Chroniques japonaises #1 : Les délices de Tokyo et Jirô Taniguchi

Je vais tout vous avouer, je suis en pleine phase japonaise. Comme elle ne semble pas vouloir passer et plutôt que de garder les belles découvertes pour moi, je vais les partager avec vous dans ces Chroniques japonaises. C’est parti pour un voyage au pays du soleil levant!

Un film : Les délices de Tokyo (2015)

Adapté du célèbre roman (que je n’ai pas encore lu) de Durian Sukegawa, Les délices de Tokyo nous conte la rencontre de trois personnages : Sen, cuisinier dans un tout petit restaurant de doryakis, Tokue, vieille femme cherchant à se faire employer par Sen, et Wakana, jeune lycéenne fréquentant régulièrement les lieux. Très vite, le spectateur ressent que chacun porte un secret ou un mal-être qui les empêche d’avancer et de vivre totalement. La cuisine est au centre de l’histoire et plus particulièrement l’anko (pâte de haricot rouge sucrée) dont Tokue excelle la confection. Outre la transmission de cette recette, elle distille au quotidien des leçons de vie toutes simples mais finalement essentielles. Dans un souci de ne pas trop en dévoiler, je peux juste vous dire que c’est aussi la société japonaise qui est remise en question. L’esthétique général est réaliste et sobre. Un film contemplatif où la parole est d’or.

Un manga : Elle s’appelait Tomoji de Jirô Taniguchi

    

Admiratrice de Jirô Taniguchi depuis une bonne dizaine d’années, je garde encore un souvenir ému de ma lecture de Quartier lointain. Elle s’appelait Tomoji est un manga historique qui donne la part belle à l’ère Taishô (1912-1926) puis à l’ère Shôwa (1926-1989). Le dessinateur nous donne à voir un Japon rural où la famille est au centre de la vie de chacun, les mariages arrangés, le travail harassant et la nature luxuriante. Avec des traits doux et une certaine liberté, il déroule la jeunesse de Tomoji Uchida, fondatrice du temple bouddhiste de Shôjushin. Les faits réels (notamment le tremblement de terre de 1923) couplés à un travail de recherche et à une bonne dose d’imagination donnent à ce récit crédibilité et sensibilité. Comment grandir lorsque le malheur vous frappe à plusieurs reprises pendant l’enfance, quelles échappatoires sont possibles? Pour ne rien gâcher, cette édition chez Rue de Sèvres nous offre quelques pages joliment colorisées, un vrai plaisir pour les yeux.

J’espère que cet article vous aura plu. D’autres arriveront prochainement. En attendant, je suis preneuse de toutes vos suggestions.

Fanny

Bonjour tristesse de Frédéric Rébéna d’après Françoise Sagan

Résumé de l’éditeur : 1954, Cécile, lycéenne parisienne passe l’été de ses dix-sept ans dans une villa avec son père Raymond, veuf, et Elsa, la maîtresse de ce dernier. Cécile et son père ont une relation fusionnelle, faite de plaisirs et d’insouciance. Cécile connaitra ses premières étreintes avec Cyril. L’ambiance change quand Raymond annonce l’arrivée d’Anne, une amie. Différente d’Elsa et Cécile, Anne est une femme stricte et moralisatrice, elle apprécie la culture, les bonnes manières et l’intelligence. Dès son arrivée, un combat subtil commence entre les trois femmes. Elsa tente de maintenir la relation avec Raymond, qui est aussi attiré par Anne. Quant à Cécile, elle craint de perdre la complicité qui la lie à son père, ainsi que leurs libertés. Comment écarter la menace ? Dans la pinède embrasée, un jeu cruel se prépare…

N’ayant pas lu le roman original, j’ai tout de même souhaité découvrir ce classique de la littérature française par le biais de son adaptation en bande dessinée. Nous faisons la connaissance de Cécile, jeune fille en vacances avec son père dans une somptueuse maison. Elle profite des bains de soleil et du temps qui semble s’étirer. Très vite, un tableau bien sombre commence à se dessiner : un père volage, une Cécile nourrissant un amour inconditionnel pour ce dernier, un triangle amoureux. L’ambiance de vacances va rapidement se dégrader et finir en affrontement où tous les coups sont permis autour de la figure masculine. Les conséquences vont s’avérer désastreuses…

