Les âmes englouties de Susanne Jansson

Résumé de l’éditeur : Pour travailler à sa thèse de biologie, Nathalie retourne vivre dans sa région natale, au coeur d’une Suède humide et reculée. Dans la petite maison qu’elle habite en forêt, elle se laisse rappeler à son enfance douloureuse, à l’époque où la disparition de la jeune Tracy avait inauguré une succession de drames. Un jour, un cadavre est retrouvé dans la tourbière. Dix années auparavant, déjà, une jeune fille momifiée avait été découverte au même endroit. Bientôt, de nouveaux cadavres affleurent. Alors que la police se met en quête d’un serial killer, Göran, ancien professeur de physique, est convaincu que l’endroit est peuplé de revenants. Cette théorie intrigue aussi Maya, photographe judiciaire. Les trajectoires de Nathalie et de ces deux enquêteurs de l’ombre vont se mêler… et de nombreux secrets seront déterrés.

La Scandinavie, ses grands espaces, ses mythes et ses saisons si particulières nourrissent bien des envies de voyage. Cependant, ceci est sans compter les cadavres que l’on retrouve régulièrement dans la tourbière suédoise. C’est dans cette atmosphère que Susanne Jansson plante le décor de son premier roman. Elle signe un thriller d’ambiance où la nature est omniprésente et parfois impitoyable. Cette dernière donne autant qu’elle prend. Nous sommes également face à un roman psychologique où les personnages ont une place prédominante. Le mélange des genres est d’ailleurs assez intéressant et plutôt bien équilibré.

Susanne Jansson mixe croyances locales, atmosphère nordique, enquête policière et sciences. Néanmoins, ce roman n’a pas remporté totalement mon adhésion. En effet, je n’ai pas réussi à m’attacher à la plupart des personnages. Leur nombre en est peut-être la cause. Nathalie est bien la seule à avoir réussi à attirer mon attention. J’ai beaucoup aimé apprendre à la connaitre et à la découvrir. Sous sa maitrise scientifique, cette femme cache un passé douloureux ainsi qu’un sentiment d’inachevé. La tourbière va faire ressurgir d’anciens souvenirs pour le moins sombres. L’ensemble manque également de profondeur et d’originalité.

Vous l’aurez compris, ce premier roman est une lecture plutôt agréable sans être exceptionnelle. J’y ai retrouvé ce que j’apprécie dans ce genre de récit d’atmosphère : une ambiance bien particulière, une dose de sciences et des croyances locales. Cependant, l’histoire manque de profondeur et de personnages réellement marquants.

Lu dans le cadre du Grand prix des lectrices Elle 2019.

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Fanny

Par-delà les glaces de Gunilla Linn Persson

Résumé de l’éditeur : Hiver, 1914. À l’extrémité de l’archipel de Stockholm, après le bal annuel, sept amis s’apprêtent à rentrer chez eux. C’est alors qu’une tempête sans précédent se lève. Un à un, les jeunes gens sont happés par les glaces. Une tragédie qui continue de hanter les habitants de l’île d’Hustrun un siècle plus tard. En 2013, la solitaire Ellinor a repris les rênes de l’entreprise de bateaux-taxis de son père. Ses journées sont rythmées par les tâches quotidiennes et les bruissements de la nature. Un beau jour, son père lui demande d’aller chercher un certain M. Man. Même si elle ne l’a plus vu depuis des années, elle reconnaît aussitôt Herman Engström, son amour d’enfance. Petit à petit, les sentiments profondément enfouis ressurgissent. Mais Ellinor peut-elle accorder sa confiance à un homme dont la famille cristallise la haine des habitants depuis la funeste tempête ? Comme cette île hors du monde qui revient à la vie après un long hiver, l’amour d’Ellinor et d’Herman pourra-t-il à nouveau éclore ?

