Le manoir de Tyneford de Natasha Solomons

Résumé de l’éditeur : Au printemps 1938, l’Autriche n’est plus un havre de paix pour les juifs. Elise Landau, jeune fille de la bonne société viennoise, est contrainte à l’exil. Tandis que sa famille attend un visa pour l’Amérique, elle devient domestique à Tyneford, une grande propriété du Dorset. C’est elle désormais qui polit l’argenterie et sert à table. Au début, elle se fait discrète, dissimule les perles de sa mère sous son uniforme, tait l’humiliation du racisme, du déclassement, l’inquiétude pour les siens, et ne parle pas du manuscrit que son père, écrivain de renom, a caché dans son alto. Peu à peu Elise s’attache aux lieux, s’ouvre aux autres, se fait aimer… Mais la guerre gronde et le monde change. Elise aussi doit changer. C’est à Tyneford pourtant qu’elle apprendra qu’on peut vivre plus d’une vie et aimer plus d’une fois.

Le manoir de Tyneford m’a offert une jolie parenthèse au milieu de mes lectures du Grand prix des lectrices Elle 2019. Ce livre dormait dans ma pile à lire depuis des années. J’avoue ne pas bien saisir comment un tel ouvrage a pu y rester aussi longtemps. Bref, passons maintenant aux choses sérieuses. Le roman débute à Vienne durant la période charnière d’avant-guerre. Les tensions grimpent et la haine envers une partie de la population commence à se faire sentir. C’est le moment pour Élise de tout quitter et de se mettre au service d’un manoir anglais en tant que bonne. Natasha Solomons décrit le déracinement, l’inquiétude mais aussi l’urgence de ces temps troublés avec beaucoup de sensibilité.

La romancière possède un style simple mais non dénué d’un certain charme. Il n’a donc pas été difficile de se laisser porter. J’aime de toute façon beaucoup l’ambiance so british que propose ce genre de roman. Le contexte spatio-temporel est bien rendu que ce soit du point de vue de l’Histoire que des descriptions du littoral du Dorset, ses falaises, sa mer capricieuse et ses manoirs majestueux. Les personnages ne sont pas en reste et sont aussi charismatiques qu’attachants. Le dénouement m’a plutôt surprise par sa rapidité, à tel point que je ne sais toujours pas s’il me séduit ou non. L’art est toujours présent dans les récits de Natasha Solomons. Ici, la musique, l’écriture et la littérature font partie intégrante de l’intrigue.

Récit historique, initiatique et romantique, Le manoir de Tyneford m’a beaucoup plu. J’ai particulièrement apprécié le style simple mais expressif de Natasha Solomons malgré une fin étonnante. Je retiendrais d’ailleurs les personnages attachants mais aussi les belles descriptions de la côte du Dorset. L’Histoire et les destins individuels se rejoignent pour nous offrir un roman prenant et non dénué de charme.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • L’été avant la guerre de Helen Simonson
  • La vie quand elle était à nous de Marian Izaguirre
  • Lettres à Stella de Iona Grey

Fanny

84, Charing Cross Road de Helene Hanff

Résumé de l’éditeur : Par un beau jour d’octobre 1949, Helene Hanff s’adresse depuis New York à la librairie Marks & Co., sise 84, Charing Cross Road à Londres. Passionnée, maniaque, un peu fauchée, extravagante, Miss Hanff réclame à Frank Doel les livres introuvables qui assouviront son insatiable soif de découvertes. Vingt ans plus tard, ils s’écrivent toujours et la familiarité a laissé place à l’intime, presque à l’amour. Drôle et pleine de charme, cette correspondance est un petit joyau qui rappelle avec une délicatesse infinie toute la place que prennent, dans notre vie, les livres et les librairies. Livre inattendu et jamais traduit, 84, Charing Cross Road fait l’objet, depuis les années 1970, d’un véritable culte des deux côtés de l’Atlantique.

