Un lieu incertain de Fred Vargas (challenge Halloween #1)

Je lis très peu de roman policier, c’est pourtant un genre que j’apprécie lorsque j’ose y mettre un pied. En parlant de pied, est-ce qu’une histoire à base de petons coupés vous tente ? Dit comme ça, ce n’est pas très ragoutant j’en conviens. Cependant, Fred Vargas possède l’art et la manière de mêler le gore et l’humour, le flegme et la tension.

La romancière met en place un mélange hétéroclite à base de mythes et légendes serbes. Vampires, vieilles histoires de pieds coupés et affaires de famille viennent mettre de leur piquant dans l’intrigue. J’ai pu découvrir à mon tour le fameux Jean-Baptiste Adamsberg, un bel exemple de force tranquille. Il s’agit d’un personnage pas si évident à cerner, il peut même paraitre un brin taciturne. Par contre, il est très agréable de le suivre dans ses pérégrinations physiques et mentales.

L’enquête débute aux portes du cimetière de Highgate à Londres pour se conclure au cœur de la Serbie profonde. Frisson et suspens garantis ! Entrer dans ce roman, c’est entrer en terre inconnue et dans un tourbillon d’investigations et de situations qui se croisent. Le lecteur rencontre toute une panoplie d’enquêteurs tous plus foutraques les uns que les autres et aux manies bien particulières. Les protagonistes sont donc hauts en couleurs mais aussi hautement attachants. D’autres sont carrément diaboliques.

Un lieu incertain sort complétement des sentiers battus du roman policier. Fred Vargas se joue des codes du genre avec un humour décapant et c’est délicieux (si on oublie les histoires de pieds coupés bien sûr…).

Participation au challenge Halloween de Lou et Hilde!

Fanny

L’amie prodigieuse, Tome 4 : L’enfant perdue d’Elena Ferrante


Comment dire au revoir à des personnages que vous avez suivi pendant tant d’heures ?

Comment laisser derrière soi un quartier qui vous a tant de fois étonné ?

Comment se séparer d’une écriture, d’un style qui vous ont rendue addicte pendant tant de chapitres ?

Retrouver Lenu et Lila est toujours un grand moment. Je me suis littéralement abîmée dans ce dernier tome afin de profiter une dernière fois de ce tourbillon napolitain. L’âge avançant pour nos personnages, l’introspection se fait plus profonde. Réflexions et observations font de ce roman le réceptacle parfaits des états d’âme de Lenu. Cette dernière dévient le témoin de la chute de son amie devenue l’ombre d’elle-même. Cet opus final recèle une profondeur psychologique très intéressante.

Une nouvelle fois, Elena Ferrante développe tout un pan social et sociologique. Lenu se débat avec ses enfants, un ex-mari, un amant pour le moins indolent et une carrière d’écrivaine. Lila, entrepreneuse acharnée, se noie dans des méandres psychiques. L’évolution du quartier au fil des décennies prend toute son ampleur ici. Certains protagonistes sont détestables, d’autres inspirent la pitié, d’autres encore vous surprennent agréablement. Même la vieillesse n’aura pas réussi à effacer les singularités de l’amitié entre Lenu et Lila.

Je laisse partir tout ce petit monde sans regret avec comme certitude de garder un souvenir impérissable de cette saga et de toute la palette de sensations et d’émotions que j’ai pu ressentir. Les quelques longueurs sont effacées par le ressenti général d’avoir lu de très grands romans. Merci Elena Ferrante, Lenu et Lila pour ces moments d’intense lecture.

Fanny