Loin de la foule déchaînée de Thomas Hardy

IMG_20150610_181712_resizedkkk

Résumé de l’éditeur : Gabriel Oak, jeune paysan du Wessex, est devenu propriétaire d’une bergerie. Il s’éprend de Bathsheba Everdene, venue s’installer au pays avec sa tante. Mais la belle repousse ses avances avec hauteur. Ayant perdu toutes ses bêtes par la faute d’un chien mal dressé, Gabriel, ruiné, est réduit à trouver du travail dans une ferme qu’il vient de sauver d’un incendie et dont la propriétaire n’est autre que… Bathsheba, qu’un héritage a rendue riche.

Je préfère vous prévenir de suite, va suivre une chronique carrément dithyrambique. Thomas Hardy nous transporte dans le Wessex, un comté imaginaire surement inspiré de sa région natale. L’auteur nous décrit de superbes paysages. Il dépeint également la vie dans la campagne anglaise où le rythme de chaque foyer se calque sur les saisons et les divers travaux d’élevage ou de récolte à réaliser. Pendant ma lecture, je n’ai eu de cesse de passer par diverses émotions : la joie, la tristesse, l’inquiétude, le désemparement mais aussi l’incrédulité parfois. Thomas Hardy nous emmène là où on ne l’attend pas.  Certaines scènes sont vraiment dramatiques et nous secouent forcément. D’autres sont au contraire plus douces où l’espoir semble revenir.

C’est un roman moderne et notamment concernant la condition de la femme. En effet, ici Bathsheba est à la tête d’une ferme et d’une certaine fortune. C’est elle qui assure la gestion et la coordination de sa propriété. Cependant, c’est aussi le témoignage de la méconnaissance des femmes des choses de l’amour. On ne leur explique rien et sont sciemment laissées dans l’ignorance. Elles ne peuvent ainsi pas cerner correctement leurs sentiments. Ceci s’en ressent dans leurs prises de décision qui ne sont pas toujours judicieuses. Gabriel Oak est un très beau personnage. On le suit avec beaucoup d’empathie. Il en va de même avec William Boldwood. En ce qui concerne le sergent Troy, c’est une autre histoire… Vous l’aurez compris, la psychologie des personnages est recherchée.

Un énorme coup de cœur comme il en existe finalement peu. Il s’agit d’un des plus beaux romans du XIXe siècle anglais que j’ai pu lire jusqu’ici. L’intrigue, les personnages et leur psychologie, les descriptions, la vie à la campagne pendant la seconde moitié du XIXe siècle en font une œuvre incontournable et inoubliable. L’adaptation qui vient de sortir est une petite merveille!

Lu en lecture commune avec Natacha.

Lu dans le cadre du challenge XIXe siècle.

Fanny

Ruth de Elizabeth Gaskell

9782352876236-G-210x340Résumé de l’éditeur : Orpheline, la jeune et naïve Ruth est placée dans l’atelier de couture de Mrs Mason. Lors d’un bal, elle rencontre Henry Bellingham, un fils de bonne famille, avec qui elle noue bientôt une belle amitié, se muant en passion amoureuse, à rebours des conventions sociales. Jugée « fille perdue », Ruth est congédiée. Elle se réfugie au Pays de Galles avec Bellingham qui l’abandonne.

Après avoir découvert et aimé Nord et Sud et Cranford, il me tardait de renouer avec la plume d’Elizabeth Gaskell. Cette dernière ne m’a, une fois de plus, pas déçue. Avec Ruth, elle signe un magnifique roman sur les conventions extrêmement lourdes de l’époque victorienne, sur les préjugés mais aussi et surtout sur le jugement d’autrui au moindre faux pas. C’est avec beaucoup d’attention et sans jamais m’ennuyer que j’ai parcouru ce roman. L’auteure fait en sorte qu’il y ait de fréquents rebondissements. Elle sait parfaitement tenir son lectorat en haleine. J’ai suivi le destin de Ruth tantôt avec effroi tantôt avec joie. Un foisonnement de sentiments différents m’a traversée.