Ce livre dormait dans ma pile à lire depuis beaucoup d’années, trop d’années. Quelle erreur de l’avoir laissé si longtemps de côté! Ce très court ouvrage regroupe les lettres échangées pendant vingt ans entre Helene Hanff, new-yorkaise, et un bouquiniste londonien, Marks & Co. Le glissement progressif d’une relation d’affaire vers une émouvante amitié est palpable. En effet, petit à petit des liens se nouent et deviennent de plus en plus personnels et forts. C’est aussi l’occasion de découvrir les différences de niveau de vie entre les États-Unis et le Royaume-Uni et notamment lors des années d’après-guerre.

Derrière son écriture, il est très facile de déceler le sacré caractère d’Helene Hanff aussi impertinent que décapant. Son style apporte beaucoup de fraicheur et d’humour à l’ensemble. C’est aussi une déclaration d’amour à la littérature, aux livres et à l’écriture. J’avoue ne pas connaitre la plupart des titres et des auteurs cités dans les lettres. Heureusement, cela n’a pas gêné ma lecture. J’espère lire le second opus bientôt car celui-ci m’a laissée sur ma faim malgré l’émotion contenue dans les dernières pages. Le vie est cruelle parfois.

Ce court recueil de lettres est charmant. L’humour d’Helene Hanff est caustique mais cache difficilement sa bienveillance et son attachement pour ses correspondants. L’évolution des États-Unis et du Royaume-Uni se devine dans certains échanges. J’espère avoir l’occasion de découvrir bientôt La duchesse de Bloomsbury Street.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows
  • Lettres choisies de la famille Brontë (1821-1855) par Constance Lacroix
  • Myself when young de Daphne du Maurier

Fanny

 

3 romans, 3 avis, 1 billet [spécial Agatha Christie]

Je continue mon challenge de lire un ouvrage d’Agatha Christie par mois dans l’ordre chronologique de parution. Je vous propose aujourd’hui mes avis concernant les trois ouvrages lus en ce début d’année.

Le train bleu

Résumé de l’éditeur : À bord du luxueux Train bleu qui emmène ses élégants passagers de Londres à la Riviera, la fille gâtée d’un millionnaire est sauvagement assassinée et ses bijoux volés. La piste du Marquis, un célèbre voleur de joyaux est aussitôt privilégiée. Mais cela ne satisfait pas Hercule Poirot qui, se trouvant à bord par le plus grand des hasards, va examiner de près l’entourage de la jeune femme.

Ce roman est la sixième enquête du très célèbre Hercule Poirot. C’est un mystère de plus à résoudre pour notre fin limier à bord d’un superbe train. Les allées et venues de chacun sont décortiquées, les paroles analysées et les comportements observés. L’enquête est intéressante et bien ficelée. Elle est notamment rythmée grâce à un saut dans le temps qui fait avancer les investigations. Comme à son habitude, Hercule Poirot est en grande forme et nous fait mariner dans diverses fausses pistes avant de nous annoncer son verdict. Cette enquête se déroule majoritairement en France. Agatha Christie n’hésite pas à se moquer ouvertement de nous autres, mangeurs de grenouilles! Certains personnages nous font lever les yeux au ciel par leur mentalité et leur stupidité. La Reine du crime possède un vrai don pour croquer des personnages plein de faiblesse et de travers.

Les sept cadrans

Résumé de l’éditeur : Une bande d’amis passe le week-end à la campagne. L’un d’eux a les plus grandes difficultés à se réveiller le matin et ses compagnons décident de lui jouer un tour. Ils placent huit réveils autour de sa chambre. Mais le lendemain le jeune homme n’apparaît toujours pas au petit déjeuner : il est retrouvé mort dans son lit et des huit réveils, il n’en reste que sept… Les enquêteurs feront bientôt un lien avec le célèbre night club de la région, « Les sept cadrans », et découvriront qu’il est le quartier général d’une bien étrange société secrète. 

