3 livres, 3 avis, 1 billet

Diaboliques de Cédric Meletta

La Seconde guerre mondiale est une période historique qui m’intéresse beaucoup. Je ne compte plus le nombre de documentaires, de séries ou de films que j’ai pu voir, ni le nombre de livres que j’ai pu parcourir sur le sujet. Ce dernier semble inépuisable et analysable sous de multiples aspects. Grâce à un travail de recherches poussé, Cédric Meletta nous dépeint sept portraits de femmes complétement oubliées ayant participé à des manœuvres aux conséquences plus ou moins graves entre petits arrangements, délations et collaborations actives. Malheureusement, ma lecture ne fut pas sans embuches. Trop de noms de personnes et trop de digressions m’ont empêchée de profiter pleinement de cet ouvrage. Je me suis souvent emmêlée les pinceaux et c’est bien dommage.

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Les détectives du Yorkshire, Tome 2 : Rendez-vous avec le mal de Julia Chapman

Quelle période idéale que le mois anglais pour se replonger avec délice dans des ouvrages so british. Chaque mois de juin de chaque année renouvelle ce plaisir. J’ai donc terminé tranquillement le second opus des Détectives du Yorkshire. Je l’avais commencé lors de sa sortie en 2018 sans jamais réussir à l’avancer et le finir. Le roman est assez lent à démarrer, ce qui a provoqué un petit blocage. Deux intrigues se croisent entre kidnapping d’un bélier et faits étranges dans la maison de retraite de Bruncliffe. L’atmosphère générale de cette petite ville d’Angleterre est agréable à retrouver surtout avec ce style très britannique et les touches d’humour. Pour ne rien gâcher, je ne peux que constater que je suis déjà très attachée aux personnages de cette saga. Je continuerais cette série de romans détente et j’espère que le passé entourant les deux héros va quelque peu se dévoiler.

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Sauveur & fils, Saison 2 de Marie-Aude Murail

La sortie poche de ce second opus a permis mes retrouvailles avec toute une bande de personnages très amicaux. Sauveur & fils est certes bourré d’humour, de bons mots, d’humanité et de compréhension mais c’est aussi la réalité de notre société qui nous est montrée. Les personnalités sont multiples tout comme les maux psychologiques. Le mal-être des petits mais aussi des grands est à la fois touchant et révoltant. La famille traditionnelle n’est plus le modèle unique, la question de la recomposition se pose inévitablement. Les dialogues sont à noter, on assiste régulièrement à de très beaux échanges où la parole finit par se libérer et devient salvatrice. Pas de coup de cœur mais ce roman reste une très bonne lecture. Je suis déjà impatiente de retrouver tout ce petit monde l’année prochaine lors de la sortie poche du troisième tome.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Les détectives du Yorkshire, Tome 1 : Rendez-vous avec le crime de Julia Chapman
  • Les jonquilles de Green Park de Jérôme Attal
  • Miss Charity de Marie-Aude Murail

Fanny

Mrs Hemingway de Naomi Wood

Résumé de l’éditeur : Ernest Hemingway était un homme à femmes. Mais il ne se contentait pas d’enchaîner les histoires. Ses maîtresses, il en a fait des Mrs Hemingway. Ainsi la généreuse Hadley Richardson a-t-elle été remplacée par la très mondaine Pauline Pfeiffer, et l’intrépide Martha Gellhorn par la dévouée Mary Welsh, au fil d’un scénario qui ne variait que de quelques lignes : la passion initiale, les fêtes, l’orgueil de hisser son couple sur le devant de la scène, puis les démons, les noires pensées dont chacune de ses femmes espérait le sauver. Naomi Wood se penche sur la figure d’un colosse aux pieds d’argile, et redonne la voix à celles qui ont sacrifié un peu d’elles-mêmes pour en ériger le mythe.

