L’étoile d’argent de Jeannette Walls

9782221138267Résumé de l’éditeur : 1970. Jean Holladay, alias « Bean », a douze ans et sa soeur, Liz, quinze, quand leur artiste de mère prend sa voiture et disparaît, en quête de « la magie en toute chose ». Elle finit toujours par rentrer, se disent les filles. Or, cette fois-ci, l’argent vient rapidement à manquer et elles n’ont guère le choix : il leur faut aller en Virginie, trouver refuge chez cet oncle Tinsley dont elles ne gardent qu’un vague souvenir. Figé dans le passé, le manoir Holladay, ou habite Tinsley, ressemble à un vestige coupable de l’époque ségrégationniste mais, entre ses murs délabrés, Bean et Liz se laissent bercer par la quiétude d’une petite vie familiale. Jusqu’au jour où, pour gagner un peu d’argent, elles entrent au service de Jerry Maddox, l’homme qui règne en maître sur la ville…

Avant cette lecture, Jeannette Walls était un auteur totalement inconnu pour moi. Je découvre et j’apprécie de plus en plus la littérature américaine. Cette dernière me surprend sans cesse par la multitude des thèmes abordés, des cultures et par son histoire très riche. Ici, nous suivons deux sœurs très souvent livrées à elles-mêmes. Elles décident de prendre les choses en main car leur mère ne cesse de disparaitre afin de réaliser des projets professionnels et artistiques qui ne se concrétisent jamais. Le cadre spatio-temporel (les années 70 dans le sud des Etats-Unis) n’est pas le sujet principal. Il est évoqué par touche ici et là mais suffit à apporter une atmosphère qui enrobe bien l’ensemble.

Nous accompagnons donc Bean et Liza dans leur pérégrination. Leur voyage initiatique va les envoyer sur les traces de leur famille et de leur terre natale. Les mensonges et les non-dits vont très vite s’éclaircir grâce à leur nouvel entourage très bavard et au grand dam de leur mère. Cette expérience va changer les deux adolescentes à jamais. Elles vont vivre des moments de bonheur indicible comme des périodes difficiles. En somme, nous les voyons grandir. Toutefois et à mon sens, le style aurait mérité d’être davantage travaillé afin de donner plus de force et donc de grandeur à ce roman. C’est parfois un peu rectiligne et manque donc de relief.

C’est une bonne histoire. J’ai passé de belles heures de lecture en compagnie de Bean et Liz dans le sud des États-Unis des années 70. Le style aurait mérité d’être un peu plus étoffé pour en faire un grand roman. Je retiendrais certainement l’histoire de ces deux héroïnes très attachantes.

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Fanny

Propos cocasses et insolites entendus en librairie de Jen Campbell et illustré par Pancho

icono_propos_cocasses_librairie-bd-plat-1-crgRésumé de l’éditeur : Poète et nouvelliste, Jen Campbell s’est inspirée de son expérience de libraire à Édimbourg et à Londres pour rapporter dans un blog ses conversations invraisemblables, étranges ou extravagantes avec certains clients. Le succès de son blog lui a donné l’idée de partager sous forme de recueil ces perles complètement inouïes – et pourtant vraies ! Le livre a déjà été traduit dans une dizaine de pays. Suite au succès du livre (bestseller du Sunday Times), un deuxième volume est sorti deux ans plus tard.

Je n’ai pas forcément l’occasion d’en lire souvent mais j’aime beaucoup ce genre de petites anthologies qui regroupent les anecdotes d’une profession. Ici ce sont les libraires qui sont mis à l’honneur. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils en voient de toutes les couleurs! Tantôt mignons, tantôt agressifs, tantôt naïfs, tantôt tendres ces quelques mots échangés sont très agréables à découvrir et souvent surprenants. On ne s’imagine pas le nombre de gens différents ou le nombre de demandes farfelues qu’un librairie peut accumuler au cours de sa carrières.

« Je cherche des livres avec une couverture de ce vert-ci. C’est pour aller avec le papier cadeau que j’ai acheté. »p. 74

« Est-ce que vous avez un livre qui explique comment fonder un pays? Je voudrais déclarer mon jardin une nation indépendante. » p. 190

Les anecdotes sont classées par grandes thématiques. Des illustrations viennent régulièrement égayer l’ensemble. C’est un livre à lire d’un trait (impossible de se lasser car les dialogues sont très variés) ou bien à picorer de temps en temps. C’est un cadeau parfait pour les amoureux des livres, de la littérature et de librairies. Le lecteur un minimum averti comprend les références manquées, les bourdes des clients, les absurdités et le désarroi de ces pauvres libraires. On aurait presque pitié d’eux alors qu’ils travaillent dans de véritables paradis!

C’est une lecture agréable qui m’a permis de faire une coupure entre deux romans. J’ai beaucoup ri avec cette anthologie que je vous conseille fortement soit pour vous soit à offrir. Les libraires ont bien de la patience!

