Les Vermeilles de Camille Jourdy

Camille Jourdy m’avait précédemment agréablement surprise avec Rosalie Blum, œuvre aussi sensible que drôle et décalée. Ce nouveau roman graphique nous propose de passer de l’autre coté du miroir et de nous perdre en forêt où un monde étonnant et détonnant au goût d’enfance se cache du commun des mortels. Les couleurs et les dessins d’une douceur caractéristique m’ont offert une parenthèse aussi enchantée qu’épique. Des lutins, de petits personnages farceurs, un renard peu bavard et une harde de vermeilles forment une compagnie hétéroclite, colorée et attachante.

Cette bande dessinée décrit le parcours initiatique de la petite Jo. Elle va devoir avancer dans un monde inconnu tout en relevant de nombreux défis et en s’affirmant. Elle va devoir apprendre à se faire entendre, pas si facile pour une petite fille. Sa voix va finir par compter, et pas qu’un peu. C’est aussi le récit d’une évasion du quotidien et de la famille. L’imagination a ce pouvoir extraordinaire d’échappatoire. La nature est partout présente. Camille Jourdy la représente luxuriante et le plus souvent bienveillante, un véritable refuge. Les planches sont un plaisir à contempler, tout comme ces être extraordinaires que sont les vermeilles.

Alors n’hésitez plus, partez vous aussi à la recherche des vermeilles et suivez les pour retrouver votre âme d’enfant et vivre une aventure que seule l’imagination peut créer.

Gauguin, Deux voyages à Tahiti de Li-An et Laurence Croix

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Chouette un roman graphique sur un artiste à la médiathèque! Ni une ni deux je m’y plonge. Et je dois dire que c’était plutôt une bonne idée. Il a même fait partie de la sélection officielle au festival d’Angoulême en 2011.

En 1891, Gauguin décide de s’exiler sur l’île de Tahiti en Polynésie. Il est lassé de la société occidentale et souhaite faire un voyage où il trouvera une inspiration nouvelle. Il laisse derrière lui sa femme et ses enfants aux Danemark qu’il confie à sa belle famille car il ne parvient pas à subvenir à leur besoin. La capitale Papeete est trop imprégnée des valeurs occidentales apportées par la colons alors il décide de partir dans les terres où les autochtones ont encore leur tradition et leur coutume ancestrale. Une fois sur place, nous découvrons le vrai Gauguin et son âme d’artiste. Il s’émerveille au début de ce qu’il découvre. Mais l’artiste est à plusieurs reprises déçu. Lui qui pensait trouver un lieu exotique se rend compte que l’île est déjà bien européanisée et christianisée et qu’elle subit des troubles comme dans tous pays.

Le caractère de l’artiste est très bien retranscrit par le dessin et le dialogue. Il s’agit d’un homme à femmes et d’une personne passionnée qui s’emporte régulièrement dans ses paroles. On sent également bien le glissement qui s’opère à la fin de sa vie. Il devient alcoolique et frustré car il a l’impression de ne pas avoir trouvé ce qu’il était venu chercher.

Cette bande dessinée est très instructive. Je ne savais pas que cet artiste avait été très mal vu sur cette île. En effet, les autochtones le considéraient comme un usurpateur et un opportuniste.

Dommage que l’auteur se permette parfois une réécriture de la vie de Gauguin. Par exemple, dans la bande dessinée il démantèle un groupe de trafiquants d’armes. En réalité, Gauguin n’a été que témoin de cette triste réalité. J’aurais surement préféré que Li-An reste au plus près des événements réels.

Pour conclure, il s’agit d’une belle découverte. J’ai appris des choses que j’ignorais sur ce peintre et j’en suis ravie.

Fanny