Est-il encore utile de présenter Ernest Hemingway ? Cet auteur mythique est une figure incontournable lorsqu’on parle de littérature américaine, de journalisme et de reportage. Naomi Wood s’attache à dévoiler les portraits des quatre femmes liées à Ernest par le mariage. Grâce à des va et vient entre passé et présent, chacune se souvient de sa première rencontre avec Ernest, de sa relation fusionnelle et des premiers signes d’une défaillance affective. Hadley, Pauline, Martha et Mary sont donc bien les héroïnes de ce roman. Force de caractère, passion et indépendance les animent. Le portrait d’Ernest Hemingway finit par se dessiner en filigrane. Le lecteur découvre un homme rongé par des accès de dépression, par l’alcoolisme et par un traumatisme lié à son père.

Ernest Hemingway ne cesse de vouloir se marier avec chacune des femmes rencontrées pour finir par les abonner pour une autre. Ce fait est à l’image de l’ambiguïté et des failles psychologiques du personnage. Le roman se déroule entre l’Europe et les États Unis. Les événements qui secouent le vieux continent pendant la première moitié du XXe siècle sont d’ailleurs explicités. C’est également l’occasion de rencontrer des personnalités hautes en couleur faisant les choux gras des tabloïds à commencer par Zelda et Francis Scott Fitzgerald ou encore Sara et Gerald Murphy. Mrs Hemingway est un roman plutôt bien écrit et construit qu’on prend plaisir à parcourir. C’est autant l’histoire de toutes ces femmes, d’Ernest Hemingway que d’une époque bien particulière.

Mrs Hemingway est un roman intéressant et bien vu. En effet, la romancière réussit à faire apparaitre Ernest Hemingway à travers les témoignages des quatre épouses de l’écrivain. Entre l’Europe et les États-Unis, les états d’âme des personnages nous sont dévoilés tout comme tout un pan de l’histoire contemporaine. De plus, cet ouvrage a le mérité de m’avoir donné envie d’aller plus loin dans ma découverte de Hadley, Pauline, Martha et Mary avec notamment Madame Hemingway et La troisième Hemingway de Paula McLain.

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  • Zelda de Jacques Tournier

Fanny

Vanessa et Virginia de Susan Sellers

Résumé de l’éditeur : Dans la douceur d’un jardin anglais, deux jeunes filles s’éveillent au monde. Elles sont sœurs, fusionnelles mais rivales, toutes deux animées par l’art et le goût de la liberté. Vanessa veut être peintre, tandis que la fragile Virginia se destine à l’écriture. Virginia deviendra Virginia Woolf, une des plus grandes romancières du XXe siècle. Elle et Vanessa ne se quitteront jamais.

Depuis quelques années, je m’intéresse à la vie de Virginia Woolf et par extension à celle de son entourage. Objet de fascination et de supposition, elle ne cesse d’intéresser et d’intriguer. Susan Sullers nous propose une biographique romancée revêtue d’une vision singulière. En effet, Vanessa Stephen (future Vanessa Bell) en est la narratrice. Le lecteur  comprend très vite qu’elle s’adresse directement à sa sœur Virginia par le biais du tutoiement. L’ensemble prend finalement la forme d’une longue lettre où les souvenirs refont surface par petites touches à l’image d’une toile à recouvrir de peinture. La romancière développe ainsi un roman sensible, à fleur de peau et parfois mélancolique.

Se déroule sous nos yeux une enfance et une adolescence ponctuées par les disparitions (une mère, un père, une sœur, un frère). C’est également une compétition qui s’engage entre les deux sœurs à l’âge adulte. L’une peint tandis que l’autre écrit et connait très vite le succès. Elles entretiennent une relation complexe faite de connivence mais aussi de rivalité. Vanessa n’échappe pas à l’abattement et à la rancœur. Elle est d’ailleurs aussi passionnée que fragile. Fragilité qu’elle partage avec Virginia. La création, les moments de doutes et d’obsession nous sont donnés à voir. Susan Sellers ne contextualise pas. N’hésitez donc pas à vous renseigner sur le sujet avant de commencer votre lecture.

Susan Sellers donne la parole à Vanessa Bell, peintre anglaise et sœur de Virginia Woolf. Par petites touches et évocation d’anecdotes, le récit finit par former toute une vie. La romancière développe un roman sensible, à fleur de peau et parfois mélancolique. Les lecteurs n’étant pas au fait de la vie et de l’entourage des deux sœurs seront peut-être un peu perdus car aucune contextualisation n’est présente. Commençant à assez bien connaitre la vie de Vanessa, de Virginia et du Bloomsbury Group, je n’ai pas forcément appris beaucoup d’élément. Par contre, j’ai passé un joli moment de lecture.

