Freddie Friday de Eva Rice

Freddie Friday-crg.inddRésumé de l’éditeur : Marnie, petit génie des mathéma-tiques du prestigieux établissement St Libby, a tout de l’élève modèle. Jusqu’au jour où, avec son amie Rachel, elle commet l’irréparable. Pour oublier, elle va noyer son angoisse dans l’alcool. Juste avant ces événements drama-tiques, elle a fait une rencontre singulière : sa seule raison de vivre, désormais, sera de revoir Freddie Friday, ce garçon qui travaille à l’usine de céréales Shredded Wheat. Ses rêves vont devenir les siens. Mais pour qu’ils se réalisent, elle aura besoin de son professeur de maths, la belle Julie Crewe, autrefois danseuse. Acceptera-t-elle de l’aider ? Aura-t-elle envie de remuer le passé, de se rappeler ce temps où elle était encore capable de danser, avec l’irrésistible et mystérieux Jo à Central Park ?

Après avoir lu les magnifiques L’amour comme par hasard et Londres par hasard, j’étais très heureuse et impatiente de pouvoir retrouver Eva Rice pour son nouveau roman. Malheureusement, même si cette lecture m’a été agréable, je n’ai pas ressenti le même engouement que pour ces précédents livres. En effet, je n’ai pas retrouvé la même flamboyance ni le même investissement de la part de l’auteur. Cependant, Je ne peux pas dire que je me sois ennuyée. Loin de là! Nous allons de rebondissement en rebondissement. Eva Rice nous emmène dans une chorégraphie imprévisible et chaotique.

On retrouve toujours l’art comme fil conducteur. Ici, c’est la danse qui est mise en avant. C’est une discipline dure, rigoureuse qui met le corps et le mental à rude épreuve. C’est une belle métaphore de la vie en général.  J’ai beaucoup aimé les scènes d’entrainement qui se déroulent en secret.  Trois personnages à l’histoire difficile s’unissent dans cette complicité particulière. Leur psychologie est développée et permet de s’attacher à eux. L’esprit mathématique de Marnie va être mis à mal et va modifier sa perception des choses. C’est clairement un roman d’apprentissage. Il est teinté de mélancolie, de choix importants et d’états d’âme.

Ce livre est différent des précédents ouvrages d’Eva Rice. Il m’a moins bouleversée bien que je reconnaisse ses qualité. La danse, les personnages et les nombreux rebondissements sont autant d’éléments qui en font un roman agréable. Il m’a manqué la petite touche qui m’a fait vibrer lors des lectures des deux premiers romans de l’auteur.

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Fanny

Londres par hasard d’Eva Rice

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Je vous retrouve avec la chronique de la suite de L’amour comme par hasard. J’avais adoré cet opus mais celui-ci est encore meilleur à mon sens puisque j’ai retrouvé tout ce qui m’avait plu avec quelques bonus qui ont fait de ce roman un coup de cœur.

Résumé de l’éditeur : « Tara, adolescente un peu fantasque dont l’enfance a été assombrie par la mort tragique de sa mère, vit avec son père vicaire et ses sept frères et soeurs dans un presbytère de Cornouailles. Quand, lors d’un mariage, elle est remarquée par un producteur de disques pour sa belle voix, sa vie tranquille de jeune provinciale va basculer. Bientôt, accompagnée de sa soeur Lucy – ravissante jeune femme qui brise tous les coeurs mais qui ne rêve que de vieilles pierres -, elle partira pour Londres où elle enregistrera un disque et connaîtra le succès artistique, en même temps que ses premiers amours avec un photographe de mode. Les deux filles seront plongées dans le bouillonnement culturel du Londres des «Swinging sixties».»

L’action se passe plusieurs années après L’amour comme par hasard et nous téléporte au début des années 60. L’écriture d’Eva Rice nous fait facilement ressentir une certaine nostalgie de cette époque flamboyante où l’insouciance règne chez les adolescents et les jeunes adultes n’ayant pas connus la guerre. Ils semblent même ne pas se préoccuper du tout des tensions extérieures à l’Angleterre entre les États-Unis et l’URSS.

Londres par hasard est dans la continuité du premier tome. Nous retrouvons les grands thèmes de la famille, la musique, la mode, l’amour et des premiers émois. Entre Londres et la Cornouailles, ce livre nous offre un beau voyage à travers l’Angleterre et nous montre ainsi la vie citadine qui s’oppose à la vie provinciale. J’ai apprécié toutes les descriptions détaillées des belles demeures anglaises qui sont menacées de destruction dans ces années. Eva Rice fait preuve de sensibilité et de simplicité tant dans son écriture que dans son traitement des personnages.

