Ce court roman (à peine 80 pages) a été pour la première fois publié dans sa version intégrale dans un magazine américain en 1938. L’auteure, Kathrine Kressmann Taylor (1903-1996), a un parcours plutôt atypique. Il s’agit d’une femme au foyer qui, en 1947, deviendra la première femme titulaire d’un poste d’enseignant au collège de Gettysburg en Pennsylvanie. C’est son mari et son éditeur qui lui conseillent d’utiliser un pseudonyme masculin afin de ne subir aucunes représailles. Ce livre est seulement réédité à la fin des années 1990 dans 20 langues pour atteindre l’Allemagne en 2001 et la Grande-Bretagne en 2002.
On suit les échanges de lettres entre deux protagonistes entre 1932 et 1934. Martin et Max, deux allemands d’origine, sont les propriétaires d’une galerie d’art à San Francisco. Martin décide de repartir en Allemagne avec sa famille afin de retrouver son pays natale. Max, de religion juive, reste aux États-Unis et continu de s’occuper de leur affaire.
Il existe, pour moi, un vrai bémol. On découvre d’une lettre à une autre le changement idéologique de Martin. J’ai trouvé ça assez brutal. J’aurai vraiment préféré découvrir le glissement progressif qui s’opérait. En effet, Martin adhère totalement aux propos d’Hitler, le tout nouveau chancelier allemand vu comme un sauveur face à la crise qui embourbe le pays. Il a également sa carte du parti national-socialiste des travailleurs allemands ou parti nazi. Au fil des lettres les liens se dénouent jusqu’à un point de non retour.
J’ai beaucoup aimé la fin même si elle est assez violente je l’admets. La mise en page m’a plu. Par contre, je ne sais pas si les autres éditions sont identiques? Il s’agit d’un classique qu’il faut avoir lu au moins une fois pour la mémoire de ces années sombres qui font parties de l’histoire.
Fanny