Que feriez-vous si une inquiétante société secrète semait la terreur dans votre entourage? Eileen Brent (ou Bundle) ne réfléchit pas longtemps avant de se lancer sur les traces de personnages bien mystérieux. J’ai beaucoup aimé cette héroïne moderne, forte et fonceuse. J’espère la retrouver dans une nouvelle histoire car elle m’a fait forte impression. A noter également, le retour du superintendant Battle, un brin nonchalant, qui apparait déjà dans Le Secret de Chimneys. L’ironie, l’humour et le sens aigu pour brouiller les pistes d’Agatha Christie m’ont amusée. Les romans de cette dernière sont parfois sympathiques sur le moment mais plutôt oubliables à long terme. Les sept cadrans me laisse un ressenti bien plus enthousiaste grâce à une idée de départ assez originale.

Associés contre le crime

Résumé de l’éditeur : Tommy et Tuppence s’ennuient. Quoi de mieux qu’une agence de déctectives pour rompre le train-train de la vie quotidienne? Et les voilà lancés dans quinze aventures exaltantes mais périlleuses, dont ils sauront se sortir avec humour.

Après Mr Brown, j’attendais particulièrement de revoir Tommy et Tuppence Beresford dans une nouvelle enquête car j’avais éprouvé une certaine affection pour eux. Le moins que l’on puisse dire est que je n’ai pas été déçue. J’ai adoré retrouver ce couple plein d’humour, d’ironie et de facétie. Ils sont drôles certes, mais aussi courageux et opiniâtres. Une enquête principale se joue dans l’intégralité du livre et plusieurs petites affaires sont à résoudre pour nos deux héros sous forme de nouvelles. Ces dernières comportent plus ou moins d’enjeux et quelques chutes sont bien vues. Elles n’ont rien d’exceptionnel mais restent vraiment plaisantes à lire. Les dialogues entre Tommy et Tuppence sont délicieux et toujours vifs. Il est aussi question de littérature policière, certains titres ou personnages célèbres sont cités.

Vous aimerez aussi découvrir ces autres romans d’Agatha Christie :

  • Dix petits nègres
  • La mystérieuse affaire de Styles
  • Mr Brown

Fanny

Je te dois tout le bonheur de ma vie de Carole d’Yvoire

Résumé de l’éditeur : Dans un récit inédit, vivant et abondamment illustré, Carole d’Yvoire raconte les premières années et la rencontre de deux êtres fascinants : Virginia Stephen et Leonard Woolf, dont l’union sera symbolisée en 1917 par la naissance de la maison d’édition Hogarth Press. Sont ainsi célébrés dans ce texte émouvant une période activité artistique foisonnante et ceux qui, face au tragique, choisissent l’affirmation de la vie, d’une « vie intense et triomphante ».

Dès sa sortie, ce livre a rejoint ma bibliothèque. Cela fait longtemps que je souhaitais en apprendre davantage à propos de Virginia Woolf notamment grâce au forum Whoopsy Daisy. Pour quelqu’un ayant une grande connaissance du sujet, ce livre n’apportera pas forcément beaucoup d’élément. Me concernant, je partais pratiquement de zéro. Carole d’Yvoire propose un ouvrage permettant d’aborder facilement Virginia et Leonard Woolf. En un peu plus de 150 pages, c’est une belle biographie mais aussi une analyse fine du couple Woolf qui se déroulent sous nos yeux. Elle rétablit également la vérité face aux exagérations et aux fantasmes que Virginia Woolf a suscité.

J’ai beaucoup appris et notamment sur Leonard. Le récit de ses premières années d’adulte à Ceylan m’ont passionnée. Leur union n’était pas si évidente que cela et pourtant, ils vont savoir surpasser les difficultés pour s’entendre. Carole d’Yvoire s’arrête volontairement assez rapidement après leur mariage. Elle fait également un petit point sur le succès de la Hogarh Press, maison d’édition et imprimerie du couple. Les différentes photos, reproductions de tableaux ou images sont une vraie valeur ajoutée et aident à se représenter les différents membres du Bloomsbury group. L’objet-livre est superbe. C’est un bel écrin à cet hommage à Virginia et Leonard.