Un auteur inconnu, une promesse de voyage et des destins entre deux périodes dans un archipel de Suède ne pouvaient que me faire aller vers ce roman. Gunilla Linn Persson nous décrit la vie insulaire et tout ce qu’elle implique de difficultés avec beaucoup de réalisme et de détails. La solitude devient une amie toujours chevillée au corps. Le système D et la débrouille permettent de tenir bon. Ce mode de vie semble presque impossible à quitter tout en vous raccrochant à l’essentiel. C’est donc une vie dure et âpre que mène Ellinor, notre héroïne. C’est aussi une vie faite de petits bonheurs quotidiens et d’observation de la nature.

Le roman se construit grâce à une alternance de sauts dans le temps entre 1914 et plus majoritairement 2013 où Ellinor Ingman retrouve une vieille connaissance, Herman Engström. La rivalité entre les Ingman et les Engström s’est construite suite à un dramatique évènement survenu en 1914. Elle est tenace et s’est transmise de génération en génération. Ellinor est une femme renfermée sur elle-même. Elle nourrit également des regrets et des déceptions. Gunilla Linn Persson nous introduit auprès d’Ellinor de manière pudique et sensible. J’ai beaucoup aimé découvrir ce personnage et son attachement si fort à sa terre natale.

J’ai passé un joli moment hors du temps sur un archipel à la météorologie franchement capricieuse mais plein de charme. Les personnages ont su me toucher et leur histoire personnelle m’intéresser. Par contre, j’aurais adoré que la partie se déroulant en 1914 soit un peu plus développée. Une belle lecture tout de même!

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Ma grand-mère vous passe le bonjour de Fredrik Backman

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Résumé de l’éditeur : Elsa est une enfant solitaire. Sa seule amie est sa grand-mère, une femme fantasque, prête à tout pour faire rire sa petite-fille, même aux pires bêtises (entrer dans un zoo par effraction ; dire des insanités ; flirter avec des policiers) ! Moquée et persécutée à l’école, Elsa sait qu’elle trouvera toujours du réconfort auprès de Mamie, qui lui change les idées en lui racontant aussi de merveilleuses histoires. Puis, un jour, les contes s’arrêtent brutalement lorsque la vieille dame meurt. Elsa va alors faire son deuil en allant transmettre des lettres que sa grand-mère avait écrites pour de nombreux destinataires : lettres d’excuse, de regret et d’amour. Petit à petit, elle comprend que les contes de son aïeule s’inspiraient de personnages bien réels…

Voici un roman scandinave plutôt atypique où monde imaginaire et vie réelle s’entremêlent. L’un étant une métaphore de l’autre. Le récit se déroule principalement avec lenteur. Heureusement certains passages plein d’action et de révélations viennent redonner un peu de rythme à l’ensemble. J’ai regretté que l’histoire soit si longue à démarrer. En effet, dans la première partie du roman l’auteur prend beaucoup de temps à nous expliquer en détail le Pays Presqu’Eveillé qu’a inventé la grand-mère d’Elsa. C’est d’ailleurs parfois assez fastidieux à lire. J’avoue avoir largement préféré la seconde moitié de cette histoire où les personnages dévoilent ce qu’ils sont vraiment et où nous apprenons à mieux connaitre cette grand-mère si attachante.

Fredrik Backman nous embarque dans une véritable quête pour la petite héroïne qu’il nous présente. Elle va découvrir des secrets enfouis depuis des années. Son monde et ses certitudes vont se voir bouleverser et vont apposer une marque indélébile sur sa vie. Il s’agit d’un roman aux personnages extrêmement attachants. Elsa est une petite fille différente des autres enfants. Son intelligence, sa perspicacité mais aussi son caractère bien trempé en font une héroïne très forte qu’on prend plaisir à suivre. La grand-mère est un sacré numéro dans le genre impertinent, casse-cou mais avec un cœur énorme. De révélation en révélation, ce sont toutes les apparences qui volent en éclat.

Ce roman souffre de quelques défauts notamment à cause d’un récit inégal avec une seconde partie plus intéressante que la première ainsi qu’une lenteur dans la mise en place de l’histoire. Malgré tout, il s’agit d’une vraie leçon de vie où l’émotion, les révélations et les personnages charismatiques sont rois.

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