Un lieu incertain de Fred Vargas (challenge Halloween #1)

Je lis très peu de roman policier, c’est pourtant un genre que j’apprécie lorsque j’ose y mettre un pied. En parlant de pied, est-ce qu’une histoire à base de petons coupés vous tente ? Dit comme ça, ce n’est pas très ragoutant j’en conviens. Cependant, Fred Vargas possède l’art et la manière de mêler le gore et l’humour, le flegme et la tension.

La romancière met en place un mélange hétéroclite à base de mythes et légendes serbes. Vampires, vieilles histoires de pieds coupés et affaires de famille viennent mettre de leur piquant dans l’intrigue. J’ai pu découvrir à mon tour le fameux Jean-Baptiste Adamsberg, un bel exemple de force tranquille. Il s’agit d’un personnage pas si évident à cerner, il peut même paraitre un brin taciturne. Par contre, il est très agréable de le suivre dans ses pérégrinations physiques et mentales.

L’enquête débute aux portes du cimetière de Highgate à Londres pour se conclure au cœur de la Serbie profonde. Frisson et suspens garantis ! Entrer dans ce roman, c’est entrer en terre inconnue et dans un tourbillon d’investigations et de situations qui se croisent. Le lecteur rencontre toute une panoplie d’enquêteurs tous plus foutraques les uns que les autres et aux manies bien particulières. Les protagonistes sont donc hauts en couleurs mais aussi hautement attachants. D’autres sont carrément diaboliques.

Un lieu incertain sort complétement des sentiers battus du roman policier. Fred Vargas se joue des codes du genre avec un humour décapant et c’est délicieux (si on oublie les histoires de pieds coupés bien sûr…).

Participation au challenge Halloween de Lou et Hilde!

Fanny

L’Oeuvre d’Émile Zola (Rougon-Macquart #14)

Une petite apparition ni vue ni connue sur ce blog laissé à l’abandon… Une nouvelle fois, le lobbying de ma chère Petite marchande de prose a fait des ravages ! L’Œuvre a été abordé pendant notre Skype book club, mes collègues et moi étions sous le charme. Ma première incursion en terre zolienne fut une véritable révélation. J’ai dévoré Au bonheur des dames pratiquement dans la foulée.

L’Œuvre est le quatorzième tome de la fresque familiale des Rougon-Macquart. On y suit Claude Lantier, peintre éperdu et tout entier dévoué à son art. Emile Zola signe un roman d’abord lumineux glissant tout doucement vers les ténèbres de la création artistique. Sans le citer directement, c’est bien du mouvement impressionniste dont il est question. L’auteur retrace le parcours de ces as du pinceau à l’œil redoutable, des débuts flamboyants du groupe jusqu’à la scission de ses membres due à des divergences de point de vue. L’effervescence de nouvelles trouvailles picturales et la franche camaraderie laissent vite place à la compétition et au ressentiment. Nous assistons impuissants à la chute d’un artiste englué dans son jusqu’au-boutisme.

Grâce à son talent journalistique et d’analyse, Émile Zola écrit et décrit ses contemporains et son époque avec brio. La lectrice du XXIe siècle que je suis s’est vue remonter le temps à vitesse grand V (Marty sort de ce corps !). J’ai particulièrement adoré parcourir aux côtés de Claude les salons tant attendus dans une carrière d’artiste-peintre. Sa fébrilité, les commentaires entendus, la foule sont palpables. Les critiques furent extrêmement dures envers ces jeunes gens en avance sur leur temps mais qui ont pourtant révolutionné la peinture. J’en rajoute une couche, les descriptions sont incroyables et ce dès les premières pages lorsque nous sommes introduits dans l’atelier de Claude. Merveilleux ! Emile Zola fait preuve d’une grande liberté de ton notamment sur le couple, le mariage ou encore la sexualité.

Je vais m’arrêter là mais sachez que je pourrais encore en écrire des tartines. Je vous parlerai prochainement de ma lecture d’Au bonheur des dames. Le suivant sera très certainement L’Assommoir. J’ai si hâte.