Lu en lecture commune avec Fanny.

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Fanny

L’attrape-coeurs de J. D. Salinger

9782221157480Résumé de l’éditeur : Issu d’une famille aisée à New York, Holden Caulfield intègre le pensionnat Pencey Prep en Pennsylvanie. Mais, quand il est viré à la fin du semestre, il s’en va plus tôt que prévu pour quelques jours d’aventure. C’est ainsi qu’on devient son partenaire et confident dans une aventure de délinquance innocente. Même s’il n’a pas envie de raconter « toutes ces conneries », c’est exactement ce qu’il va faire : on découvre une histoire captivante, un portrait incontournable de l’Amérique de l’après-guerre et l’un des personnages les plus aimés de la littérature.

Ce grand classique de la littérature américaine n’était pas encore passé entre mes mains. Il m’a plusieurs fois fait de l’œil de par son rang d’incontournable et m’a été maintes fois conseillé. Avant ma lecture, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. J’ai gardé la surprise du contenu jusqu’au bout. Nous accompagnons un adolescent, Holden, pendant quelques jours. Nous le suivons dans une fugue à travers les rues de New-York. Le passage de l’enfance à l’âge adulte l’effraie tout en lui donnant beaucoup de courage. Il se cherche et ne comprend pas ce qui lui arrive. Les sentiments se mélangent et sont extrêmes.

C’est un véritable voyage initiatique dans une ville bien trop grande pour notre héros. Elle est faite de beauté mais aussi des choses les plus laides. J’ai beaucoup aimé l’écriture de J. D. Salinger. Il rédige comme un adolescent aurait pu le faire avec ce qu’il faut de naïveté, de naturel et de spontanéité. Le lecteur est régulièrement introduit dans le récit puisqu’il est interpelé plusieurs fois par Holden par le biais de questions ou d’observations. Lorsque j’ai refermé ce livre, j’aime comme ressenti un goût de trop peu. J’aurais aimé connaitre un peu plus cet adolescent et l’accompagner encore longtemps car finalement il reste une énigme par sa pudeur, ses peurs, ses névroses et ses multiples réflexions qui partent dans tous les sens.

C’est une belle histoire sur les difficultés de l’adolescence. J’ai passé un bon moment au côté de Holden même si l’ensemble m’a paru court car c’est un instant de vie qui nous est montré ici. Dans tous les cas ce livre donne envie d’aller plus loin et de découvrir d’autres œuvres de J. D. Salinger.

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Fanny

La proie du papillon de Stéphane Soutoul

LaProiePapillon_CouvRésumé de l’éditeur : Sulfureux. Indécents. Mortels… Avez-vous déjà entendu parler des Fils d’Éros ? On prétend à mi-voix que ces professionnels de la séduction joueraient avec les sentiments et bouleverseraient la vie de leurs victimes. Judith de Ringis est une femme d’affaires aussi douée qu’impitoyable. Pour se débarrasser d’une concurrente gênante, elle requiert les services de l’un de ces mercenaires. Marco, dit le Papillon, s’engage à briser sa proie. Cependant, manipuler les choses de l’amour n’est jamais simple, surtout quand les plus redoutables prédateurs se révèlent, eux aussi, capables d’émotions…

Stéphane Soutoul est l’auteur de la très chouette série d’urban fantasy Anges d’Apocalypse que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire et à suivre. J’étais curieuse de le découvrir dans un genre tout à fait différent puisque La proie du papillon est un thriller sentimental. Je dois bien avouer que ce n’est pas du tout mon type de lecture. Les codes qui régissent cette littérature ne me font généralement pas décoller. Ici on n’échappe pas aux habituels hommes à la stature incroyable et aux compétences sexuels inépuisables (ceci est aussi valable pour l’héroïne). C’est très loin de me faire rêver. Cependant, j’ai retrouvé l’écriture propre à l’auteur que j’ai toujours aimé lire. C’est fluide, franc et sans détour.

L’ensemble est plutôt bien mené. Les dialogues sont plein de réparties, s’enchainent très bien et apportent du rythme. Je me suis assez vite doutée du dénouement sans savoir comment on n’en arriverait là ni qui en serait l’instigateur. Les cinquante dernières pages sont celles que j’ai surement préféré. Elles sont à la fois justes et terribles, bien menées et possèdent une vraie force. Le moins que l’on puisse dire est que Stéphane Soutoul n’épargne pas ses personnages. Judith est détestable et ne se remet jamais en question. Elle va apprendre l’humilité et la gentillesse à ses dépens. Les autres personnages ont des facettes multiples et sont intéressants à suivre.

Voici donc une lecture que je n’ai pas savouré comme je l’aurais souhaité. Ce n’est pas un genre avec lequel je me sens à l’aise et que j’aime particulièrement lire. Cependant, je reconnais les qualités d’écriture de Stéphane Soutoul et le dénouement qui m’a particulièrement plu.

