Un paquebot dans les arbres de Valentine Goby / Rentrée littéraire 2016

paquebotRésumé de l’éditeur : Au milieu des années 1950, Mathilde sort à peine de l’enfance quand la tuberculose envoie son père et, plus tard, sa mère au sanatorium d’Aincourt. Cafetiers de La Roche-Guyon, ils ont été le coeur battant de ce village des boucles de la Seine, à une cinquantaine de kilomètres de Paris. Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant est ruiné par les soins tandis que le placement des enfants fait voler la famille en éclats, l’entraînant dans la spirale de la dépossession. En ce début des Trente Glorieuses au nom parfois trompeur, la Sécurité sociale protège presque exclusivement les salariés, et la pénicilline ne fait pas de miracle pour ceux qui par insouciance, méconnaissance ou dénuement tardent à solliciter la médecine. À l’âge où les reflets changeants du fleuve, la conquête des bois et l’insatiable désir d’être aimée par son père auraient pu être ses seules obsessions, Mathilde lutte sans relâche pour réunir cette famille en détresse, et préserver la dignité de ses parents, retirés dans ce sanatorium – modèle architectural des années 1930 –, ce grand paquebot blanc niché au milieu des arbres.

Vous êtes nombreux à m’avoir donné envie de lire Valentine Goby et plus particulièrement son dernier roman. L’auteur nous conte une histoire difficile faite de maladie, de difficultés financières et d’une société parfois injuste. Le récit débute dans les années 50 en plein milieu des Trente Glorieuses, période censée être faste. Mais derrière ce verni, la réalité est toute autre. En effet, la famille de Mathilde ne profite qu’un temps de cette embellie. Une fois la redoutable tuberculose entrée dans le foyer ainsi que dans le commerce familiale, Le Balto, s’en est fini de l’insouciance. On s’imagine les ravages de cette maladie très lointaine de notre époque actuelle, au XIXe siècle ou au début du XXe siècle. Ce qu’on oublie ou qu’on ne sait pas, c’est que la maladie est encore bien présente en France durant la seconde moitié du XXe siècle.

Nous suivons donc les espoirs et les déconvenues de Mathilde. Elle est d’abord adolescente puis jeune femme et enfin femme mûre. C’est un personnage fort qui ne vous laissera pas de marbre. Malgré quelques petites baisses de moral, elle se bat contre vents et marées pour réunir ceux qu’elle aime et entretenir les liens familiaux malgré que tous soient éparpillés un peu partout. La maison familiale a une grande importance. Notre héroïne a pour but de rassembler toute sa famille dans la maison de La Roche-Guyon. Mathilde met sa fierté, sa vie d’adolescente et de jeune femme de côté. Elle gagne un peu d’argent, fait du stop pour aller voir ses parents au sanatorium et demande de l’aide à tout son entourage. Ce roman est aussi l’histoire d’une relation malmenée entre un père et sa fille.

Au fil des pages, on comprend assez vite le choix de ce beau titre. Le sanatorium d’Aincourt est en effet un paquebot au milieu d’un grand parc arboré même si on n’y entre pas pour partir sur une croisière voulue et agréable. Il y a tout de même des personnes qui forment un petit club et apportent de la joie. C’est une vraie parenthèse dans les soins et l’isolement. Il est possible de voir des photographies du lieu sur internet. Le bâtiment est représentatif de l’architecture de l’époque. Ce roman est évidemment un bel hommage a un lieu laissé à l’abandon, à tout le personnel médical et à toutes les personnes soignées ou ayant disparues. C’est aussi le témoignage des accompagnants à la manière de Mathilde. Leur statut est régulièrement évoqué dans les actualités ces dernières années. Cette histoire est donc aussi dans l’air du temps.

C’est un très beau roman que j’ai eu entre les mains. Je n’oublierais jamais Mathilde, sa famille et le sanatorium d’Aincourt. La plume de l’auteur est précise, sensible et bienveillante. Elle redonne une place et une mémoire à toutes les personnes ayant vécues le drame de la tuberculose et bien souvent oubliées. Je n’en ai pas fini avec Valentine Goby, j’en suis certaine.

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