Chroniques japonaises #2 : Kiki la petite sorcière et Le voyage de Chihiro

Je découvre sur le tard (est-il jamais trop tard?) les films d’animation japonais. Ils ont le don de réveiller notre âme d’enfant qui relève presque de la magie. Les dessins à l’ancienne, les couleurs, les traditions et la nature omniprésentes ont de quoi vous apporter de jolis moments hors du temps et dépaysants. Je vous présente aujourd’hui mes deux dernières découvertes.

Kiki la petite sorcière (Hayao Miyazaki, 1989)

A 13 ans, toute sorcière qui se respecte doit quitter son foyer et ses parents pour prendre son envol. C’est à l’aide de son balais volant que Kiki choisit son point de chute dans une grande ville. Les premiers pas sont difficiles mais très vite notre jeune héroïne va se trouver une véritable famille d’adoption. Hayao Miyazaki nous propose une intrigue entre émancipation et récit initiatique. En effet, la petite sorcière doit faire ses preuves malgré les embuches régulières. Elle doit également composer avec des préoccupations plus terre à terre d’habitude dévolues aux adultes. Kiki est l’étrangère qu’on regarde de loin. La nécessité de se faire accepter est donc très forte porte elle. La nature est souvent présente dans les films d’animation japonais. Ici, elle est salvatrice. Elle est surtout un refuge idéal lorsque les idées se mélangent et que le chemin à suivre se fait plus flou.

Le voyage de Chihiro (Hayao Miyazaki, 2001)

Sur la route de son déménagement, Chihiro est loin d’imaginer toutes les aventures qui l’attendent. Il s’agit d’une jeune fille peu aventureuse et quelque peu peureuse. Cependant, elle va devoir affronter ses craintes pour retrouver ses parents. L’intrigue prend place dans un univers hors du commun fait d’esprits, les fameux yōkai japonais. Les mythes, les légendes et le folklore du pays du Soleil-Levant sont réunis ici et même mis à l’honneur. Ces traditions (cachées du monde normal dans le film) sont opposées au monde contemporain de surconsommation (la nourriture par exemple). Chihiro laisse derrière elle jusqu’à son identité par amour, amitié, loyauté et courage. Comme dans le film d’animation précédent, nous sommes ici sur un récit initiatique. Chihiro va se découvrir et se trouver grâce aux multiples étapes à franchir.

Deux très belles surprises! Avez-vous vu ces films d’animation japonais?

Fanny

Chroniques japonaises #1 : Les délices de Tokyo et Jirô Taniguchi

Je vais tout vous avouer, je suis en pleine phase japonaise. Comme elle ne semble pas vouloir passer et plutôt que de garder les belles découvertes pour moi, je vais les partager avec vous dans ces Chroniques japonaises. C’est parti pour un voyage au pays du soleil levant!

Un film : Les délices de Tokyo (2015)

Adapté du célèbre roman (que je n’ai pas encore lu) de Durian Sukegawa, Les délices de Tokyo nous conte la rencontre de trois personnages : Sen, cuisinier dans un tout petit restaurant de doryakis, Tokue, vieille femme cherchant à se faire employer par Sen, et Wakana, jeune lycéenne fréquentant régulièrement les lieux. Très vite, le spectateur ressent que chacun porte un secret ou un mal-être qui les empêche d’avancer et de vivre totalement. La cuisine est au centre de l’histoire et plus particulièrement l’anko (pâte de haricot rouge sucrée) dont Tokue excelle la confection. Outre la transmission de cette recette, elle distille au quotidien des leçons de vie toutes simples mais finalement essentielles. Dans un souci de ne pas trop en dévoiler, je peux juste vous dire que c’est aussi la société japonaise qui est remise en question. L’esthétique général est réaliste et sobre. Un film contemplatif où la parole est d’or.

Un manga : Elle s’appelait Tomoji de Jirô Taniguchi

    

Admiratrice de Jirô Taniguchi depuis une bonne dizaine d’années, je garde encore un souvenir ému de ma lecture de Quartier lointain. Elle s’appelait Tomoji est un manga historique qui donne la part belle à l’ère Taishô (1912-1926) puis à l’ère Shôwa (1926-1989). Le dessinateur nous donne à voir un Japon rural où la famille est au centre de la vie de chacun, les mariages arrangés, le travail harassant et la nature luxuriante. Avec des traits doux et une certaine liberté, il déroule la jeunesse de Tomoji Uchida, fondatrice du temple bouddhiste de Shôjushin. Les faits réels (notamment le tremblement de terre de 1923) couplés à un travail de recherche et à une bonne dose d’imagination donnent à ce récit crédibilité et sensibilité. Comment grandir lorsque le malheur vous frappe à plusieurs reprises pendant l’enfance, quelles échappatoires sont possibles? Pour ne rien gâcher, cette édition chez Rue de Sèvres nous offre quelques pages joliment colorisées, un vrai plaisir pour les yeux.

J’espère que cet article vous aura plu. D’autres arriveront prochainement. En attendant, je suis preneuse de toutes vos suggestions.

Fanny