Comme vous l’avez compris, cet ouvrage m’a convaincue de bout en bout. J’ai beaucoup aimé découvrir ce couple. Pour ne rien gâcher, Carole d’Yvoire propose une analyse fine en parallèle de la biographie pure. Le Père-Noël m’a apporté le journal intégral de Virginia Woolf. Il n’y a plus qu’à se plonger dans les 1500 pages de ce récit!

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Duras, Beauvoir, Colette. Trois filles et leurs mères, biographies romancées de Sophie Carquain
  • Lectures intimes de Virginia Woolf
  • Mrs Dalloway de Virginia Woolf

Fanny

3 romans, 3 avis, 1 billet [spécial mois anglais]

Je manque cruellement de temps en ce moment. C’est pourquoi je suis peu présente ici et sur les réseaux sociaux. Entre le travail, la préparation d’un oral de concours, un déménagement pour la rentrée, la vie quotidienne, les loisirs et la chaleur qui assomme, je suis bien occupée! Cependant, je souhaitais absolument vous parler de trois bonnes lectures réalisées entre mai et juin. C’est parti!

L’homme au complet marron de Agatha Christie

Je vous présente aujourd’hui mon avis sur le Agatha Christie lu en mai. Je me suis beaucoup amusée avec ce roman publié en 1924. La productivité de la Reine du crime n’aura de cesse de m’étonner! L’intrigue n’est surement pas des plus crédibles et semble parfois fantasque. J’avoue avoir appréciée cette fantaisie qui m’a bien divertie. Clairement inspiré de ses premiers voyages, ce récit nous emmène cette fois dans une traversée exotique et hautement dangereuse pour notre téméraire héroïne. Elle va devoir découvrir ce qui se cache derrière le masque des suspects mais aussi prendre garde à ses arrières. Nous découvrons donc une jeune fille courageuse et au sang froid impressionnant. Un roman fort distrayant entre aventures, romance et policier.

Frenchman’s creek de Daphne du Maurier

Comme vous le savez peut-être, je souhaite lire tous les livres de Daphne du Maurier. Le mois anglais est l’occasion rêvée d’en sortir un de sa pile à lire. Cette fois, j’ai souhaité lire cette autrice en version originale pour la première fois. Je n’ai pas regretté mon choix car ce fut un régal une fois le lexique de la navigation bien en main. Ce roman est très autobiographique. On y découvre la transcription de la vie maritale décevante de Daphne mais aussi ses fantasmes et ses envies d’aventures. Il s’agit d’une histoire entre romance et roman d’aventure historique. C’est aussi la remise en question de la vie trop convenue d’une jeune mère de famille qui cherche à s’évader. Les descriptions de la Cornouailles, de la navigation et de la demeure familiale sont encore une fois une réussite. Une belle lecture entre rebondissements et paysages à couper le souffle.

Lu en lecture commune avec Coquelicote.

La carrière du mal de Robert Galbraith

J’ai enfin retrouver mes deux enquêteurs contemporains préférés! Cette nouvelle intrigue policière est encore plus glauque et prenante que les deux précédentes puisqu’elle touche personnellement nos deux héros, Cormoran et Robin. De plus, l’auteur introduit des chapitres du point de vue d’un coupable retors et pervers. Ceci ne fait qu’accentuer la tension et l’impuissance du lecteur face à la menace imminente. On en apprend énormément sur le passé de Cormoran mais aussi de Robin. J’ai d’ailleurs souvent pesté contre les choix de cette dernière. Robert Galbraith développe un style très accrocheur et maintient son lecteur en haleine d’un bout à l’autre. Je suis impatiente de lire la suite à paraitre prochainement mais surtout de découvrir l’adaptation en série qui devrait débuter en août à la télévision britannique.

Lu en lecture commune avec Coquelicote.