Elizabeth Gaskell croque un personnage principal avec beaucoup de finesse. Ruth subit de violents revers. Elle est à la fois forte et fragile. Malgré le désespoir et la peur de l’avenir, elle arrive à trouver de la force pour se battre contre l’adversité. La bienveillance et l’attachement des Benson m’ont touchée. Certains passages m’ont fait froid dans le dos par leur brutalité. La fin m’a fait verser quelques petites larmes. Elle ne fait qu’embellir l’ensemble en apportant un nouvel éclairage. Elle est superbe et d’une morale toujours valable dans notre XXIe siècle. Avec cette histoire, Elizabeth Gaskell fait passer un beau message de tolérance, de rédemption et d’amour.

Ce roman m’a convaincue du début à la fin. Ruth est un personnage très attachant. Nous suivons son destin avec intérêt et frisson parfois. Elizabeth Gaskell possède un sacré talent de conteuse. Elle sait aussi pointer du doigt la cruauté de la société dans laquelle elle vit.

Lu dans le cadre d’une lecture commune autour de l’auteure Elizabeth Gaskell pour le Challenge XIXe siècle.

Fanny

Villette de Charlotte Brontë

9782352874850-G-210x337Résumé de l’éditeur : Lucy Snowe, 14 ans, a développé une profonde affection pour le jeune Graham Bretton, fils de sa marraine. Leur attachement est mutuel, mais le père de Graham vient bientôt récupérer son fils… Peu de temps après leurs adieux, Lucy doit quitter la maison. Après quelques hésitations, elle est engagée comme aide par Miss Marchmont, une dame handicapée. À la mort de celle-ci, pleine d’attentes et d’espoirs, Lucy prend un navire pour le royaume de Labassecour et sa capitale, Villette, où elle est employée comme institutrice à l’internat pour jeunes filles de Mme Beck. Dans cette école, un certain Dr John rend souvent visite à la coquette Ginevra, dont il est amoureux.

Vous connaissez surement ma passion pour la période du XIXe siècle anglais. C’est tout naturellement que j’ai souhaité continuer ma découverte de la littérature foisonnante de cette époque. C’est donc avec Villette que je vous retrouve. En compagnie de ce roman je n’ai eu de cesse d’osciller entre attention et ennui. En effet, certains passages m’ont beaucoup plu et notamment lorsque Lucy est présente chez les Bretton. Il y a là une certaine chaleur, de la bonne humeur et des discussions sympathiques comme dans un foyer familial. De même j’ai apprécié les passages où Lucy lâche prise ne serait-ce qu’un tout petit peu. D’autres fragments sont au contraire franchement soporifiques.

L’héroïne est avant tout une observatrice et une spectatrice. Elle agit très peu et est d’une nature contradictoire. Il s’agit d’un personnage souvent insondable qui ne se laisse pas facilement apprivoiser. Elle ne provoque jamais le destin et se morfond la plupart du temps sauf dans les dernières pages où il est possible d’entrevoir un bonheur sincère. C’est certain que de devoir gagner sa vie lorsqu’on est une femme au XIXe siècle n’est pas chose aisée. Le chemin est souvent semé d’embuche et les opportunités sont assez restreintes. Cette situation est d’ailleurs très bien exposée. La religion et notamment le protestantisme et le christianisme sont très présents également.

Pour conclure, il s’agit d’un roman qui m’a donné du fil à retordre afin de me forger un avis clair. Certains passages m’ont clairement ennuyée. J’ai eu du mal à m’attacher à l’héroïne. Par contre, j’ai apprécié le fait que Charlotte Brontë mette en avant la difficulté de gagner sa vie pour une femme au cœur du XIXe siècle. Elle m’a aidée à davantage comprendre Lucy et son hermétisme.

Lu en lecture commune avec Coquelicote et Cassie.

Lu dans le cadre du Challenge XIXe siècle.

Fanny

Le secret de Lady Audley de Mary Elizabeth Braddon

9782352875475-G-220x356

Résumé : Après trois années à chercher fortune en Australie, George Talboys est de retour au pays. Accueilli par son ami Robert Audley, avocat, il s’apprête à retrouver sa femme Helen, quand il apprend que celle-ci est mystérieusement décédée. À Audley Court, la propriété familiale où Robert a invité son ami, d’autres événements curieux se produisent. La tante de Robert, Lady Audley, évite de croiser George. Lequel, après s’être fait montrer un portrait d’elle, disparaît brusquement.

L’auteur met du temps à mettre en place son histoire. Elle pose doucement la trame de son récit et le contexte. Cependant, dès le début elle éparpille quelques indices sur la future intrigue de façon subtile. On sent que certains évènements ou certains agissements de personnages peuvent paraitre anodins au premier abord mais sont au final assez lourds de sens pour les évènements à venir.