Ce roman prend la forme d’un véritable parcours initiatique ou d’apprentissage pour les deux sœurs (Tara et Lucy) avec des expériences plus ou moins heureuses (dont la drogue et l’alcool). Ici, les personnages vont plus loin et sont embarqués dans l’aventure londonienne. Tara, l’héroïne, est très attachante. Elle fait des erreurs, certes, mais est terriblement humaine. Nous sommes propulsés en même temps qu’elle au Palladium qui est une scène mythique de Londres (je ne vous en dis pas plus sur ce passage…). Nous retrouvons Inigo (présent dans L’amour comme par hasard). Ce personnage est une vraie surprise puisque nous le découvrons hantés par de vieilles blessures. Il nous émeut à plusieurs reprises.

Un coup de cœur assurément et un bijou que je vous conseille! C’est un condensé de tout ce que j’aime : de la sensibilité, des thèmes qui m’intéressent, une écriture simple, de belles descriptions, des personnages forts et de l’action. C’est un beau roman sur la fin de l’adolescence, l’envol, l’indépendance et l’apprentissage de la vie. Cette histoire au gout acidulé nous plonge avec ravissement dans un temps révolu au son de mélodie populaire du début des années 60. Il donne envie de découvrir la mode, la musique les objets qui ont fait cette époque.

Écoutez donc la chanson que chante l’héroïne Tara Jupp connu dans tout Londres sous le nom de Cherry Merrywell : May to September.

Merci aux éditions Baker Street pour l’envoi de ce roman.

Fanny

L’amour comme par hasard d’Eva Rice

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Penelope est une adolescente des années 50 et vit près de Londres dans une demeure exceptionnelle avec sa mère et son frère. Cependant, les années d’après-guerre n’ont pas épargné la famille. Ces deux générations vont devoir cohabiter et évoluer ensemble alors qu’un fossé presque infranchissable s’est creusé. Des personnages vont apparaitre et vont permettre d’installer une intrigue qui cache bien des choses.

La société anglaise des années 50 est vraiment bien décrite et présente en filigrane et tout en subtilité. La dualité entre les années 40 et les années 50 d’après-guerre est le fil conducteur de ce roman. Nous sommes plongés dans une société en pleine rupture avec deux générations qui s’affrontent : les parents ayant connu l’horreur et les enfants qui veulent vivre leur vie et profiter. La relation parents-enfants est également mise en avant avec la complexité de se comprendre et de s’émanciper. Les bals, les diners mondains, les histoires de fiançailles sur le modèle de la fin du XIXe et début du XXe siècle sont au rendez-vous comme si les personnages souhaitaient à tout prix conserver leur vie d’avant-guerre alors qu’une cassure est en train d’agir.

La musique prend une grande place dans ce roman à travers notamment le personnage du frère de Penelope, Inigo, qui souhaite en faire son métier. C’est ainsi que nous entendons régulièrement parler de Johnnie Ray, d’Elvis Presley qui fait déjà un triomphe aux États-Unis mais reste peu connu en Angleterre.

Les personnages sont attachants. Penelope est une adolescente comme les autres malgré sa catégorie sociale. Elle est attachante par sa naïveté, les questions qu’elle se pose, les premiers émois qu’elle subit, ses premiers choix parfois douloureux, ses erreurs ou encore l’expérience de l’alcool. Nous assistons à un véritable parcours initiatique.  J’ai eu un peu plus de mal à saisir Charlotte. Elle semble tellement inaccessible. C’est ce qui fait d’ailleurs son charme durant tout le roman.

Le seul bémol est pour moi le manque de rythme. Il y a certains passages qui sont assez lents même si dans l’ensemble ce roman se lit bien et vite. L’auteur a une écriture simple qui se parcourt avec fluidité. J’aime la façon qu’elle a d’intégrer les éléments de société et de musique pour qu’ils soient en arrière-plan tout en faisant en sorte qu’ils donnent tout le sens des agissements des personnages. Il y a également un côté assez gothique à ce roman avec cette immense demeure bien mystérieuse ainsi que le père mort lors de la seconde guerre mondiale qui hante les esprits.

Malgré un rythme parfois un peu lent à certains moments, j’ai vraiment aimé ce roman entre description de la société anglaise des années 50 avec la chute des grandes familles ainsi que des grandes demeures et les personnages attachants en pleine adolescence. Je suis en train de finir la « suite » qui porte le nom de Londres par hasard. En fait, les personnages principaux sont différents mais certains du premier opus prennent part au récit. Ce tome a plus de rythme et les personnages sont, à mon sens, encore plus attachants. Je me régale !

Lu en lecture commune avec Natiora et Bianca.

Lu dans le cadre du challenge Livra’deux pour Pal’addict n°7 (Nov/Dec/Jan 2014) auquel je particpe avec Claire.

Fanny