Article rédigé dans le cadre du mois anglais de Cryssilda et Lou.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Le ver à soie de Robert Galbraith
  • Les enquêtes d’Hercule Poirot de Agatha Christie
  • Les oiseaux et autres nouvelles de Daphne du Maurier

Fanny

3 romans, 3 avis, 1 billet

Mr Brown de Agatha Christie

Je continue mon challenge en lisant un roman d’Agatha Christie par mois dans l’ordre chronologique de parution. J’ai donc lu Mr Brown en février. Il s’agit du second roman de la Reine du crime mais aussi de la première enquête du duo Tuppence Cowley et Thomas Beresford. Ces deux derniers se retrouvent démobiliser après la Première Guerre mondiale et vont créer les Jeunes Aventuriers Associés. L’intrigue est parfois rocambolesque et tirée par les cheveux mais cela ne m’a empêchée de me régaler. Les deux héros sont plein de bonne volonté et d’enthousiasme. Ceci va régulièrement leur jouer des tours surtout qu’ils n’ont pas à faire à un ennemi facile.  C’est parfois drôle, plein de rebondissements et très rythmé! On ne s’ennuie pas une seule seconde. J’avoue être impatiente de retrouver Tuppence et Tommy dans une future lecture.

Taille 42 de Malika Ferdjoukh

Ce récit et témoignage m’a donné l’occasion de découvrir Malika Ferdjoukh dans un tout autre style qu’habituellement. Sous la plume de l’autrice, c’est l’histoire vraie de Charles Pollak et de sa famille juive pendant la Seconde Guerre mondiale qui nous est conté. Nous suivons Charly entre Paris et sa fuite vers un petit village du Nord occupé par un commandement allemand. Là, sa famille et lui vont tenter la transparence et la dissimulation des signes de leur appartenance au judaïsme. Mais, on ne peut toujours tout maitriser. Ceci donne de vrais passages d’angoisse. Ce livre contient également de l’espoir grâce toutes ces personnes qui connaissaient leur vrai identité et n’ont jamais rien dit et les ont même aidés. Le petit Charly observe et se pose beaucoup de questions qui résonnent en nous. L’insouciance de l’enfance vient contrecarrer l’ambiance pesante de cette période pour le moins troublée. Un beau roman jeunesse saisissant et très beau.

Au bonheur des ogres de Daniel Pennac

La série des Malaussène m’a été maintes fois recommandée par des collègues de travail ou des amis. Entre roman policier, cynisme envers la société de consommation et comique de situation et de langage, Daniel Pennac nous propose un premier opus pour le moins original. Les premières pages sont assez étonnantes. Il m’a donc fallu un temps d’adaptation concernant le style de l’auteur. Finalement, on se laisse facilement porter par la plume et la fantaisie de ce dernier. L’ensemble est assez délirant et rocambolesque. Mais il y a un quelque chose qui fait tenir chaque élément ensemble. Daniel Pennac pose la famille comme un élément essentiel. Il est vrai que la tribu des Malaussène ne peut laisser indifférente. J’ai trouvé le second tome, La fée carabine, dans une vente de livres d’occasion. Je ne devrais donc pas tarder à connaitre la suite des aventures de Benjamin et sa famille.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Le Mystère de Listerdale de Agatha Christie
  • Le théorème du homard de Graeme Simsion
  • Quatre sœurs de Malika Ferdjoukh

Fanny

3 romans, 3 avis, 1 billet

J’ai pris un petit peu de retard dans la rédaction de mes articles. Je regroupe donc trois chroniques dans un seul billet car j’aimerais tout de même vous écrire quelques mots sur trois belles lectures réalisées en janvier.