  • Croquis d’une vie de bohème de Lesley Blanch
  • Je te dois tout le bonheur du monde de Carole d’Yvoire
  • Rebelles honorables de Jessica Mitford

Fanny

Les confessions de Frannie Langton de Sara Collins

Résumé de l’éditeur : Esclave. Frannie Langton grandit à Paradise, dans une plantation de canne à sucre, où elle est le jouet de chacun : de sa maîtresse, qui se pique de lui apprendre à lire tout en la martyrisant, puis de son maître, qui la contraint à prendre part aux plus atroces expériences scientifiques… Domestique. À son arrivée à Londres, la jeune femme est offerte comme un vulgaire accessoire à George et Marguerite Benham, l’un des couples les plus raffinés d’Angleterre. Séductrice. Seule contre tous, Frannie trouve une alliée en Marguerite. Entre ces deux lectrices invétérées se noue un lien indéfectible. Une foudroyante passion. Une sulfureuse liaison. Meurtrière. Aujourd’hui, Frannie est accusée du double-meurtre des Benham. La foule se presse aux portes de la cour d’assises pour assister à son procès. Pourtant, de cette nuit tragique, elle ne garde aucun souvenir. Pour tenter de recouverer la mémoire, Frannie prend la plume… Victime ? Qui est vraiment Frannie Langton ?

Sara Collins signe un premier roman pour le moins audacieux et sombre. L’héroïne, Frannie Langton, nous conte son parcours entre la Jamaïque et Londres, entre l’esclavage et son jugement pour un double meurtre. Ses statuts successifs d’esclave, de domestique et de prostituée ne lui permettent jamais de gagner son affranchissement. Sa couleur de peau la condamne d’emblée à tous les maux. Pour preuve, son procès et sa conclusion semblent écrits d’avance. La romancière développe son roman autour de la suprématie blanche, de l’esclavagisme mais aussi des expériences réalisées sur des esclaves morts ou vifs.

Ce récit m’a agréablement surprise sur un point en particulier. En effet, j’ai été étonnée d’y trouver une relation lesbienne. Ce fut donc assez rafraichissant pour moi qui lis peu de roman mettant en scène ce type de personnage. Les protagonistes sont tous plus ambigus les uns que les autres, à commencer par notre héroïne Frannie. Une grande barrière nous empêche parfois de faire preuve de compréhension et d’attachement. La succession de drames, parfois un peu too much, n’est pas toujours très subtile. Finalement, beaucoup de questions restent en suspens. Sans être exceptionnelle, l’écriture de Sara Collins est agréable à parcourir.

Les confessions de Frannie Langton recèle des thématiques fortes, des sujets complexes et une plume agréable. Je me dois de mitiger quelque peu mon avis. En effet, Frannie doit faire face à une succession de drames assez impressionnante et peu crédible. Cependant, pour son premier roman, Sara Collins n’a pas choisi la facilité et reste une romancière à surveiller à l’avenir.

Lu grâce à la masse critique Babelio et aux éditions Belfond.

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  • Alex, fils d’esclave de Christel Mouchard
  • La déchéance de Mrs Robinson de Kate Summerscale
  • Paradigma de Pia Petersen

Fanny

Poussière de Rosamond Lehmann

Résumé de l’éditeur : À 18 ans, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Judith Earle, une jeune fille de bonne famille du sud de l’Angleterre, regagne la grande maison familiale au bord de l’eau. Elle vient de terminer ses études à Cambridge. Elle assiste au retour de ses voisins, les cousins Fyfe, qu’elle a idolâtrés tout au long de son enfance solitaire. Dans une mosaïque faisant alterner passé et présent, Judith se souvient de leurs jeux, et des fantasmes induits par ces jeunes garçons qui revêtaient pour elle un caractère quasi mythique tant ils étaient beaux, socialement doués, à l’aise en toutes circonstances… Tous ont grandi, et elle revoit chacun identique et différent de l’enfant qu’il fut. Mais la magie de l’enfance n’est-elle pas déjà devenue poussière ?