Les traits sont assez bruts et les expressions des personnages pincées. Habituellement, je ne suis pas une adepte de ce genre de dessin mais je dois avouer qu’il sert très bien ce récit en particulier. Il exprime toutes la tension, la cruauté et le malaise que contient l’histoire de Françoise Sagan. La chute est annoncée dès les premières pages. Ceci ne donne que plus de force à l’ensemble. Le lecteur est témoin de la descente aux enfers des personnages, de ce presque huis clos et de cet été qui tourne au vinaigre. Cécile est une héroïne assez ambigue tout comme les deux autres femmes, Anne et Elsa. Elles portent toutes les trois une espèce de froideur que seul le drame vient fissurer.

Comme vous l’aurez compris en lisant mon article, j’ai aimé cette bande dessinée. Le dessin de Frédéric Rébéna est à l’image de l’histoire de Françoise Sagan. J’ai vécu une expérience hors du commune avec ce quatuor pour le moins singulier.

Lu grâce à la masse critique Babelio et à Rue de Sèvres.

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Fanny

Pile ou face, Tome 1 : Cavale au bout du monde de Hope Larson et Rebecca Mock

91udq2rzuslRésumé de l’éditeur : New York, années 1860. Lorsque le père adoptif de Cleopatra et Alexandre disparait, les deux jumeaux rejoignent le gang du Crochet Noir, surveillé pour ses multiples larcins. Pris par la police, ils acceptent de trahir le gang, contre un ticket de train pour la Nouvelle Orléans, où ils espèrent commencer une nouvelle vie. Mais Alex est capturé et  embarqué de force comme main-d’œuvre sur un cargo faisant route pour San Francisco. Cléo prend la route sur un steamer, pour tenter de rejoindre son frère. Mais les deux ados sont loin de suspecter les dangers qui les guettent : le gang a informé une bande de pirates, redoutés et impitoyables, que les jumeaux sont en possession d’objets constituant une carte au trésor. La course commence pour nos héros : course au trésor, vers leur père et pour leur vie.

Tous les ans je fais le même constat, je lis très peu de bande dessinée. A vrai dire, ce sont surtout les occasions qui manquent. Heureusement la masse critique Babelio me permet parfois de palier à ce défaut. Ce fut le cas avec la réception de ce premier tome. Les auteurs commencent fort et nous mettent dans l’ambiance dès les premières planches. J’ai beaucoup aimé le prologue, qui, en seulement quatre pages posent le cadre et le ton. La première partie met peut-être un peu de temps à se mettre en place. Mais tout se débloque assez vite avec l’arrivée des premières révélations et rebondissements. En 224 pages, Hope Larson et Rebecca Mock ont pu approfondir au maximum leur histoire et apporter beaucoup de détails.

91d9g46yilPile ou face mélange le récit d’aventure et le parcours initiatique. En effet, Cléo et Alex s’embarquent dans un voyage semé d’embuches. Ils se retrouvent séparés et deux histoires parallèles commencent donc. Ils sont aussi en quête de leur père, de leur identité et de leur racine. La plongée dans le XIXe siècle américain est réussi. Nous avons ainsi l’occasion de croiser les membres d’un gang, des pirates et autres malfrats. Ne vous laissez pas tromper par la couverture rappelant certains dessins animés, les dessins sont très différents à l’intérieur. Les vignettes et les planches s’enchainent très bien. Un beau rappel est d’ailleurs fait avec entre la dernière vignette du prologue et  la toute dernière planche (vous le comprendrez si vous lisez cet ouvrage).

Ce premier tome introduit très bien cette série de bandes dessinées. Il contient déjà beaucoup de rebondissements et laisse des questions en suspens qui promettent une suite pleine de mystère. Il faudra faire preuve d’un peu de patience pour connaitre la destinée de nos deux adolescents car la sortie du second tome (Knife’s Edge) n’est prévue que le 27 juin 2017 aux États-Unis.

Lu grâce à la masse critique Babelio et aux éditions Rue de Sèvres.

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Fanny