi pendant tant d’heures ?

Comment laisser derrière soi un quartier qui vous a tant de fois étonné ?

Comment se séparer d’une écriture, d’un style qui vous ont rendue addicte pendant tant de chapitres ?

Retrouver Lenu et Lila est toujours un grand moment. Je me suis littéralement abîmée dans ce dernier tome afin de profiter une dernière fois de ce tourbillon napolitain. L’âge avançant pour nos personnages, l’introspection se fait plus profonde. Réflexions et observations font de ce roman le réceptacle parfaits des états d’âme de Lenu. Cette dernière dévient le témoin de la chute de son amie devenue l’ombre d’elle-même. Cet opus final recèle une profondeur psychologique très intéressante.

Une nouvelle fois, Elena Ferrante développe tout un pan social et sociologique. Lenu se débat avec ses enfants, un ex-mari, un amant pour le moins indolent et une carrière d’écrivaine. Lila, entrepreneuse acharnée, se noie dans des méandres psychiques. L’évolution du quartier au fil des décennies prend toute son ampleur ici. Certains protagonistes sont détestables, d’autres inspirent la pitié, d’autres encore vous surprennent agréablement. Même la vieillesse n’aura pas réussi à effacer les singularités de l’amitié entre Lenu et Lila.

Je laisse partir tout ce petit monde sans regret avec comme certitude de garder un souvenir impérissable de cette saga et de toute la palette de sensations et d’émotions que j’ai pu ressentir. Les quelques longueurs sont effacées par le ressenti général d’avoir lu de très grands romans. Merci Elena Ferrante, Lenu et Lila pour ces moments d’intense lecture.

Fanny