Conseillé par Jean-Noël Liaut, l’auteur de l’excellente biographie Nancy Mitford, la dame de la rue Monsieur, je n’ai pas attendu longtemps avant de me procurer ce roman assez peu connu en France. Poussière possède un charme particulier et suranné. D’une écriture fine et ciselée, Rosamond Lehmann décrit chaque personnage, chaque mouvement, chaque objet et chaque situation avec beaucoup de détails, de subtilité et de pertinence. Le rythme est lui aussi assez singulier. Les chapitres sont plus ou moins courts. Le temps s’étend avec indolence mais aussi une certaine intransigeance. Le tout est réussi et m’a procuré de belles heures de lecture.

Rosamond Lehmann nous dépeint l’enfance et l’adolescence de Judith. Le lecteur suit une héroïne solitaire et observatrice à travers les saisons et les années. Nous assistons à l’éveil de ses sens et du sentiment amoureux avec tâtonnement, maladresse et parfois une pointe de naïveté. Les relations entre les différents protagonistes sont complexes et parfois ambiguës. Les personnages portent d’ailleurs en eux une part de mystère et d’ombre. C’est aussi une jeunesse pleine de doute, de déception et de mélancolie dus notamment à la Première Guerre mondiale qui nous est donnée à voir. Les femmes sont au premier plan, la difficulté d’être indépendante malgré des études poussées.

Revenir à un classique de la littérature britannique m’a fait un bien fou. Il y a encore quelques semaines, Poussière m’était totalement inconnu tout comme Rosamond Lehmann. La surprise fut donc d’autant plus belle. Paru pour la première fois en 1927, ce roman est beaucoup trop méconnu. Il est sensible et plus complexe qu’il n’y parait.

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  • Avec vue sur l’Arno d’E. M. Forster
  • Chez les heureux du monde d’Edith Wharton
  • La poursuite de l’amour de Nancy Mitford

Fanny

How to stop time de Matt Haig

Résumé de l’éditeur : Tom Hazard vient de postuler pour devenir professeur d’histoire dans un collège londonien. Il se tient résolument à l’écart des autres. Car Tom a un secret. Il est atteint d’anagérie, une condition qui survient à la puberté et provoque un vieillissement extrêmement plus lent que la normale. Il doit donc tout taire pour ne pas éveiller les soupçons et risquer de devenir un objet d’étude scientifique ou, pire, d’être tué. Il renonce ainsi, chaque fois que le danger se précise, à la vie qu’il s’est construite, recommençant tout à zéro ailleurs. C’est ainsi qu’il a dû abandonner sa fille, atteinte du même mal que lui. Depuis lors, il n’a qu’une idée en tête : la retrouver, morte ou vivante. Mais voilà qu’il est en train de tomber amoureux de Camille, une simple mortelle – lui qui sait que l’envie de se rapprocher d’elle est la pire chose qui puisse lui arriver…

Cela fait plusieurs mois que je ne vous ai pas parlé d’un roman jeunesse. Il s’agit pourtant d’un genre que j’affectionne mais que je le laisse souvent de coté par manque de temps. Hélium m’a permis de découvrir un livre de leur catalogue et j’en suis la première ravie. How to stop time de Matt Haig est un peu particulier car il mêle aventure, surnaturel, histoires d’amour (et d’amitié) et thématiques fortes. Ce joyeux mélange forme un roman complet et plutôt addictif. Sans être rédhibitoire, quelques longueurs viennent freiner le récit à certains moments pour mieux rebondir ensuite. Les nombreux flashbacks donnent la mesure de l’existence si particulière de Tom Hazard. Une vie longue, très longue.

Tout en nuance, Tom Hazard est un personnage complexe. En effet, il est à la fois un héros et un antihéros. Sa particularité exceptionnelle voire enviable de vieillir très lentement fait face à un mal-être, une solitude et une mélancolie à fleur de peau qui ne cessent de le poursuivre. Il semble ne jamais trouver sa place ni vivre pleinement. Matt Haig introduit donc des thématiques fortes, notamment pour un jeune public. Le passage du temps, le vieillissement et le sens de la vie sont également très présents dans le roman et m’ont particulièrement marquée. J’aime l’idée que le temps soit insaisissable, qu’il soit différent pour chacun, qu’il s’étire ou qu’au contraire il rétrécisse.