910-tschrhlLe ver à soie de Robert Galbraith

Il s’agit du second tome des enquêtes de Cormoran Strike. On retrouve ce dernier toujours aussi torturé que ce soit physiquement ou mentalement. Il est touchant et attachant à souhait. Nous découvrons également un peu plus sa comparse, Robin. Ce personnage s’étoffe et prend de l’importance. Elle n’hésite plus à imposer ses désirs à son entourage et devient une vraie graine de détective. Pour ceux qui ont déjà lu ce roman, j’ai adoré la scène de l’accident sur l’autoroute où elle se révèle complétement. La plume de Robert Galbraith (aka J. K. Rowling) est toujours aussi agréable à lire. Il/elle prend son temps grâce à une écriture détaillée et imagée. La plongée dans le monde cruel de l’édition londonienne est une réussite tout comme l’investigation autour d’un meurtre glauque et mis en scène. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cette seconde enquête.

71ipmqopyplLa mystérieuse affaire de Styles de Agatha Christie

En janvier, j’ai lu un second roman policier et pas n’importe lequel. En effet La mystérieuse affaire de Styles est le tout premier roman écrit par la Reine du crime mais c’est aussi la toute première enquête du célèbre détective belge Hercule Poirot. Ce dernier se montre sous un jour pour le moins ambigu. Il agace autant qu’il intrigue. Il garde ses spéculations pour lui et nous fait languir jusqu’à la chute. Son caractère bien trempé est également à noter. Tous les protagonistes restent sans voix face à ce petit bonhomme fort perspicace. Comme je m’y attendais, l’ambiance so british est délicieuse. Le lecteur suit la résolution d’une enquête de meurtre au sein d’un petit village anglais. C’est aussi l’occasion de découvrir la machine judiciaire britannique. Tous les suspects sont détaillés et des cadavres sont sortis des placards. En février, je vais lire Mr Brown.

a54189A la croisée des mondes, Tome 2 : La tour des anges de Philip Pullman

Lu il y a un peu plus d’un an, le premier tome des aventures de Lyra m’avait beaucoup plu. Nous la retrouvons dans cette nouvelle histoire où elle est, cette fois, accompagné de Will.  Ce second tome est très différent du précédent. J’ai eu comme l’impression qu’une étape était franchie vers des sujets nombreux et plus matures voire plus difficiles à appréhender. L’ambiance est également plus sombre. Il plane un danger qu’on ne peut nommer. Les personnages secondaires sont très chouettes. J’ai hâte de les retrouver. On peut dire que Philip Pullman sait faire réfléchir son lecteur. Beaucoup de questions se posent. Certaines notions restent floues mais je pense que c’est tout à fait volontaire de la part de l’auteur. Il reste de quoi faire pour clôturer cette série. Le dernier tome promet d’être plein de révélations. Rendez-vous bientôt pour Le miroir d’ambre!

Participation au challenge A year in England de Titine.

11800031_10207543959508138_8537340896721806582_nVous aimerez aussi découvrir :

  • Agatha de Françoise Dargent
  • Dix petits nègres de Agatha Christie
  • The Diviners de Libba Bray

Fanny

Mad de Daphné du Maurier

81kLVeTIlHLRésumé de l’éditeur : Mad, célèbre comédienne, s’est retirée avec sa petite-fille Emma et les six garçons qu’elle a adoptés dans sa propriété de Cornouailles. Cette famille originale, comme tous ceux qui l’entourent, va traverser un étrange drame. Tout commence un matin d’hiver. Plus de radio ni de téléphone. Un navire de guerre est amarré dans la baie. Des soldats américains, l’arme au poing, marchent vers la maison…C’est dans un scénario de politique-fiction que nous entraîne, avec ce roman paru en 1974, l’auteur de Rebecca. En cette année 2000 où elle a situé l’action, l’Angleterre, séparée de la communauté européenne, a formé une fédération avec les États-Unis. Pourtant, le peuple n’accepte pas cette tutelle. Le petit groupe anticonformiste réuni autour de Mad va se jeter dans la résistance. Le lecteur, lui, découvrira une Daphné Du Maurier pour le moins inattendue.