On assiste à plusieurs glissements successifs de l’histoire. En effet, nous passons d’un passage descriptif (personnages et leur passé) à une phase d’observation et d’intuition puis à une véritable enquête où le suspense, la tension et le dénouement se mettent en place. Les chapitres courts servent vraiment bien l’intrigue. Ils ne permettent aucun temps mort et maintiennent le rythme dans les passages haletants.

Comme vous l’aurez compris il s’agit d’un thriller gothique victorien publié en 1862. Nous avons donc sous les yeux une écriture du XIXe siècle avec un vocabulaire soutenu et varié. Certes elle a un peu vieilli mais elle donne surtout un charme et une ambiance au récit. Nous avons d’ailleurs de très belles descriptions d’intérieurs, de paysages, de personnages et du monde de l’époque.

Deux bémols ont quelque peu gêné ma lecture. D’abord j’ai ressenti quelques longueurs à certains moments. Elles sont présentes surtout lorsque le personnage principal qui mène l’enquête, Robert Audley, expose ses états d’âme et les questions existentielles qu’il se pose. Ensuite, les nombreuses fautes de frappe ou de saisie m’ont vraiment gêné. Une, deux, trois passent encore mais plus d’une dizaine cela devient trop pour moi… Entre les mots en trop et ceux en remplaçant d’autres j’ai trouvé ça assez gênant pour l’aisance de lecture.

Il s’agit d’une lecture de qualité malgré quelques longueurs et les fautes de frappe récurrentes. Je comprends le succès qu’a pu avoir ce roman durant la seconde moitié du XIXe siècle car c’est bien mené et l’auteur sait embarquer le lecteur dans son intrigue.

Lu en lecture commune avec Bianca.

Lu grâce à la masse critique Babelio et aux éditions Archipoche.

    

Lu dans le cadre du challenge XIXe siècle.

Fanny

Emma de Jane Austen

emma-jane-austen

Que serait le mois anglais sans une lecture d’un écrivain majeur de ce pays? C’est donc partie pour ma chronique sur un des romans de Jane Austen.

Emma est une jeune fille très sûre d’elle de la riche aristocratie du Surrey. Elle est vive et aimée de tous. Son passe-temps favoris est de provoquer et de pronostiquer des penchants amoureux et des mariages entre les personnes de son entourage. Mais c’est sans compter sur ses maladresses et son manque de clairvoyance.

J’ai retrouvé avec grand plaisir la plume acérée de Jane Austen et le langage soutenu qu’elle utilise. Je me suis délectée de chaque phrases et de chaque petites piques qu’elle lance envers la société anglaise. Elle dissèque les convenances mais aussi la psychologie de ses personnages. J’ai également aimé me retrouver en plein début du XIXe siècle dans la vie d’une petite bourgade anglaise.

Tout comme dans la série, je me suis beaucoup attachée à Emma. Dans un premier elle nous parait bien peste. Mais elle finit vite par se rendre compte et apprendre de ses erreurs. Elle est d’une grande fraicheur, très vive et parfois taquine. Les personnages secondaires sont savoureux. Mrs Elton est insupportable jusqu’à la toute fin. Quelle langue de vipère! Mr Woodhouse et son hypocondrie maladive est vraiment attachant. Je connaissais déjà le dénouement de l’histoire mais j’ai aimé les stratagèmes d’Emma et des autres personnages pour cacher leur inclination.

Un petit bémol a quelque peu gêné ma lecture. Il s’agit des longs monologues de Miss Bates. Lorsqu’elle commence à parler on ne l’arrête plus… J’aime les romans épistolaires. En revanche j’ai plus de mal avec les insertions de correspondance dans un roman. J’ai souvent tendance à m’impatienter. Ici la lettre de Frank Churchill à Mrs Weston n’a pas fait exception.

Encore une belle découverte. Emma est pour l’instant un des meilleurs Jane Austen que j’ai pu lire. Maintenant il me reste Northanger Abbey, Raison et Sentiments, Persuasion et quelques écrits de jeunesse.

Lu en lecture commune avec La Petite Biblioggeuse.

Lu dans le cadre du mois anglais de juin 2013 organisé par Titine et Lou.

     Fanny