How to stop time n’est pas forcémment un roman très joyeux à l’heure où le bonheur est normé et devient une obligation sociale. C’est sûrement ce qui fait en partie son charme. Matt Haig a su me prendre par la main pour sauter dans le vide d’une existence sans fin, ou presque. La solitude, la mélancolie, le temps et le sens de la vie sont autant de thèmes qui ont suscité mon intérêt. Un bon moment de lecture!

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  • La saga des marquises de Muriel Bloch et Marie-Pierre Farkas
  • Section 13, Livre 1 : Jack et le bureau secret de James R. Hannibal
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Fanny

3 livres, 3 avis, 1 billet

Trois nouvelles chroniques groupées pour trois livres dont j’ai très envie de vous parler malgré le manque de temps pour rédiger des articles individuels. N’hésitez pas à commenter, je suis curieuse de connaitre vos avis à propos de ces trois ouvrages tous très différents les uns des autres.

Les chroniques de St Mary, Tome 1 : Un monde après l’autre de Jodi Taylor

A force de voir passer ce premier tome un peu partout depuis sa sortie et de lire des avis plutôt positifs, j’ai eu envie de découvrir cette saga tout droit venu du Royaume-Uni. Jodi Taylor nous embarque pour des aventures assez incroyables auprès d’historiens qui remontent le temps. Cet opus nous propulse en plein Crétacé ou sur un champs de bataille de la Première Guerre mondiale pour ne citer que ces exemples. Le manque de détails techniques et scientifiques est sûrement ce qui m’a le plus gênée. La romancière aurait donné encore plus de relief et de crédibilité à son roman en allant un peu plus loin. Cependant, je n’ai pas boudé mon plaisir grâce à un rythme effréné, de multiples rebondissements, une bonne dose d’humour et des personnages hauts en couleur.  Ce roman m’a procuré une belle pause au milieu de mes lectures pour le Grand prix des lectrices Elle.

My purple scented novel (Mon roman pourpre aux pages parfumées) de Ian McEwan

Cette nouvelle inédite est parue à l’occasion du 70e anniversaire de Ian McEwan. Il s’agit d’un souvenir de mon séjour à Jersey. J’avoue être amatrice de nouvelles, et surtout admirative du talent de certains auteurs dans cet exercice parfois périlleux. Les chutes pleines de sens ou tranchantes me réjouissent particulièrement. Le moins que l’on puisse dire est que ça ne rate pas avec My Purple Scented Novel. L’histoire commence gentiment avec une amitié d’enfance entre deux écrivains. Progressivement, les choses se gâtent. C’est gentiment cruel et carrément culotté. La chute est excellente, elle montre les méfaits que peuvent amener la création, la frustration et la jalousie. Ian McEwan décrit ainsi la perversité d’un homme tout à fait ordinaire. En très peu de pages, l’écrivain arrive à construire des personnages rapidement saisissables. Du même auteur, il me reste The Children Act et Opération Sweet Tooth dans ma pile à lire.

Berezina de Sylvain Tesson

Ce livre dormait dans ma pile à lire depuis un an et demi. J’ai réussi à l’en sortir grâce à un challenge du forum Whoopsy Daisy. Sylvain Tesson et quelques amis décident de relier Moscou à Paris sur les traces de la retraire de Napoléon suite à l’échec de la campagne de Russie. Agrippé à son Oural (side-car russe), l’aventurier nous raconte son périple entre froid paralysant, dangerosité de certaines routes et pauses bien méritées mais surtout bien arrosées de vodka. L’écrivain nous donne un véritable cours magistral d’Histoire à chaque endroit clé du parcours. Pour mon plus grand bonheur, il cite souvent Tolstoï qui a écrit sur la campagne de Russie dans Guerre et paix. Il en profite pour balayer les préjugés que nous nourrissons à propos des slaves et pour philosopher sur le voyage. Seul bémol : ce livre est trop court. Je serais bien restée auprès de Sylvain Tesson et de ses acolytes encore quelques dizaines de pages.