Mad est le dernier roman écrit par Daphné du Maurier. Il est surprenant et étonnant par bien des aspects. L’histoire se déroule en 2000 alors que la Grande-Bretagne s’est séparée de l’Europe et que les États-Unis viennent occuper le pays en commençant par la Cornouailles. En 1972, Daphné du Maurier imagine déjà la possibilité d’un Brexit. C’est assez déroutant pour le lecteur de 2016 que nous sommes. A aucun moment elle n’imagine les évolutions techniques de l’an 2000. Elle laisse tout ce pan dans le flou comme si sa région serait restée figée dans le temps. L’écrivain s’est apparemment inspirée de Gladys Cooper pour créer le personnage de Mad. Pour ma part, elle m’a plutôt fait penser à l’auteur elle-même. C’est aussi une histoire au multiples rebondissements qui nous fait nous poser bien des questions.

A la lecture de ce roman, nous sentons régulièrement poindre de la nostalgie. Daphné du Maurier a très bien connu J. M. Barrie, l’auteur de Peter Pan. Elle rend hommage à cette œuvre qu’elle adore et à son auteur car on retrouve ici plusieurs garçons adoptés par Mad. Ils font bien sûr penser au garçons perdus inspirés de plusieurs cousins de Daphné du Maurier. Ensuite, certains éléments rappellent la Seconde Guerre mondiale : les restrictions, la main-mise des américains sur le pays et la résistance artisanale. L’auteur a très bien connu cette période tout comme son mari qui a participé à de grandes opérations en tant que commandant de section aéroportée. On sait qu’à la fin de sa vie, elle a milité pour l’indépendance de la Cornouailles, donc finalement rien de vraiment étonnant dans les idées qui transparaissent dans ce roman.

Sous ses abords de petit roman original voire de comédie un peu farfelue à certains moments, Mad est un roman où transparait beaucoup d’éléments chers à Daphné du Maurier. C’est d’ailleurs tout son intérêt et c’est pour cela qu’il est assez particulier à mes yeux. L’inconvénient est qu’il peut être difficile à appréhender pour des personnes ne connaissant que très peu la vie de cette dame de lettres britannique.

Lu dans le cadre du challenge A year in England.

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Vous aimerez aussi découvrir :

  • Le monde infernal de Branwell Brontë de Daphné du Maurier
  • Mary Anne de Daphné du Maurier
  • Myself when young de Daphné du Maurier

Fanny

L’auberge de la Jamaïque de Daphné du Maurier

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Résumé de l’éditeur : Orpheline et pauvre, Mary Yellan n’a pas d’autre ressource que de quitter le pays de son enfance pour aller vivre chez sa tante, mariée à un aubergiste, sur une côte désolée de l’Atlantique. Dès son arrivée à l’Auberge de la Jamaïque, Mary soupçonne de terrifiants mystères. Cette tante qu’elle a connue jeune et gaie n’est plus qu’une malheureuse, terrorisée par Joss, son époux, un ivrogne menaçant, qui enjoint à Mary de ne pas poser de questions sur les visiteurs de l’auberge. Auberge dans laquelle, d’ailleurs, aucun vrai voyageur ne s’est arrêté depuis longtemps… De terribles épreuves attendent la jeune fille avant qu’elle ne trouve le salut en même temps que l’amour.

Je continue tranquillement ma découverte de la totalité de l’oeuvre de Daphné du Maurier. L’auberge de la Jamaïque est un incontournable qui plait généralement beaucoup. Le moins que l’on puisse dire est que ce roman m’a totalement passionnée. L’auteur a su m’embarquer dans une aventure au cœur de la lande désolée de la Cornouailles du XIXe siècle. En seulement 300 pages, Daphné du Maurier nous offre un roman complet et abouti. Il y a du rythme, des rebondissements, de la noirceur, des sentiments et du suspens. Bref, les ingrédients idéals pour passer un très bon moment de lecture.

