Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés de Jami Attenberg / Rentrée littéraire 2016

9782365691451Résumé de l’éditeur : Personnage haut en couleur, Mazie Phillips tient la billetterie du Venice, cinéma new-yorkais du Bowery, quartier populaire du sud de Manhattan où l’on croise diseuse de bonne aventure, mafieux, ouvriers, etc. Le jazz vit son âge d’or, les idylles et la consommation d’alcool – malgré la Prohibition – vont bon train. Mazie aime la vie, et ne se fait jamais prier pour quitter sa « cage » et faire la fête, notamment avec son amant « le capitaine ». Avec l’arrivée de la Grande Dépression, les sans-abri affluent dans le quartier et la vie de Mazie bascule. Elle aide sans relâche les plus démunis et décide d’ouvrir les portes du Venice à ceux qui ont tout perdu. Surnommée « la reine du Bowery », elle devient alors une personnalité incontournable de New York.

Avec son nouveau roman, Jami Attenberg nous propose de voyager dans le New-York des années 20 et 30. L’auteur tisse son roman à partir d’une personne ayant réellement existé mais dont il ne reste que très peu de trace. En réalité, la seule et unique source réside en un article de Joseph Mitchell dans le magazine The New Yorker. Cette inspiration a permis à l’auteur de croquer une héroïne bien particulière. Elle nous décrit aussi très bien l’atmosphère trouble qui règne à New-York lors de la Grande dépression et de la prohibition. C’est donc une Amérique désenchantée qui nous est présentée ainsi que le récit des laissés pour compte et des plus démunis. Ce roman est construit grâce à une succession de différents styles : le témoignage, l’autobiographie et le journal intime. C’est un schéma dynamique et vraiment judicieux.

Le moins que l’on puisse dire est que l’héroïne est hors du commun. En effet, elle est largement en avance sur son temps de par son indépendance ainsi que ses aventures et relations de passage. Derrière la vitre de la caisse de cinéma dans lequel elle travaille, Mazie voit défiler toute la faune de New-York. C’est aussi et surtout le reflet de l’évolution brutale de la société qui se présente à elle et par extension à nous. Derrière sa brusquerie de façade, Mazie a le cœur sur la main. Elle connait son quartier et toute les personnes qui le font vivre sur le bout des doigts. C’est donc tout naturellement qu’elle va mettre ce qu’elle possède au service d’autrui. Ce livre porte de multiples messages de tolérance, de bienveillance et d’abstraction de soi sans forcément de jugement. Tout à fait dans l’air du temps et en adéquation avec l’actualité.

Ce roman m’a beaucoup plu. On y découvre un personnage haut en couleur aux convictions bien marquées. A sa manière, c’est une super-héroïne de son quartier de New-York alors que la Grande Dépression et la prohibition font des ravages et laissent sur leur passage des personnes démunies. Jami Attenberg nous offre un très beau travail en rendant hommage à Mazie, femme d’abord ordinaire mais que ses actions rendent extraordinaire.big-logoVous aimerez aussi découvrir :

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Fanny

15 commentaires sur « Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés de Jami Attenberg / Rentrée littéraire 2016 »

  1. Je n’en avais pas encore entendu parler mais ta chronique m’a donné envie de le lire. J’aime les romans qui ont une trame historique et sociale importante comme celui-ci.

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