Vous aimerez aussi découvrir :

  • Watership Down de Richard Adams
  • On Chesil Beach de Ian McEwan
  • Soudain, seuls d’Isabelle Autissier

Fanny

Sirènes de Joseph Knox

Résumé de l’éditeur : Après une erreur qui aurait pu lui coûter sa carrière, c’est le déshonneur total pour le jeune inspecteur Aidan Waits. Mais ce déshonneur arrange bien ses supérieurs qui obligent Waits à mener une dangereuse opération d’infiltration au sein d’une organisation criminelle, la Franchise, gérée par le caïd de Manchester, Zain Carver. En parallèle, Waits est secrètement convoqué par un puissant homme politique pour retrouver sa fille, Isabelle, qui aurait fugué pour la énième fois. Waits se plonge alors dans le monde nocturne, sombre et violent de Zain Carver, un homme à l’image de Gatsby entouré de jeunes femmes dévouées. Il suit la trace d’Isabelle, qui compte désormais parmi les « sirènes » de Zain ; ces filles qui ondoient de club en club et font la collecte pour la Franchise. Mais la mission de Waits risque d’être compromise par sa liaison avec Cat, une des « sirène » aussi belle que mystérieuse. Zain Carver de son côté n’est pas dupe, et Waits, abandonné par ses supérieurs, ne tarde pas à découvrir qu’il a perdu pied et toute notion du temps. Comment peut-il sauver Isabelle, alors qu’il ne peut pas se sauver lui-même ?

Nouvel auteur sur la planète thriller, Joseph Knox nous propose ici un premier roman à la fois réaliste et sombre. Quelles sociétés parallèles et souterraines cache la quatrième ville du Royaume-Uni? Le romancier déploie sous nos yeux la face sombre de Manchester. La circulation de tous types de drogues même les plus frelatées est légion. La jeunesse dorée mais aussi démunie est la proie favorite des trafiquants. L’appel de la défonce est à l’image du chant des sirènes : irrépressible. Exit le tea time, le flegme anglais et les costumes en tweed. L’auteur ne nous épargne pas et introduit son lecteur dans un univers contemporain, réaliste et mafieux.

Le trafic de drogues est certes au cœur de l’intrigue mais l’auteur donne la part belle à un jeune inspecteur, Aidan, trainant de multiples casseroles derrière lui. Son passé est entrevu en de trop rares passages. Ces derniers permettent tout juste au lecteur de mieux appréhender ce personnage brisé, borderline et accro aux amphétamines. C’est bien dommage car j’aurais adoré en savoir plus sur lui. Il vit sans cesse sur la corde raide dans une ambiguïté assez malsaine et un discernement pour le moins singulier. N’essaye-t-il pas de refouler son mal-être en venant au secours de causes perdues? Peux-être l’apprendrons-nous dans le prochain volume.

Décidément, le Grand Prix des lectrices Elle nous propose une belle sélection de thriller à nous mettre sous la dent. Sirènes de Joseph Knox m’a beaucoup plu. Je retiendrai sa noirceur, son réalisme et les personnages tous plus paumés les uns que les autres. Je regrette seulement que l’auteur ne nous en dévoile pas davantage à propos d’Aidan Waits, anti-héros aussi brisé qu’ambigu.

Lu dans le cadre du Grand prix des lectrices Elle 2019.

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  • City on fire de Garth Risk Hallberg
  • L’immeuble Christodora de Tim Murphy
  • L’œuf de Lennon de Kevin Barry

Fanny

Présumée disparue de Susie Steiner

Résumé de l’éditeur : Une nuit, après une énième rencontre Internet ratée, Manon Bradshaw est envoyée sur une scène de crime. Edith Hind, étudiante à Cambridge, belle, brillante et bien née, a disparu. Peu d’indices, des traces de sang… Chaque heure compte pour la retrouver vivante. Les secrets que l’inspectrice Bradshaw s’apprête à découvrir auront des conséquences irréversibles, non seulement pour la famille d’Edith mais pour Manon elle-même.