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Fanny

La tombe d’Hanoï d’Henri Ansroul

31b+8ktfd7LRésumé de l’éditeur : A 19 ans, Henri Ansroul, jeune parachutiste breton, est pris dans la tourmente de la guerre d’Indochine, pays qui lutte alors pour son indépendance. A son retour, il rédige un témoignage passionnant sur les combats et les liens d’amitié entre soldats.

Ce livre est le premier ouvrage publié par une toute nouvelle maison d’édition (Les archives dormantes). Cette dernière s’est donnée comme ligne éditoriale de publier les écrits oubliés d’anonymes (mémoires, journaux intimes ou encore correspondance) soit pour le grand public soit uniquement pour le cadre privé de la famille. Nous découvrons ici une petite partie de l’histoire d’Henri Ansroul envoyé en Indochine à l’âge de 19 ans. Nous le suivons donc dans ce pays inconnu et pour le moins exotique à ses yeux. Je vous laisse imaginer ce que peut représenter ce déracinement pour un jeune n’ayant jamais quitté sa Bretagne natale.

Ce genre d’ouvrage est intéressant par le regard porté sur un évènement historique mais aussi par la façon dont cela est retranscrit. Nous n’avons pas affaire à un écrivain et c’est ce qui apporte tout le charme de l’ensemble. Henri Ansroul écrit comme il parle. Il y a un côté nostalgique voire ingénu qui est très touchant. Il se rappelle de lieux, de camarades, d’évènements marquants sans forcément aller dans les détails. Mais ce qu’il raconte et la façon dont il le raconte suffit à comprendre sa démarche de laisser derrière lui une trace de son vécu. Les archives dormantes ont de belles heures devant elles car imaginez tous les trésors qui dorment chez tout un chacun!

C’est donc un document intéressant à découvrir d’un point de vue historique mais aussi concernant la démarche. La famille de Mr Ansroul peut être fière de ce bel hommage. Etant archiviste, je ne peux que saluer cette initiative.

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Fanny

Un mirage finlandais de Kjell Westö

12743494_1188440487851307_4057079463142632273_nRésumé de l’éditeur : « Le Club du mercredi avait commencé, des gloussements virils lui parvinrent dès qu’elle monta l’escalier en pierre. Matilda distingua la voix de Thune, celle de Grönroos, et d’autres aussi. Elle se figea. » Matilda est une sténodactylo hors pair. Elle travaille à Helsinki pour l’avocat Claes Thune. Ce soir de mars 1938, le Club du mercredi – un groupe de gentlemen qui se retrouvent chaque mois pour refaire le monde – est réuni dans le cabinet de son patron. Soudain, Matilda reconnaît la voix d’un homme qu’elle aurait préféré oublier… La vengeance n’est-elle pas un plat qui se mange froid ?

Je lis peu de littérature scandinave. Lorsque j’ai vu ce titre dans la liste des livres proposés lors d’une masse critique Babelio je n’ai pas hésité longtemps. Je ne connaissais pas du tout l’auteur. Il semble qu’il ait un certain succès dans son pays. Les 200 premières pages de ce roman sont assez longues et floues. L’auteur installe doucement son histoire à tel point qu’on se demande où il souhaite nous emmener. Une fois ce palier passé, l’intrigue s’ouvre complétement, devient intéressante et le tout s’enchaine à merveille. Kjell Westö sait instiller du suspens ici et là par de petites allusions. Les personnages principaux sont dans l’ensemble attachants. Leur psychologie m’a particulièrement intéressée.

« Elle attendrait le début du concert de variétés musicales à la radio, baisserait légèrement le volume, allumerait la lampe de chevet, s’installerait dans le fauteuil rouge aux accoudoirs clairs, s’envelopperait dans le plaid et lirait, ses toffees au chocolat ou un bol d’oreillons de pêche à portée de main. » (p. 14)

Ce roman est l’occasion d’en découvrir davantage concernant l’histoire trop méconnue et pourtant mouvementée de la Finlande. En effet, je me suis documentée car J’ai parfois eu quelques difficultés à bien tout comprendre de ce qu’expliquer l’auteur. Ce fut passionnant de découvrir la guerre civile finlandaise de 1918 qui opposa les Blancs et les Rouges (les communistes). Ces derniers ont d’ailleurs fait l’objet de détention dans des camps de concentration. C’est de cela dont il est principalement question dans ce roman mais aussi de la montée du nazisme  Vous l’aurez compris le cadre spatio-temporel m’a beaucoup plu et est la principale force de ce livre à mon sens.

Mon avis est finalement plutôt positif concernant ce roman. C’est vrai que les 200 premières pages m’ont déçue. Cependant, j’ai bien fait de persévérer car la suite est un régal à suivre notamment grâce à la psychologie des personnages et au cadre spatio-temporel (la Finlande entre 1918 et 1938).

Lu dans le cadre de la masse critique de Babelio.

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Fanny