Venez, vous dont l’œil étincelle de Jean-Christophe Duchon-Doris

9782260024033Résumé de l’éditeur : En cette année 736, le duc Mauronte, patrice de Marseille, s’inquiète pour l’indépendance de son fief, menacé au nord par les Francs de Charles Martel et au sud par les Sarrasins. S’il veut survivre, il doit s’allier à l’un des deux camps. Un choix d’autant plus délicat que Childebrand, le frère de Charles Martel, et Youssouf, le gouverneur musulman de Narbonne, sont tombés fous amoureux de sa fille, Blanche. Pour l’aider à prendre sa décision, le duc décide d’ouvrir son palais à des conteurs venus des deux contrées ennemies. Durant d’innombrables nuits, les narrateurs affluent et c’est un feu d’artifice de récits magnifiques ou tout l’imaginaire des hommes est exalté : l’amour, l’érotisme, la cruauté, la beauté, le fantastique… Chacun cherche à toucher, au plus secret, la raison du père et le cœur de la fille. Mais seuls les dieux savent qui sera l’heureux vainqueur de ce combat singulier.

J’ai découvert Jean-Christophe Duchon-Doris il y a deux ans avec un roman policier passionnant se déroulant dans le Paris du XIXe siècle. Ce nouvel ouvrage est d’un tout autre genre. L’auteur nous propose de remonter le temps jusqu’au Moyen-Âge (en 736 pour être précis). L’histoire débute à Marseille, ville cosmopolite dont le destin se joue entre les francs et les musulmans. Ce roman est un peu déroutant au départ. Il faut du temps afin que le lecteur prenne ses marques dans l’époque et les différentes forces qui s’affrontent. Mais c’est aussi et surtout dans sa forme que ce livre est original. Les différentes parties se composent d’un récit classique puis de différentes histoires rapportées par des conteurs. Le tout finit par s’imbriquer parfaitement et donne un roman épique composé de personnage haut en couleur.

A l’époque, les informations sont bien souvent véhiculées par les conteurs. Se mêlent donc vérité, fiction et légende. Au fil des pages, on s’attache aux personnages et notamment à Blanche, jeune victime des tractations matrimoniales des hommes. Ces derniers sont subjugués par son aura relaté par les conteurs mais aussi par l’intérêt d’une telle union. L’écrivain laisse transparaitre beaucoup de poésie et d’amour pour sa ville, Marseille. J’ai parfois presque eu l’impression de sentir les odeurs, de voir les ruelles de la cité et d’entendre la mer non loin de là. L’intermédiaire des contes est une bonne idée. Ils donnent du relief au récit, transmettent du rêve mais sont aussi une base de réflexion. Le Moyen-Âge nous est présenté d’une manière inhabituelle et c’est surement ce qui fait toute la différence.

J’ai bien fait de m’accrocher à cette histoire après des débuts un peu difficiles. Une fois la dernière page tournée, j’ai eu le sentiment que tout s’imbriquait parfaitement et que le mélange de récit classique et de conte avait porté ses fruits. C’est donc un roman unique de par sa construction, l’intermédiaire des conteurs mais aussi par la plume toujours poétique de Jean-Christophe Duchon-Doris.

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La mort s’habille en crinoline de Jean-Christophe Duchon-Doris

9782260021483Résumé de l’éditeur : En 1856, la comtesse de Castiglione fait une entrée spectaculaire au grand bal des Tuileries, vêtue de la plus audacieuse robe à crinoline qu’on n’ait jamais vue. Devenue la maîtresse de Napoléon III, l’intrigante Florentine va, pendant trois ans, faire et défaire la mode féminine au gré de ses caprices. Quelques années plus tard, le jeune officier de police Dragan Vladeski découvre sur un chantier le corps d’une femme égorgée ressemblant à la Castiglione, puis un autre, portant une robe identique à celle de la comtesse le soir de son triomphe. Une robe, aussi mythique soit-elle, peut-elle être la cause de meurtres en série ?

La magnifique plume de l’auteur est la première chose qui m’a frappée à l’ouverture de ce roman. Rien que pour sa façon d’écrire je suis heureuse d’avoir découvert Jean-Christophe Duchon-Doris. Plusieurs mots me viennent à l’esprit pour la qualifier : élégante, maitrisée, recherchée, riche et parfois sensuelle. En effet, il sait nous plonger dans le monde de la mode et nous offre de belles descriptions de tenues sophistiquées où la crinoline est reine. Je me suis délectée de chaque mot et de chaque tournure de phrase. A mon sens, l’ambiance générale est rehaussée par ce style bien particulier.

« Un peu de soleil surgit du milieu des nuages, traverse la vitre, ricoche sur la table et l’éclabousse en pluie. » (p.45)

« Elle parait le voir pour la première fois, remarquer enfin son regard en demi-teinte, ce vert d’absinthe baigné d’une transparence d’eau, caché sous de longs cils. » (p.95)

L’auteur met en place une intrigue autour d’un personnage historique : la comtesse de Castiglione. Je la connaissais de nom mais sans plus. Ce roman a donc été l’occasion d’en savoir un peu plus sur elle. Je salue d’ailleurs le beau travail de recherche pour rendre l’ambiance, le contexte et les décors de l’époque et plus précisément du Paris en plein remaniement par les travaux haussmanniens. Les personnages sont assez attachants. Mais face à ce contexte, cette comtesse Castiglione et à la plume de l’auteur, les deux héros (Dragan Vladeski et Eglantine) manquent peut-être un peu piquants. Mais dans l’ensemble je les ai appréciés.

Voilà un roman policier bien mené et bien écrit qui nous plonge dans le Paris de la seconde moitié du XIXe siècle. Un beau voyage dans le temps qui m’a notamment fait découvrir la Comtesse de Castiglione et m’a permis d’entrer dans des boutiques de haute-couture.

Lu en lecture commune avec Bianca et Syl.

Lu dans le cadre du challenge XIXe siècle.

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Fanny