Ce n’est pas un scoop si je vous dis que je suis assez friande de romans policiers britanniques. Présumée disparue est le premier tome d’une série mettant en scène une inspectrice de police au caractère bien trempé. Cette dernière est clairement le point fort de ce roman. En effet, nous la suivons entre son travail et sa vie privée. 39 ans, célibataire, sans enfant, quelle alternative lui reste-t-il dans une société où l’inverse de sa situation est portée aux nues? Désespoir et remise en question sont balayés par de petites étincelles qui viennent changer son existence. Susie Steiner développe des thématiques fortes dans l’air du temps.

L’enquête policière est plutôt intéressante mais assez prévisible. J’avoue avoir très rapidement deviné le dénouement de l’histoire. Malgré tout, les chapitres courts permettent à la romancière de maintenir un rythme soutenu. Nous alternons plusieurs points de vue entre Manon, l’un de ses collègues et quelques membres de l’entourage de la victime. Nous avons ainsi une bonne vue d’ensemble, mais nous avons surtout les révélations avant même la police. Les dialogues sont très bons, vifs et bien menés. Sans être d’une grande originalité, la forme est donc plutôt agréable à lire. De quoi passer quelques belles heures de lecture.

Sans être un coup de cœur et malgré une intrigue prévisible, j’ai fini par apprécier ce premier tome des enquêtes de Manon Bradshaw. Les personnages, les dialogues, les thématiques fortes sont les grands points forts de ce roman. J’espère avoir l’occasion de découvrir la suite prochainement afin d’en apprendre encore un peu plus à propos de notre inspectrice hors du commun et ses collègues.

Lu dans le cadre du Grand prix des lectrices Elle 2019.

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Fanny

Watership Down de Richard Adams

Résumé de l’éditeur : C’est dans les fourrés de collines verdoyantes que se terrent parfois les plus terrifiantes menaces. C’est là aussi que va se dérouler cette vibrante odyssée de courage, de loyauté et de survie. Menés par le valeureux Hazel et le surprenant Fyveer, une poignée de braves choisit de fuir l’inéluctable destruction de leur foyer. Prémonitions, malices et légendes vont guider ces héros face aux mille ennemis qui les guettent, et leur permettront peut-être de franchir les épreuves qui les séparent de leur terre promise, Watership Down. Mais l’aventure s’achèvera-t-elle vraiment là? Vous sentirez le sang versé. Vous tremblerez face aux dangers. Vous craindrez la mort. Et, par-dessus tout, vous éprouverez l’irrépressible désir de lutter à leurs côtés.

Aurais-je imaginé un jour suivre les folles aventures d’un groupe de lapins ? Je ne crois pas. Et pourtant, la littérature permet toutes les possibilités. Suite au succès de cette histoire auprès de ses filles, Richard Adams décide de la mettre par écrit. Dès sa parution en 1972, ce livre connait un grand succès et je comprends tout à fait pourquoi. J’ai donc foncé tête baissée dans ce roman hors du commun. Ce dernier nous propose une véritable aventure épique. Hazel et ses compagnons doivent affronter les dangers les plus sérieux à la recherche d’une certaine liberté et du bonheur. Le romancier dépeint la campagne du Hampshire grâce à de belles descriptions détaillées.

Richard Adams s’est beaucoup renseigné à propos de ses petits héros. Nous découvrons ainsi leur organisation, leur habitat, leur moyen de communication, leur reproduction, leur peur et leur défense. C’est passionnant! Ce roman est aussi une expérience puisqu’il permet au lecteur de se mettre à hauteur de lapin et de voir le monde à travers leurs yeux. Il possède donc une vraie portée écologique. C’est tout simplement terrorisant puisque le danger est partout présent, une existence sur le fil et sur un qui-vive permanent. A part quelques rares longueurs, j’avoue m’être facilement laissée porter par les mots de l’auteur. Mention spéciale au travail d’édition et aux illustrations de Mélanie Amaral.

Watership Down m’a permis de vivre une aventure épique hors du commun. La littérature repousse toutes les barrières et fait passer des messages. Richard Adams nous offre ici une leçon de vie et d’écologie. Quel crève-cœur de laisser derrière moi la garenne de Hazel et ses compagnons… Je suis impatiente de retrouver tous ces lapins dans la prochaine adaptation par la BBC.

Lu grâce à la masse critique Babelio et aux éditions Monsieur Toussaint Louverture.

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Fanny