Mary Yellan est une héroïne très agréable à suivre. On s’intéresse facilement à son destin. Elle a du caractère, du cran et du courage. Son inconscience est sa plus grande faiblesse et va lui jouer bien des tours. Ce personnage m’a souvent fait penser à l’auteur elle-même surement à cause de sa liberté d’esprit et de son côté impétueux. On retrouve des éléments chers à Daphné du Maurier comme la mer (ici il est question de naufrageurs), la folie humaine et la nature sauvage de sa région de cœur. La fin a été à la hauteur de mes espérances : bien glauque et énigmatique.

Ce livre rejoint directement le palmarès de mes romans préférés de Daphné du Maurier. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde et me suis attachée à son héroïne. De plus, j’ai adoré les descriptions des paysages tout comme le contexte historique. Je suis donc impatiente de pouvoir découvrir l’adaptation de 2014. Je peux déjà vous annoncer que je lirais Mad en août. Il s’agit du dernier roman écrit par l’écrivain.

Lu dans le cadre du challenge XIXe siècle et A year in England.

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Vous aimerez aussi découvrir :

  • Manderley forever de Tatiana de Rosnay
  • Rebecca de Daphné du Maurier
  • Tess d’Urberville de Thomas Hardy

Fanny

Pique-nique à Hanging Rock de Joan Lindsay

81fwR8D24fLRésumé de l’éditeur : 14 février 1900, Australie. L’été touche à sa fin. Les jeunes pensionnaires de Mrs Appleyard attendent depuis des mois ce pique-nique annuel, non loin de Hanging Rock. Revêtues de leurs mousselines légères, elles partent dans une voiture tirée par cinq chevaux bais magnifiques. Après le déjeuner, les demoiselles s’assoupissent à l’ombre des arbres. Mais quatre d’entre elles, plus âgées, obtiennent la permission de faire une promenade. Enivrées par cet avant-goût de liberté, elles franchissent un premier ruisseau… puis disparaissent dans les hauteurs. Quand, tard dans la nuit, la voiture regagne le pensionnat, trois jeunes filles manquent à l’appel.

La maison d’édition Le livre de poche a récemment réédité ce roman paru en 1967. J’aime beaucoup l’idée de mettre en avant des œuvres quelque peu oubliées. J’ai aimé tous les romans australiens que j’ai lu jusqu’ici et celui-ci ne fait pas exception. En effet, quelle belle surprise! C’est un roman d’ambiance au suspens travaillé. Joan Lindsay ne ménage pas son lecteur tout en insérant des informations ici et là mais sans trop en dire. Les quelques touches d’ironie relèvent encore un peu plus le tout. La chute est assez géniale. Elle nous laisse pantois et ne peut que nous faire réfléchir sur les évènements et leur sens. Le contexte spatio-temporel se prête magnifiquement à ce type de roman et lui apporte une aura toute particulière.

Les points de vue de différents personnages de toutes les classes sociales sont également très intéressants. Chacun réagit à sa manière d’un extrême à l’autre. L’évènement dramatique provoque une onde de choc ainsi que beaucoup de messes basses dans cet endroit reculé d’Australie. Il faut dire que ce rocher majestueux se trouvant dans une nature sauvage est propice à alimenter l’imaginaire collectif. Durant toute ma lecture, j’ai vécu un vrai dépaysement. L’auteur connait bien Hanging Rock et ses alentours  car elle nous les décrit avec beaucoup de détails et de précisions. Nous sommes transportés sur ces terres bien mystérieuses sans aucun problème. Les conditions de vie dans un pensionnat pour jeunes filles nous sont aussi présentées sans détour.

Je comprends complétement que ce roman ait marqué le lectorat des années 60. Encore aujourd’hui, son effet est intact. Cette histoire est fascinante. Il est difficile de lâcher ce livre car les demoiselles disparues nous poursuivent sans cesse en arrière-pensée. Un vrai et beau coup de cœur! J’espère voir l’adaptation de 1975 qui, parait-il, est très réussie.

LogoLeLivredePoche.svgVous aimerez aussi découvrir :

  • Peyton Place de Grace Metalious
  • Rebecca de Daphné du Maurier
  • Régiment de femmes de Clemence Dane

Fanny